Kibly Sacko a peut-être l’affaire de sa vie en main: il a extrait, à 30 mètres de profondeur, une pierre fine unique au monde, représentant une dame assise sur un poisson, rappelant Mamy Waata. La pièce (rarissime) est une prehnite de 10kg provenant de Bendougou (Sandaré), qu’il a baptisée «la Sirène de Bendougou».
Elle fait partie des spécimens convoités par tous les grands musées du monde. Valeur marchande: 300 000, 500 0000, un million de dollars… En vieux routier des pierres fines et précieuses, Kibly Sacko n’est pas du genre à brader une pièce de valeur au premier venu. Il attendra le temps qu’il faudra pour vendre son «Graal» à sa juste valeur.
En bon Sarakollé, Kibly a roulé sa bosse un peu partout sur le continent africain, et même au-delà, seul ou avec la famille, à la recherche de la fortune: Guinée (plus de 15 ans), Sierra Leone, Libéria, RD Congo, Centrafrique… Créneau choisi: le diamant et les pierres fines. Son travail l’amena à évoluer dans un véritable melting-pot: Libanais, Russes, Israéliens, Américains…
Son aventure l’amena à gravir tous les échelons de la hiérarchie du travail de «diamantaire», y compris le bas de l’échelle, en tant que «creuseur» ou «diamineur», autrement dit ouvrier dans les mines de diamant. Il gravira successivement les étapes pour se retrouver aujourd’hui avec le statut de «Master» ou «PDG» , en d’autres termes le bailleur de fonds qui emploie les «diamineurs» qu’il nourrit et entretient et avec lesquels il partage le «butin» en cas de découverte de diamant, selon une clé de répartition préétablie de façon consensuelle.
Membre de la Coopérative «Diamant Mali», créée en 2012, il compte mettre sa riche expérience au service de la promotion du secteur diamantifère du Mali, qui n’est qu’à ses débuts. Il fonde beaucoup d’espoir sur la mise en œuvre du Processus de Kimberley, une initiative à laquelle le Mali a été admis en novembre 2013, et qui vise à assurer la traçabilité du diamant pour que cette pierre précieuse ne se retrouve à financer les rebellions, comme on l’a, malheureusement, vu dans la sous-région et plus généralement sur le continent.
La mise en œuvre diligente de ce Processus, notamment ses instruments de certification et de traçabilité, permettra bientôt au Mali d’exploiter son diamant en le faisant participer, de façon sensible, au décollage économique et social du pays. D’autant qu’en la matière notre pays dispose, en croire le Directeur du Bureau d’Expertise, d’Evaluation et de Certification du Diamant Brut, Mohamed Kéïta, d’un potentiel important, soit 583 598 carats dans les gisements primaires et 1 775 733 carats dans les gisements alluvionnaires des districts miniers de Kéniéba, Kangaba et Yanfolila.
Cette deuxième catégorie de diamant offre la possibilité d’une exploitation artisanale de la reine de pierres précieuses. Ce qui permettra de créer l’emploi et la richesse, quand on sait que le diamant du Mali est l’un des meilleurs du monde, tant par sa taille que par sa qualité. On se retrouve le plus souvent devant des gemmes destinées prioritairement à la joaillerie, comme peuvent en témoigner les prises accidentelles, mais quasi-régulières, de diamant par des orpailleurs et même par des enfants jouant dans des champs de maïs.
La première prise date de 1958, avec une pierre de 137 carats. D’autres ont suivi, comme celles opérées par trois orpailleurs de Kéniéba qui sont tombés sur un gros diamant de… 320 carats. Une autre fois, c’est un jeune paysan qui a eu la chance de ramasser une pierre de 50 carats, toujours dans ce secteur. Tout récemment, au moment même où une formation se tenait à Bamako sur le Processus de Kimberley, assurée par deux experts de la RDC, un autre Malien a eu la chance de ramasser une pierre de 91 carats à Sanfito (Kéniéba), d’une valeur marchande d’un million de dollars, soit environ 500 millions de FCFA. Excusez du peu!
Alors le Mali un Eldorado? Modibo Sissoko, un autre membre de la Coopérative Diamant Mali, le croit allègrement, lui qui assure, avec le plus grand sérieux du monde, que notre pays est assis sur le trésor du Roi Salomon. En effet, en plus du diamant, le sous-sol du Mali regorge de pierres fines, parmi les meilleures du monde, à l’image de la prehnite, du grenat, de l’épidote, de la tourmaline et autre topaze.
La prehnite du Mali, dont la valeur ne cesse de prendre l’ascenseur sur le marché international, surtout asiatique (Hong Kong, Bankok), oscillant dans une fourchette de 50 à 3 000 dollars le kg. Avec ces nouvelles richesses, assure Kibly Sacko, le Mali peut créer, au bas mot, 40 000 emplois.
En véritables pionniers, les deux amis ambitionnent, avec les autres membres de la Coopérative et l’accompagnement de l’Etat, de faire de Bamako une bourse internationale des pierres précieuses, la Chantabury Mali de Bamako, en somme.
Yaya Sidibé
cadja soulus
kibly sacko de Bamako de konakry de masanta et n´grecore
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