Pour avoir un stage aujourd’hui, il faut se lever tôt et se battre jusqu’à tomber sur le dos. Il ne suffit pas d’avoir validé son année avec brio pour avoir une place dans une institution ou dans une entreprise.
Il faut avoir des bras longs pour espérer décrocher un tabouret de stage dans un bureau ou sur un chantier. Il faut harceler l’oncle ou le cousin bien placé, le gentil ami du père ou le vilain amant de la charmante tante.
Il faut aussi avoir des atouts personnels convaincants et parfois, il faut même faire preuve de talents cachés visibles à l’œil qui dénude. Le stage est devenu un concours, voire un championnat dans lequel tous les coups sont permis et à coup sûr donner, c’est recevoir. Pour avoir un stage, il faut parfois être à la page et présenter des gages de générosité en chair et en os. Une fois les portes du stage ouvertes, il faut savoir jouer la carte de l’humilité jusqu’à la fin. Il faut savoir courir ouvrir la portière et prendre le sac, il faut savoir faire la petite vaisselle, faire le café, aller chercher à manger, aller chercher les enfants du maître de stage. Bref, il faut accepter tout faire même aller au-delà des termes du contrat de stage. Entre les avances secrètes de DG, les yeux doux craquants de DAF et les intentions de consommation du chef de chantier, il faut savoir dire oui sans tout à fait accepter et dire non sans totalement refuser. Même les « petits » agents et les ouvriers audacieux promettront à la féline stagiaire le ciel en ayant les pieds sur terre. Il faudra éviter d’avoir trop de proximité avec le maître de stage. Parce qu’on peut passer par l’amusement pour jouer sérieusement. Et il faut éviter de se familiariser avec les fauteuils du chef au point de s’y aventurer aux heures de pause ; le diable aussi s’y repose aux heures de la tentation, on ne sait jamais ! Entre le stagiaire homme et la stagiaire fille, le genre n’est pas toujours respecté. On traitera le premier sans complaisance et parfois avec indifférence et la seconde comme une deuxième femme avec douceur et parfois avec intérêt. Mais ne vous inquiétez pas, c’est cela même « l’esprit » du genre : contenter le féminin et négliger le masculin. Voilà pourquoi on aidera la stagiaire à rédiger tout son rapport de stage en contrepartie de résultats attendus « en bas de page » et on lira à la sauvette et à la verticale le document du mâle qui, au total, n’a rien de fatal. Selon toujours « l’esprit » du genre, la stagiaire « soumise » aura droit à des pourboires, même à des bons de carburants et mieux à des enveloppes de liasses, parce que la femme est une « espèce rare » à protéger. Tant pis pour le garçon qui devra s’en prendre au contenu inopportun de son caleçon. Finalement, entre le stagiaire et la stagiaire, la différence se trouve parfois dans une perspective de donnant-donnant. Et à la fin du stage, on peut prolonger ou renouveler plus de trois fois le stage pour permettre à la stagiaire d’assimiler toutes les théories sans simuler les séances de pratique. Après le stage, il y en a qui repartent comme ils sont venus. Ils ont appris à tout faire sauf ce pour quoi ils sont venus. En vérité et dans les faits, leur stage n’a servi qu’à venir s’asseoir, à lire les journaux, à profiter du wifi haut débit pour surfer sur n’importe quoi, à prendre des selfies et à les balancer dans le tas, à faire du porte à porte pour colporter les ragots et même à se permettre des scènes de jalousie avec la convoitée secrétaire en lice. La stagiaire salace finira par intégrer la « boîte » pour service rendu à la « Nation » ou repartira avec un colis au ventre, sans expéditeur. Pendant ce temps, « le fils de Patarbtaalé », meilleur de sa promotion roulera sa bosse dans la même boîte avec le titre de stagiaire sans espoir d’avoir une place fixe. Il sera du reste appelé de temps en temps pour de petits contrats de trois mois payés au rabais pour une expertise qui ne dit pas son nom. Après le stage, on se rend parfois compte que c’était payant sans que l’on ait reçu un kopeck. Après le stage, il faut faire des pieds et des mains pour avoir son attestation quand bien même le rapport a été déposé. Pourtant, il faut aller vite
Cependant, une convention existe depuis 2018 entre le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM) et les 4 universités de Bamako sous l’égide du Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali (CERM). L’objectif de cette convention est de facilité l’employabilité des étudiants sortants des universités de Bamako.
M.Yattara