Créer un cadre partenarial entre l’État et la société civile, en vue de l’organisation des Assises nationales sur la question linguistique au Mali en septembre prochain ; créer une dynamique nationale pérenne de gestion appropriée de la question linguistique au Mali ; sensibiliser l’opinion nationale sur l’urgence de l’officialisation et de la reconnaissance des langues comme socle de notre construction nationale ; analyser les enjeux de la question linguistique au niveau social, politique économique et stratégique ; faire la promotion des produits numériques en langues nationales étaient entre autres questions au cœur des journées de réflexion sur la question linguistique au Mali, les 21 et 22 février 2020 au Palais de Culture.
La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr Mamadou FAMANTA, en présence de la représentante du ministère de l’Économie numérique et de la prospective, Mme COULIBALY Kadidia SOGOBA. Étaient également présents, le Directeur général de l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGTIC), Hamed Salif CAMARA ; Adama SAMASSEKOU, Président du Réseau Maaya, ainsi que de nombreux autres invités de marque.
Selon le Président du réseau Maaya, Adama SAMASSEKOU, le Mali avait fait office de pionnier sur la question de la souveraineté linguistique et continue de jouer, à l’échelle continentale et internationale, un rôle de premier plan sur les questions de promotion des langues nationales, notamment grâce à l’intervention d’acteurs nouveaux qui font de l’outil informatique, un allié de taille dans cette volonté.
Au plan national, poursuit-il, cela s’est traduit par le développement d’un certain nombre d’usages de l’outil informatique basés sur les langues nationales ou tendant à les faire connaitre au public. L’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGTIC) a fait de la promotion des langues nationales, un pilier de sa mission de mise en œuvre de la stratégie nationale dans le domaine des TIC, a-t-il fait savoir. Elle participe à la mise en œuvre de la politique de l’accès universel aux TIC par les couches plus larges.
« C’est en raison de ces avancées qu’un regroupement de militants et de défenseurs des langues nationales, acteurs de la société civile, en partenariat avec l’État du Mali, à travers quelques-unes de ses structures nationales, a décidé d’inscrire dans l’agenda national la question linguistique au travers des journées de réflexion qu’il entend organiser en février 2020 », a fait savoir M. SAMASSEKOU.
Ces journées de réflexion, après les différents fora sur l’éducation, sont un espace de concertation, de réflexion et de plaidoyer créé par la société civile malienne, en vue de faire de la question linguistique un sujet d’intérêt national qui mériterait d’être perçu comme une priorité.
« Souhaitant mettre à profit la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février, le regroupement, sous l’impulsion du Réseau MAAYA, en partenariat avec l’Académie malienne des langues (AMALAN), l’Agence des technologies de l’information et la communication (AGETIC) et avec le soutien du mouvement Transformons le Mali, a mobilisé les acteurs de la question linguistique pour mener la réflexion sur la promotion de nos langues nationales avec en perspective l’organisation, courant 2020, des assises nationales sur la question linguistique », a informé le Président du réseau Maaya. Aussi, ces journées permettront-elles de poser la question de l’intégration de nos langues dans les politiques de développent de notre pays et surtout leur officialisation par l’adoption du projet de loi adopté par le gouvernement et une révision de l’article 25 de la Constitution de 1992, qui les relègue au second plan vis-à-vis de la langue héritée de la colonisation.
En procédant au lancement de ces journées de réflexion sur la question des langues au Mali, le ministre l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr FAMANTA dira que le Mali vient de loin.
Le Mali a une longue expérience de la pratique des langues nationales dans nos écoles et dans l’éducation non formelle, dans le cadre de notre volonté de lutter contre l’analphabétisme. La capitalisation de cette expérience nous incombe certes, mais la société civile, les partenaires du Mali et les autres acteurs de développement ont un rôle à jouer. Le Gouvernement est pleinement conscient des enjeux de la question linguistique et sous le leadership Président de la République, il a adopté en conseil des ministres, le 3 décembre 2014, un document de politique linguistique fondé sur les principes du multilinguisme fonctionnel convivial. C’est un exemple unique dans l’espace francophone africain. Ensuite le Gouvernement n’a pas hésité à aller plus loin en adoptant en 2016 un projet de lois fixant les modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales, expression juridique de ce document.
Au cours de ces assises, plusieurs thèmes ont été débattus : ‘’Gouvernance et langues nationales’’ ; ‘’Éducation et langues nationales’’ ; ’’Langues nationales et système de transcription’’ ; ’’Culture, Arts, Cultes et Langues nationales’’ ; ’’Numérique et langues nationales’’ ; ‘’Médias et langues nationales’’…
Par Sidi DAO