Ce que Abdoulaye Fofana vient de réussir est la récompense du courage. Pour qui connaît son histoire, Fofana est à féliciter mille fois et son nom doit être inscrit sur le fronton de nos universités ou dans les livres d’histoire pour que la jeune génération se serve de son exemple pour affronter et terrasser avec dignité la paresse et la facilité. Il vient de soutenir une thèse de doctorat en économie sur le thème : “La Direction du budget au Mali, instrument stratégique de prévision et d’exécution de la loi de finances». Il a été honoré par la plus forte distinction actuelle avec la mention très honorable.
Exclu de l’ENA pour ses activités estudiantines suite à l’assassinat de Cabral le 17 mars 1980 et menacé de mort par le général Moussa Traoré, Fofana dépose dans les années 1980 ses bagages au Burkina Faso, où commence pour lui une longue traversée du désert. Dans ce pays, pour survivre, il a mené une vie d’ouvrier. Tantôt sur les chantiers pour fabriquer des briques en banco, tantôt dans les boulangeries.
Malgré ces vicissitudes, il n’a jamais renoncé aux études. Après la chute du général Moussa Traoré le 26 mars 1991, Fofana regagne le bercail.
Aminé par la volonté de décrocher un diplôme, son rêve de toujours, il parvient, après une longue bataille, à s’inscrire à l’ENA. Avec son courage indien, il termine avec succès l’ENA, option économie. Sa maîtrise en poche, il a été recruté comme maître assistant à la Faculté des sciences économiques.
Toujours animé par la volonté de poursuivre les études, Fofana s’inscrit en thèse. Et il vient de soutenir avec succès en Rouen, en France avec comme directeur de thèse Eloi DIARRA qui a tout fait pour le Mali sur le plan académique et politique. Il a été le premier à informer l’opinion internationale de l’assassinat de Cabral en mars 1980, lorsqu’il enseignait à l’Université Cheick Anta DIOP. Professeur agrégé de la France et du CAMES, il ne songe qu’à semer la culture de l’excellence et à rehausser l’honneur, l’image et la dignité du Mali dans le concert des nations.
A l’occasion du 34ème anniversaire de la commémoration de l’assassinat de Abdoul Karim CAMARA avec qui il a tout partagé jusqu’à sa mort, Abdoulaye Fofana dédie son succès à l’AMSUNEEM dont il est président d’honneur. C’est la mort dans l’âme qu’il sera absent pour la première fois à la commémoration du 17 mars depuis l’avènement de la démocratie pluraliste après le 26 mars 1991.
On se rappelle qu’il fut secrétaire général de l’UNEEM du lycée de Tombouctou et de l’ENA, membre fondateur de l’UNEEM et de l’AMS-UNEEM, ancien secrétaire général de l’AMSUNEEM et actuellement président d’honneur de la même amicale.
Amy SANOGO