Sous-région : des écrivains contre la « Présidence à vie »

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Tierno Monénembo, écrivain guinéen ; Véronique Tadjo, écrivaine ivoirienne ; Eugène Ebodé, écrivain camerounais ; ces écrivains font entendre leur voix de mécontentement face au troisième mandat dont projette certains présidents. Cet acte est qualifié par eux comme « un pouvoir illimité »

« Si l’on n’y prend garde, bientôt, les présidents ne se contenteront plus de modifier les Constitutions, ils vont faire du non droit, ou plutôt de la non-alternance politique, l’ordinaire de vie publique et transformeront, de fait, la présidence de l’Etat en pré-mausolée, où ne siègent plus les sages, mais les fossoyeurs des peuples »,lit-on dans un manifeste  publiée, dimanche 30 août 2020, par trois écrivains africains.

Selon ces auteurs « la manœuvre est claire ». Elle consiste « à tripatouiller la charte fondamentale pour se maintenir au pouvoir soit par un plébiscite direct par la voie référendaire ou déguisé en passant par un parlement bâillonné, apeuré et aux ordres ».A les en croire,  « Ces modifications constitutionnelles à répétition sont une forfaiture et leurs auteurs des prédateurs et des usurpateurs ». Ces écrivains, sans aucune crainte, expriment haut et fort leur désaccord face à la situation : « Refusons toute idée de troisième mandat où que ce soit en Afrique ! » Ils ajoutent :« Non au retour du pouvoir illimité que ce soit par les tanks ou par un jeu d’écriture ! » Ces auteurs qualifient ce pouvoir d’un « parti unique, une assemblée monocolore et une présidence à vie »

Ces intellectuels africains se profitent de l’occasion pour lancer un  appel à toute la population africaine ainsi qu’aux organisations internationales pour qu’elles agissent ensemble « avant qu’il ne soit trop tard ». Ils estiment que la candidature du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, est inacceptable et doit interpeller  tous les Africains. À les en croire,« il est important que l’opinion africaine et internationale en mesurent la gravité et réagissent de concert pour que la démocratie en Afrique ne devienne pas une imposture mais une réalité tangible fondée non plus sur le bon vouloir des individus, mais sur la prééminence de la loi et sur le caractère sacré de la Constitution. »

Dans leur tribune, ces trois intellectuels n’épargnent pas des organisations sous-régionales comme la Cédéao, l’union africaine, l’OIF, etc. « La CEDEAO, l’Union africaine et l’Organisation Internationale de la Francophonie ont sanctionné le Mali après le coup d’Etat militaire », rappellent-ils avant de s’interroger : «  Mais alors pourquoi ferment-elles les yeux sur le putsch constitutionnel en cours à Abidjan et à Conakry ? ». Selon eux, la communauté internationale risque de perdre toute responsabilité. Car, ils estiment que  « cette attitude ambigüe est hautement dommageable au processus démocratique amorcé au début des années 90 ». Tierno Monénembo, Véronique Tadjo, Eugène Ebodé trouvent que « la Communauté Internationale risque de briser tout approfondissement concourant à établir une véritable et durable démocratie en Afrique : une démocratie fondée sur des élections libres et transparentes, une démocratie où l’alternance s’effectue sans heurts dans le strict respect des règles établies. »

Ils affirment que les comités sur les réformes constitutionnelles d’experts ont failli à leurs responsabilités et se laissent si facilement convaincre ou amadouer. Ils veulent avoir « pour preuve la disparition de la limite d’âge dans la nouvelle constitution ivoirienne qui permet à Henri Konan Bédié, âgé de 86 ans, d’être candidat à la présidentielle. »

Sira Niakaté, stagiaire

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