Le Musée national du Mali a abrité un atelier d’échange sur les activités de luttes foncières et perspectives nationales, régionales, et internationales les 09, 10 et 11 décembre 2014, organisé par la Convergence Malienne contre les Accaparements des Terres (Cmat). La cérémonie de clôture dudit atelier était placée sous la présidence de M. Soungalo Koné, président de la Cmat. C’était en présence de Mme Chantal Jacoveti, chargée de dossier foncier et agro écologie de la Cmat, de M. Moussa Coulibaly, président de Mir au Mali, de plusieurs membres de la Cmat.
Cet atelier de trois jours a servi de cadre d’échanges sur les activités de luttes foncières. Un rapport de contribution, élaboré par la Cmat, a été présenté. Dans ledit rapport, il est écrit: “respectez nos droits. Les droits coutumiers exercés collectivement ou individuellement sur les terres non immatriculées sont confirmés par l’article 43 du Code domanial et foncier du Mali. Les droits coutumiers fonciers sont des droits socio-économiques et culturels reconnus par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Ne touchez pas à nos terres, nos maisons et nos militants”.
Après des décennies d’absence dans les discours politiques internationaux, la terre et les questions foncières sont revenues au devant de la scène. Au lieu d’aborder le sujet de l’accaparement des terres au Mali en termes généraux, les autorités digèrent cette crise foncière. C’est pourquoi l’atelier a mis en exergue ses impacts sur la population et les droits des communautés. L’accès à la terre et aux ressources naturelles et d’autres droits humains sont indispensables. L’indivisibilité des droits humains et le droit à une alimentation adéquate sont des notions qui doivent être interprétées à la lumière des autres droits économiques, sociaux, culturels… auxquels elles sont liées et que l’État malien doit respecter, protéger et garantir.
L’engagement des militants de la Cmat est de bâtir sur les principes et convictions qui unissent les droits humains à l’eau et à la terre essentiellement pour la vie. Le président de la Cmat, M. Soungalo Koné, a indiqué la vision de la Cmat comme étant l’engagement pour défendre les droits de l’homme, notamment le droit à l’eau et à la terre qui demeure une même lutte. Il soutient que le partage des idées nous amène à connaitre la solidarité ensentielle de nos combats, étant donné le caractère inextricable de l’accaparement des ressources naturelles. “Le droit de l’homme n’est pas respecté et cela est la source de tout ce problème foncier aujourd’hui. L’impunité et le laisser-aller font embouteillage à la porte des autorités compétentes. Le droit coutumier n’existe même pas, si ce n’est pas par la forme et vide de contenu” , a précisé le président Koné.
Quant à Moussa Coulibaly, président de la Mir au Mali, il affirme que le problème foncier n’est pas récent au Mali. “En menant le combat pour cette lutte foncière et contre l’accaparement des terres, nous avons rencontré d’énormes problèmes, notamment les gens nous qualifient de brigands fonciers, de voleurs; nous l’avons accepté car c’est notre engagement”, déclare t-il.
L’atelier d’échanges de la Cmat sur les activité de luttes foncières et les perspectives, avec comme support le rapport de Fian International sur les 3 cas de villages victimes d’accaparement de terre, notamment Sanamadougou, Sahou, Sansanding et San, a focalisé sur la présentation et des échanges sur le rapport et les recommandations souvent validées, notamment lors de la clôture de l’atelier par les participants. il s’agit des recommandations suivantes: proposer une révision du décret de gérance de l’Office du Niger, sous l’angle de la décentralisation et de la valorisation des exploitations agricoles, familiales; amener l’État à faire une délimitation de l’Office du Niger et la publier; poursuivre la réflexion de recherche de postes de sécurisation de l’espace; rechercher la décision ayant déclenché l’intervention des gendarmes à San et Sanamadougou..; mettre en route le groupe de travail comme prévu lors de l’atelier sur les directives de la Fao du 18 novembre 2014. Les recommandations faites par la Cmat sont aux nombres de vingt (20).
Mme Chantal Jacoveti, chargée de dossier foncier et agroécologie de la Cmat, a déclaré que “plus de 200 millions d’hectares de terres seraient accaparés dans le monde entier. L’accaparement des terres s’accompagne toujours de l’accaparement de l’eau. Protégeons nos terres et l’eau, car elles sont des ressources de plus en plus rares et par conséquent cruciales pour la sécurité des sociétés et la souveraineté des Etats”.
Aboubacar BERTHÉ (stagiaire)