Alors qu’il a été inhumé jeudi à Bamako, le décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga continue de défrayer la chronique avec des avis divergents sur les raisons de sa détention ainsi que les circonstances de sa disparition. Si le gouvernement sa salué la « mémoire du grand serviteur de l’Etat », certains de ses proches parlent « assassin programmé ».
Même après sa mort, celui qui était surnommé Le Tigre continue de faire rugir. Décédé dans une clinique de Bamako le lundi 21 mars alors qu’il était encore en détention pour faux, usage de faux et favoritisme, les circonstances du passage à trépas de l’ex-Premier ministre alimente encore les débats. Si ceux qui ne partageaient pas la même vision que le défunt compatissent sans blâmer les autorités du pays, certains de ses proches indexent ces dernières comme ayant une part de responsabilité dans sa mort et fustigent en même temps les raisons de son incarcération. « C’est un complot organisé pour nuire à son image », croit Issa Diarra, secrétaire général de son parti politique Asma-CFP (Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques).
Evoquant les circonstances de sa mort de son frère, Tiégoum Boubeye Maïga parle d’une « mort très atroce ». « On a l’impression que c’est un assassin programmé. Soit, ils voulaient le tuer ou le rendre impotent à vie », ajoute l’ancien patron de la Communication de la Présidence du temps d’IBK.
Même hors de nos frontières, les échos de la mort de l’ancien journaliste ont retenti. Très virulent à l’égard des autorités actuelles de la Transition, le Président du Niger n’a pas raté l’occasion de s’en prendre de nouveau au gouvernement. « Sa mort en prison rappelle celle du Président Modibo Keita en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère. Mes condoléances à sa famille et ses amis », a déclaré Mohamed Bazoum. En tenant de telle affirmation, Mohamed Bazoum a eu une réplique à la dimension de sa déclaration. « Nous rappelons à cet ancien rebelle du Mali venant de la Libye, soutien des démocraties à géométrie variable de se retenir et de se ressaisir. Cela est très important. Traiter les autorités de la transition “d’assassins” est une accusation très grave. Nous demandons aux autorités de la transition d’engager des poursuites judiciaires contre le Président nigérien Mohamed Bazoum. Car parlant d’assassinat, cela voudrait dire qu’il a des preuves. Et, nous nous attendons à ce qu’il nous apporte ces preuves. Il doit être poursuivi pour cela”, a répondu Aboubacar Fomba, membre du Conseil national de Transition.
Sans se livrer au jeu de ses détracteurs, le gouvernement du Mali a plutôt salué la mémoire « du grand serviteur de l’Etat (et) son engagement pour l’avènement de la démocratie ».
Alassane CISSOUMA