Avant d’ouvrir la conférence, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga dira que la conférence est d’un intérêt stratégique pour toute la région. Car, à ses dires, le manque de financement prévisible et durable pour les Opérations de soutien à la Paix de l’Union africaine a eu de graves conséquences sur l’efficacité d’ensemble ainsi que sur l’impact de toutes les opérations.
Les arrangements qui ont prévalu au soutien de nos partenaires se sont avérés ponctuels et imprévisibles, les annonces de contributions n’ayant pas été suivies des niveaux satisfaisants de mobilisation effective des ressources. Fort heureusement, les efforts des chefs d’État et de Gouvernement de l’Union africaine pour assurer un financement durable et soutenu à notre organisation continentale sont en train d’être payants. Nous arrivons progressivement à réduire notre dépendance financière vis-à-vis des apports extérieurs. Le Fonds de la Paix, en particulier, avec près de 75 millions de dollars à ce jour, a recueilli un niveau de contributions de nos États membres, jamais égalé depuis sa mise en place en 1993″, a indiqué le Premier ministre.
Il a salué le leadership du président Paul Kagamé du Rwanda, président en exercice de l’Union africaine et de S.E. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA pour leur leadership et le nouveau cap qu’ils impulsent. Il a rendu un vibrant hommage au travail remarquable mené par le Docteur Donald Kaberuka, en sa qualité de Haut Représentant pour le Financement de l’Union dans son ensemble, qui après avoir servi le continent et le monde pendant une décennie à la tête de la Banque Africaine de Développement, continue de mettre son talent et son énergie au service des peuples d’Afrique.
Le Premier ministre a déclaré qu’il est souvent entendu que par l’Architecture africaine de Paix et Sécurité, les Africains ambitionnent d’apporter des “solutions africaines aux problèmes africains”. Il croit que ceci procède d’une approximation de la vision des pères fondateurs de l’UA. “En effet, les défis à la paix et à la sécurité en Afrique, ne sont pas que les problèmes des Africains. Leurs causes ne trouvent pas nécessairement et exclusivement leur origine en Afrique, pas plus que leurs manifestations et effets induits n’affectent pas que les Africains. Il nous parait nécessaire de s’entendre sur l’impératif d’une vision partagée, pragmatique et efficace de ce qui peut et doit être accompli ensemble, par l’ensemble de la communauté internationale, dans un esprit de complémentarité de ses différents maillons, en mutualisant les efforts de toutes les parties prenantes de bonne volonté, sur la base d’une évaluation conjointe des défis à relever.
Car les réponses apportées au niveau sous-régional et régional le sont certainement au nom de l’ensemble global. Les questions qui touchent le Sahel en particulier sont des manifestations locales de problèmes plus globaux, en termes de développement, de dérèglement climatique, de gestion des flux migratoires, entre autres” dit le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga.
Dans sa lancée, le chef du Gouvernement poursuit ainsi : “Je crois que nous pouvons tous convenir de ce que les opérations militaires et sécuritaires, particulièrement celles contre les groupes terroristes et criminels sont indispensables pour réduire les capacités de nuisance de ceux-ci et protéger les populations civiles. L’on ne dira jamais assez la lourde hypothèque que fait peser l’action de ces groupes obscurantistes sur l’avenir des générations futures sur des régions entières de notre continent. Ces groupes ne bousculent pas seulement les équilibres séculaires si précieux. En entretenant une situation d’insécurité larvée constante, et en l’accentuant, ils fragilisent la résilience et la cohésion sociale de même qu’ils maintiennent toutes les conditions favorables à la consolidation durable de l’action de réseaux mafieux et criminels. Ceux-ci appauvrissent davantage les populations et accentuent les lignes des fractures entre les différentes entités de nos sociétés. Ces lignes de différenciation ont toujours existé. Là, où elles pouvaient être autrefois prises en charge par les médiations locales, communautaire et traditionnelle, elles sont désormais exacerbées par des messages appelant à la haine et aux représailles ” a-t-il soutenu.
Il a insisté sur une question cruciale qui me semble être une pré-condition indispensable à la réussite des efforts des pays. Il s’agit, pour lui, de l’appropriation, par les États de la région, des questions liées à la sécurité de leurs citoyens. Pour lui, l’action militaire et sécuritaire ne suffit jamais, à elle seule, à trouver les réponses pérennes à tout l’éventail et à la complexité des problématiques en jeu, dans ce genre de situation. “Nous devons tous garder à l’esprit que le règlement des crises sahéliennes n’est pas uniquement une affaire de coercition. La stabilisation à terme dans les zones affectées par les activités des groupes terroristes et criminels devra aussi et surtout se matérialiser par d’autres leviers d’action et de solidarité nationaux, régionaux et internationaux.
Ce projet initial de sécurisation et ensuite de stabilisation doit nécessairement s’enraciner dans les réalités et dynamiques locales et régionales, de même qu’il doit prendre en compte des questions tout aussi essentielles liées, notamment, au respect des engagements politiques pris dans le cadre du règlement de certains aspects des crises et celui liés aux questions de développement et de gouvernance au sens le plus large.” confie le Premier ministre.
Et Soumeylou Boubèye Maïga de préciser : “À cet égard, il nous parait utile de pointer la nécessite d’une coordination accrue des initiatives diplomatiques et sécuritaires, dans un espace Sahélo-saharien qui se militarise davantage chaque jour, au détriment de la construction d’un système de sécurité collective efficace, qui soit durablement et à la portée des ressources des pays de la région et basé sur la mise en commun de leurs efforts”, a-t-il préconisé.
Le Premier ministre SBM a assuré que le Gouvernement du Mali ne sera pas en reste et ira à la rencontre des populations vulnérables et défavorisées, afin d’engager les processus de dialogue communautaire, promouvoir la réconciliation, préparer le retour des réfugiés ou personnes déplacées, et enfin identifier des projets à impact rapide, condition sine qua non de la stabilité et du développement dans les court et moyen termes. Il a formulé le vœu que les échanges et recommandations permettent de contribuer à ouvrir des perspectives nouvelles, pour articuler une approche globale et pour consolider les gains qui sont engrangés par l’action des forces sécuritaires. “Pour notre part, nous attachons un grand prix à ce que cette Conférence soit synonyme d’espérance et de résilience”, a-t-il rassuré.
Siaka DOUMBIA