Le collectif des habitants de la zone de recasement a organisé un sit-in devant la mairie de la commune I, le lundi 26 juillet 2021 afin de montrer leur mécontentement suite à la décision du maire leur demandant de quitter les lieux. A travers des affiches, ils ont manifesté leur cri de cœur et sont aussi remontés contre certains juges du tribunal de la commune qu’ils soupçonnent d’être de mèche avec les spéculateurs fonciers, tout en demandant aux autorités de la transition malienne de tout mettre en œuvre afin de trouver une issue favorable.
A Sotuba, le problème des habitants de la zone de recasement a pris une autre tournure suite à la récente décision du maire de la commune I, Oumarou Togo, annulant la décision qui leur avait permis d’occuper les lieux. « Nous avons organisé ce sit-in devant la mairie pour montrer à la face du monde que cette décision du maire demandant de déguerpir plus de 100 familles installées sur le site est plus que suicidaire et risque de raviver des flammes », a fait entendre un membre du collectif. Sur des pancartes on pouvait lire, ‘’Togo, maire corrompu’’ ; ‘’Togo, maire assassin’’ ; ‘’Togo, laissez les parcelles des pauvres’’ etc. Les membres du collectif ont été reçus par le maire, mais la rencontre a tourné au vinaire, selon Souhaibou Dembélé, membre du collectif des habitants de la zone de recasement de Sotuba. « Le vendredi dernier, nous avons été secoués par une décision du maire de la commune I, un arrêté pour annuler la décision qui nous avait permis de s’installer dans la zone de recasement de Sotuba depuis 2004. Précisons qu’il ne s’agit pas des parcelles, mais des maisons en étage, des villas dans lesquelles les familles sont installées et qui y ont investis tout leur bien. L’arrêté annule tout et on doit dégager de là.
Dans un premier temps on a décidé de venir voir le maire pour nous assurer que la décision vient réellement de lui et à notre grande surprise il nous a confirmé que c’est lui qui a pris cette décision, mais il a tenté de nous expliquer les raisons qui l’ont poussé à prendre une telle décision. Il s’est rendu compte que nous maîtrisions le dossier mieux que lui et sans arguments, il nous a dit qu’il ne compte pas rentrer dans les détails. On lui a fait comprendre que cette décision créera des problèmes et qu’il risque d’y avoir des affrontements qui pourront aboutir à des pertes en vies humaines. Et si jamais on en arrivait là, il serait le principal responsable.
Apparemment ça ne lui a fait ni chaud ni froid, et nous sommes sortis de la salle de réunion. Donc il n’y a pas eu de compréhension. Il dit qu’il a pris cette décision et que d’autres décisions arrivent encore. C’est dire que le maire est décidé à rester sur sa décision. Nous faisons toujours confiance dans la justice de notre pays et nous invitons les juges à tirer au clair cette affaire, car par le passé, la cour d’appel et la cour suprême avaient infirmé la décision du tribunal de première instance de la commune I pour raison qu’il s’agit d’un titre foncier et qu’on ne peut pas faire valoir un droit coutumier sur ce titre là. Mais c’est après que d’autres magistrats ont repris le dossier et on raconté des histoires à faire dormir debout pour réattribuer la parcelle à la dame nommée Niamakolo Coulibaly qui réclame un droit coutumier sur la zone qui, d’après elle, jadis était le champ de son père. Donc nous restons confiants et faisons confiance dans notre justice, tout en étant sûrs que nous aurons gain de cause », a expliqué Souhaibou Dembélé.
Les membres du collectif sont sur le pied de guerre et une nouvelle descente risquera de virer à la rixe. Les 200 familles exigent, aujourd’hui, une intervention rapide des autorités maliennes dans le dossier afin d’éviter un probable affrontement. Ce litige foncier a donc atteint son paroxysme et une implication des autorités compétentes est nécessaire pour désamorcer cette bombe qui risque d’exploser.
Moussa Samba Diallo