La Fondation Friedrich Ebert Stiftung a réalisé du 13 mars au 4 avril 2022 une mission d’enquête d’opinion à travers Mali-Mètre, sur la gestion de la transition en cours au Mali. Cette enquête a révélé que 9 maliens sur 10 sont satisfaits de la gestion globale de la transition. Pendant la même période le Centre d’Etudes Stratégiques pour l’Afrique (CESA), une organisation américaine proche du Pentagone, a dressé un bilan des actions de la junte malienne. Selon cette analyse, les résultats obtenus sur le terrain contrastent fortement avec les discours officiels. Entre ces deux instituts se trouve le citoyen lambda perplexe et désabusé face à la situation de plus en plus intenable. Le peuple est véritablement médusé et désemparé dans une situation peinte blanc alors qu’il broie du noir. Quand Mali-Mètre peint en blanc le bilan de la transition les citoyens se battent pour assurer leur pain quotidien. Quel crédit doit-on finalement accordé aux instituts de sondage s’ils ne sont que des instruments entre les mains des tenants du pouvoir. Qui de Mali-Mètre ou de Centre d’Etudes Stratégiques pour l’Afrique, CESA dit la vérité
Après la publication de l’enquête d’opinion de Mali-Mètre intitulé Que pensent les Malien(ne)s ? les commentaires fusent de toutes parts et chacun y va de son petit bonhomme de chemin. Sans tomber dans un débat scientifico-scientifique, nombreux sont les maliens à se poser la question de savoir si ce sondage est fait pour les maliens où pour les tenants du pouvoir. Comment pourrait-on affirmer sans ambages que 9 maliens sur 10 sont satisfaits de la gestion globale de la transition, alors même que 7 familles sur 10 n’ont pas les trois repas quotidiens. Rien qu’en prenant tous les mécontents qu’ils soient des partis politiques du cadre de concertation pour une transition réussie, ou des associations de la société civile ou bien même les victimes de l’embargo, qui sont aujourd’hui très nombreuses, Mali-Mètre aurait dû revoir son ratio à la baisse, pour ne pas donner l’impression qu’il est une officine à la merci du pouvoir. Pour rappel si les sondages réalisés dans les autres domaines pourraient s’avérer réels celui sur la gestion globale qui frôle les 100 % est loin de la réalité, d’ailleurs une étude vient de balayer d’un revers de main ce sondage. Pour le CESA ni la sécurité, ni la justice, encore moins la démocratie ne se sont portées aussi mal que sous la transition.
En effet, le rapport indique que le pouvoir malien actuel a, dès ses débuts, bâti sa légitimité sur la nécessité de rétablir la situation sécuritaire, la justice et la démocratie dans ce pays ouest-africain. Or, poursuit-il, ces trois secteurs semblent ne s’être jamais portés aussi mal que depuis le putsch des militaires. Même si des opérations de grandes envergures ont été menées sur le plan militaire et que des terroristes ont été neutralisés, force est de constater que « Depuis sa prise de pouvoir en août 2020, la violence s’est étendue et intensifiée à travers le Mali. Il est révélateur que la violence extrémiste ait été plus élevée au cours de chaque trimestre depuis la prise de pouvoir de la junte qu’au cours de tous les trimestres précédant le coup d’État » indique le CESA.
En somme, Si les Instituts de sondage et autres études sont des instruments permettant de tâter le pouls de l’opinion, leur manque de sérieux pourrait contribuer à créer une certaine psychose. Si les résultats de leurs enquêtes ne sont que des œuvres humaines, donc elles ne sont pas des vérités immuables, ils pourraient contribuer fortement à la sensibilisation, à l’information, à la formation et surtout à l’implication des citoyens dans le suivi des actions publiques. Donc il importe pour eux d’être un bon baromètre et une bonne boussole pour le peuple
Youssouf Sissoko