Somilo tue Djidjan à petit feu : La population appelle IBK au secours

0

Le bras de fer entre les habitants de Loulou-Djidjan et la société minière Somilo au sujet de la pollution de la localité prend une autre tournure. L’étau se resserre autour de Somilo car la population est décidée à obtenir le déterrement des tuyaux par lesquels passent le cyanure et le plomb. Ils l’ont fait savoir au cours d’un grand meeting de protestation organisé par les différents regroupements associatifs.

Samedi 29 août à la place publique de la localité, tour à tour, les leaders des jeunes, des femmes et des personnes âgées se sont succédé au micro pour décrire tous les dangers qui planent au jour le jour sur la tête des habitants de Djidjan. Selon Mohamed Diané, les populations de Loulo-Djidjan vivent avec l’épée de Damoclès sur leurs têtes : les tuyaux qui transportent le cyanure et les poteaux électriques qui les accompagnent. Il souhaite que la population reste mobilisée car la bataille qui s’annonce sera de longue haleine. En effet, dira-t-il, «au cours d’une réunion  tenue à la mairie de Loulo-Djidjan, il a été dit que la bataille de la population était vaine, pour la simple raison que les tuyaux mortels ne seront jamais enlevés du village. Et que c’était au village de déménager si les habitants sont fatigués de mourir». L’auditoire n’en revenait pas lorsque l’orateur dira que les responsables de Somilo «ont déclaré au cours de la réunion que, quels que soient leurs actes, ils ne seront jamais inquiétés car Somilo a une autorisation en bonne et due forme pour tuer».

Dans un témoignage émouvant, Mamadou Traoré, un ancien travailleur de Somilo, affirmera avoir démissionné délibérément de cette société et renoncé à ses droits à cause de la dangerosité du cyanure et du plomb. Avant d’ajouter que le plomb rend stérile. «En cas de contact avec le cyanure ou le plomb, les responsables sont soignés dans les meilleurs hôpitaux du Mali, et même souvent évacués à l’extérieur, mais nous, les manœuvres, sommes laissés à notre propre sort, après seulement 2 jours de prise en charge», a martelé Traoré. Il dira par ailleurs que Somilo est connue pour ses licenciements abusifs.

Quant à Nabintou Traoré, présidente des femmes, «toutes ses sœurs de Loulo-Djidjan souffrent de maux de ventre causés par la pollution des cours d’eaux par le cyanure et le plomb». Au nom des femmes de la localité, elle promet, même au prix du sang, que Djidjan se débarrassera des tuyaux et des poteaux électriques à haute tension. Elle a terminé ses propos en interpellant «le président Ibrahim Boubacar Kéita qui, lors de son meeting de campagne, avait promis de trouver une solution à ce problème dès son élection».

«IBK, comme tu nous l’avais promis, vient arrêter le massacre», a déclaré madame Nambintou Traoré, en larmes. Tout compte fait, l’assemblée populaire a décidé d’abord de saisir une ultime fois les autorités locales et nationales sur la question. Si rien n’est fait, la population promet mettre tout en œuvre pour mettre fin à ce qu’elle «considère comme une extermination programmée».

Le meeting a pris fin par le slogan suivant : «la pollution de notre village nous condamne déjà à une mort certaine, donc rien ne nous fera reculer».

Drissa Tiéné

Commentaires via Facebook :