Mois de la solidarité : Déjà l’amertume du parrain

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En prélude au lancement des activités de la 13e édition du Mois de la Solidarité et de lutte contre l’exclusion, les membres du comité de pilotage ont aminé une confépresse le 30 septembre dernier à la Maison des Aînés. Cette édition a pour thème : solidarité, une valeur à sauvegarder. Dans son discours introductif, le colonel Abdrahamane Maïga, parrain du mois, s’est réjoui du choix porté sur sa modeste personne. Il n’a pas manqué de tenir des propos flatteurs et aimables à l’endroit des princes du jour.rn

Cependant, le gradé bidasse en retraite a exprimé son amertume par rapport à l’attitude frileuse de la presse. Au fait, le parrain du mois de partage de biens et d’amour a déploré le faible engouement des journaleux présents. Selon lui, ces derniers ont posé seulement trois maigres questions durant la confépresse, estimant que le mois de la solidarité et de lutte contre l’exclusion est un événement d’intérêt national. Face à ce désintérêt de la presse, le colonel Abdrahamane Maïga a invité les uns et les autres à éviter les propos comme décourageants. Pour lui, les animateurs des médias doivent donner un coup de souffle. « La solidarité est l’affaire de tous, nous comptons sur les hommes de médias », a-t-il lancé.

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Pour le directeur du Développement Social, Alassane Bocoum, la solidarité en tant que valeur doit être sauvegardée et perpétuée dans notre pays.

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Il a en outre mis l’accent sur la participation des partenaires qui font 80 % des activités. Il a dit bravo à la Fondation Orange, partenaire privilégié du mois

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M.Maïga

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Solidarité et lutte contre l’Exclusion : La nécessité d’aller vers des stratégies pérennes

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Que de soucis donc pour les nombreuses personnes démunies et leurs enfants ! Octobre, c’est aussi un mois consacré à la solidarité et à la lutte contre l’exclusion sociale au Mali. Mais à travers le Mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’Exclusion Sociale, l’Etat ne prétend pas satisfaire les besoins de toutes les personnes issues des  couches vulnérables. Seulement, face à l’effritement progressif de certaines valeurs traditionnelles de notre société telles que : l’entraide et la solidarité, le gouvernement du Mali a institué en 1995 le Mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’Exclusion Sociale en vue de sauvegarder voire renforcer ces valeurs. Il s’agit au cours de ce mois, de faire un rappel sur ces valeurs essentiel-les multiséculaires de la société malienne à travers des actions menées en faveur des couches vulnérables de la société à savoir : les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes démunies seules chargées de famille, les femmes fistuleuses, les enfants en situation difficile etc.

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Ainsi, depuis treize ans, le gouvernement malien œuvre à insuffler une dynamique nouvelle à la solidarité de proximité, entre les membres d’une même collectivité et entre collectivités. Aujourd’hui, un regard critique jeté sur le bilan du Mois  de la Solidarité peut pousser à l’optimisme quand on assiste de plus en plus à la  participation active des collectivités et organisations de la société civile (associations, ONG, sociétés et entreprises privées etc.) aux activités dudit Mois. Ceci dénote un début d’appropriation du Mois par celles-ci. Cependant, il est nécessaire aujourd’hui, en plus de ce qui se fait déjà, d’aller vers des stratégies novatrices et pérennes pour le soulagement d’un plus grand nombre de personnes issues des couches vulnérables et la perpétuation de l’initiative du Mois et, par delà des actions d’entraide et de solidarité de tous les jours.

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On peut citer entre autres stratégies : la transmission des valeurs d’entraide et de solidarité en milieu scolaire, l’utilisation des élèves dans la sensibilisation des parents et des pairs sur ces valeurs, le renforcement de la collaboration entre l’Etat et les leaders religieux en vue de la multiplication des thèmes afférents à l’entraide et à la solidarité lors des rencontres, prêches et émissions religieuses télévisées et/ou radiodiffusées etc. En ce qui concerne la transmission des valeurs d’entraide et de solidarité en milieu scolaire, la pertinence de cette stratégie se justifie à un moment de l’évolution de notre société où les structures traditionnelles ont du mal à transmettre les valeurs sociétales aux générations montantes. En plus, grâce à l’influence la plus précoce et la plus durable qu’elle exerce sur le jeune enfant, l’institution scolaire peut contribuer grandement à la préservation des valeurs d’entraide et de solidarité. Ainsi, en recevant ces valeurs à l’école, le jeune enfant devient leur gardien pour l’avenir.

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Cette  stratégie consisterait à véhiculer, à la rentrée des classes, les contenus des thèmes ou slogans sur l’entraide et la solidarité comme par exemple : « la solidarité est une valeur multiséculaire de notre société »  ou « la solidarité est une  chance pour le Mali » ou encore « la solidarité est un moyen de lutte contre la pauvreté ». Ceci permettrait de faire appréhender aux élèves, la place, depuis plusieurs siècles, de l’entraide et de la solidarité dans la résolution de certains problèmes de la société malienne et dans la lutte contre la pauvreté, donc l’intérêt pour notre pays de les préserver. Cet enseignement à son tour préparerait les élèves dans la sensibilisation des parents et des pairs sur l’entraide et la solidarité. Dans l’idée de la lutte contre la pauvreté, les élèves issues de familles nanties pourraient par exemple plaider auprès de leurs parents pour le parrainage scolaire des enfants de parents démunis.

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Pour ce qui est de la collaboration avec les leaders religieux, son renforcement permettrait d’optimaliser les efforts dans la préservation des valeurs d’entraide et de solidarité. Cela constitue une opportunité, d’autant plus que ces mêmes valeurs sont aussi défendues par l’islam et le christianisme, les deux grandes religions révélées pratiquées par la quasi-totalité de la population de notre pays. Ainsi, des formes d’entraide et de solidarité telles que : l’assistance morale, matérielle et/ou financière apportée aux familles ou individus par les voisins et alliés lors des décès, en cas de maladie ou pour d’autres problèmes d’ordre social pourront être mieux développées et perpétuées dans la société grâce aux actions des leaders religieux. La concrétisation de ces stratégies exigerait la création d’un programme national de renforcement de la solidarité, rattaché au Ministère du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées.

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Ce programme travaillerait en collaboration étroite avec certaines structures centrales et déconcentrées dudit Ministère et celles des Ministères ayant un rôle de premier plan à jouer dans la préservation et le renforcement de l’entraide et de la solidarité. Il s’agit des Ministères de l’Education Nationale, de la Culture, de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, et de l’Information et des Nouvelles Technologies. Ce programme dans sa mise en œuvre ne mettrait pas fin à l’initiative du Mois, mais s’attellerait à l’accompagnement, au suivi et à la coordination des actions de solidarité de tous les jours notamment à l’école et auprès des leaders religieux. Aussi, il accompagnerait techniquement les initiatives de création de fonds sociaux au niveau des services publics et entreprises privées.

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Ces fonds sociaux dont le champ d’action ne devra pas interférer pas avec celui des organisations de l’Economie Solidaire et sociale (couverture des risques de maladie, d’invalidité, de retraite et de décès, l’accès aux logements, aux intrants agricoles à moindre coût par l’effort commun etc.), participeraient à la couverture des frais liés à certains évènements sociaux ou cérémonies: enterrement, baptême etc. La mise en œuvre de ces stratégies ne pourrait qu’améliorer de façon durable les acquis dans la sauvegarde et le renforcement des valeurs d’entraide et de solidarité. Aller vers ces stratégies novatrices, peut au début provoquer des craintes et des tergiversations, comme tout changement, mais celles-ci ne résistent pas longtemps à la conviction et à la détermination de ceux qui œuvrent pour un avenir meilleure de la société malienne.

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Moriba CAMARA

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Administrateur de l’Action Sociale   à la Direction Régionale

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du Développement Social et de l’Economie Solidaire  du District de Bamako

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