Au terme d’une mission de trois jours au Mali, le directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a jeudi attiré l’attention sur la gravité de la situation humanitaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, touché par la malnutrition, les déplacements massifs de population et une insécurité grandissante.
« La situation humanitaire se détériore rapidement en raison de l’inadéquation de la réponse apportée aujourd’hui. Mais cette situation n’est pas désespérée », a estimé John Ging, à l’issue d’une entrevue à Bamako avec le Premier Ministre malien, Cheick Modibo Diarra.
« Il faut changer de paradigme dans la manière de financer la réponse humanitaire. Nous pouvons éviter une catastrophe, à condition de ne pas passer à côté des opportunités », a-t-il souligné.
Le Mali compte plus de 420.000 personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières ou qui se sont réfugiées dans les pays limitrophes, principalement le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso. Ces pays sont parmi les plus gravement touchés par la crise alimentaire qui sévit actuellement au Sahel et menace 18 millions de personnes.
Rien qu’au Mali, 4,6 millions de personnes sont concernées par l’insécurité alimentaire, dont 175.000 enfants, qui sont exposés à des risques de malnutrition aigue, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Lors d’une visite dans un camp de déplacés à Mopti, dans le nord du pays, John Ging a rencontré des femmes et des enfants, qui lui ont fait le récit des violences qu’ils ont subies après avoir fui leurs foyers.
Le directeur a écarté l’hypothèse, selon lui erronée, qui veut qu’en l’absence d’une solution à la crise sécuritaire et politique à laquelle est en proie le nord du pays, il n’y aurait pas grand- chose à faire pour renforcer la réponse humanitaire au Mali. En réalité, a-t-il dit, 80% des besoins humanitaires du pays sont concentrés dans le sud, où règne une relative stabilité. Une réponse humanitaire significative est en cours dans le nord en dépit de conditions de sécurité précaires.
« Un travail remarquable a été fait par les ONG nationales et internationales dans cette région. Elles ont fait preuve de créativité pour surmonter de nombreux obstacles et venir en aide aux populations en détresse, leurs interventions ayant permis de prévenir des déplacements supplémentaires », a indiqué M. Ging.
Toutefois, le manque de financements empêche de passer à la vitesse supérieure, souligne M. Ging. À peine 90 millions de dollars, sur les 214 nécessaires pour répondre à la crise humanitaire au Mali, ont été versés jusqu’à présent.
La santé, l’éducation et l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous sont les secteurs les moins financés, ce qui augmente les risques d’épidémie de choléra à travers toute l’Afrique de l’Ouest.
Publié le 2012-07-27 09:04:15 | French. News. Cn