Dans le nord du Mali, les populations sont de plus en plus fragilisées par les effets combinés du conflit et de la crise alimentaire. Face à cette situation, le CICR et la Croix-Rouge malienne s’apprêtent à renforcer leur assistance.
« Dans ces régions rurales semi-désertiques, beaucoup de personnes que nous avons rencontrées ont à peine de quoi survivre », indique Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger. « L’ensemble des activités économiques sont paralysées. Des dizaines de milliers de personnes, aussi bien déplacées que résidentes, manquent de nourriture et d’articles ménagers et d’hygiène de première nécessité, ainsi que d’accès aux soins. »
Ces dernières semaines, des équipes du CICR et de la Croix-Rouge malienne ont pu se rendre dans des zones reculées des régions de Kidal, Tombouctou et Gao, pour la première fois depuis fin mars.
« La combinaison de la crise alimentaire et du conflit armé a des conséquences alarmantes pour ces populations, poursuit M. Marti. La plupart des chefs de famille ont perdu leurs sources de revenus. Pour faire face à cette situation, beaucoup de foyers sont obligés de diminuer leur nombre de repas journaliers et d’opter pour des aliments moins consistants. »
Les pillages intervenus à la suite des combats dans les principales villes du nord du Mali, début avril, ont également touché les stocks des récoltes destinées à la consommation, à la vente et à la constitution de greniers de semences. Cette situation, particulièrement difficile dans la région de Tombouctou, fragilise encore davantage les paysans, alors que débute la campagne agricole 2012-2013.
En plus de la sècheresse, les oiseaux granivores, les criquets et la crue insuffisante du fleuve Nigerrisquent à leur tour d’avoir des effets dévastateurs sur la production agricole.
Dans ce contexte marqué par la rareté des acteurs humanitaires, le CICR et la Croix-Rouge malienne se préparent à fournir une assistance en vivres et autres biens essentiels aux populations les plus vulnérables dans les trois régions du Nord malien.
Centres de santé en grande difficulté, écoles fermées
Dans ces régions, les secteurs de la santé et de l’éducation sont aussi très durement touchés par les conséquences du conflit.
La majorité des centres de santé communautaires situés en dehors des villes ne fonctionnent plus, soit parce qu’ils ont été pillés, soit parce qu’ils ont été désertés par le personnel qualifié qui y travaillait. Quant aux centres de santé encore ouverts, ils n’arrivent pas à s’approvisionner en médicaments, car le dépôt pharmaceutique régional de Gao n’est plus opérationnel.
En plus de son aide à l’hôpital de Gao et au centre de santé de référence d’Assongo, le CICR va reprendre son soutien à neuf centres de santé communautaires : cinq entre Tombouctou et Gao, et quatre sur l’axe Gao-Kidal.
Un autre problème de taille est la fermeture de la plupart des écoles dans le nord du Mali. Beaucoup d’établissements scolaires ont été saccagés et les instituteurs ont dû partir. Dans cette situation, l’un des risques majeurs est l’enrôlement des enfants dans les groupes armés.
Situation humanitaire difficile pour les réfugiés au Burkina Faso et en Mauritanie
Dans le nord du Burkina Faso, les réfugiés maliens sont aujourd’hui estimés à plus de 60 000. Cetafflux de personnes ne fait qu’aggraver les conditions déjà précaires qui prévalent dans le Sahel burkinabè, d’autant plus que les réfugiés sont arrivés avec leurs troupeaux, leur principal moyen de subsistance. Les pâturages ne suffisent pas à alimenter ces quelque 150 000 têtes de bétail. De plus, la présence d’animaux en surnombre provoque une dégradation de l’environnement et un risque de tensions entre populations hôtes et réfugiées.
Dans le sud-est de la Mauritanie, installés dans une zone aride et difficile d’accès, plusieurs dizaines de milliers de réfugiés maliens ont aussi besoin d’assistance. Ils manquent d’articles ménagers essentiels, ainsi que de lait. Ils se sont aussi déplacés avec leur bétail, dont l’état de santé est souvent précaire.
Dans ces deux pays, comme au Niger, le CICR suit de près l’évolution de la situation humanitaire des réfugiés, en coordination avec d’autres acteurs humanitaires.
Le CICR prévoit de distribuer des couvertures, des articles d’hygiène et des assortiments d’ustensiles de cuisine à la plupart des réfugiés en Mauritanie, auxquels il souhaite aussi distribuer du lait en poudre. En collaboration avec la Croix-Rouge burkinabè, le CICR a déjà fourni des articles similaires, en mars et avril derniers, à 18 000 personnes qui avaient trouvé refuge dans la province de l’Oudalan, au Burkina Faso. Enfin, une campagne de traitement du bétail emmené dans les deux pays par les réfugiés est envisagée.
GENEVE, Suisse, 19 juin 2012/African Press Organization (APO)/