Certains produits naturels du terroir sont moins chers et plus nourrissants que les substances de synthèse.
Le traitement des cheveux est une pratique usitée par les femmes depuis la nuit des temps. En la matière chacune d’elle a ses astuces pour traiter, embellir et nourrir les cheveux. De nos jours cependant, une femme sur dix, utilise des produits capillaires sortis d’usine et souvent hors de portée de la majorité de nos sœurs. Elles ignorent peut-être que les méthodes traditionnelles négligées voire mises de côté par les femmes sont efficaces, moins onéreuses et accessibles à tout moment. Aussi la majorité des produits capillaires industrialisés sont faits à base de ces produits traditionnels que jadis utilisaient nos grand-mères.
Ces produits capillaires traditionnels qui ont fait et continuent de faire leur preuve dans l’entretien des cheveux surtout dans les villages peuvent être de nos jours utilisés contre les pellicules ou la teigne. Utilisés sous forme de mascara ou de pommade ils sont efficaces dans le traitement des cheveux cassants, secs, abîmés et fragiles. Dans notre pays explique Pinda, une quadragénaire d’un quartier du centre de Bamako, chaque localité a sa recette pour entretenir et nourrir les cheveux.
En milieu bambara par exemple c’est le beurre de karité qui est utilisé par les femmes. « En Afrique comme partout ailleurs dans le monde les vertus du beurre de karité ne sont plus à démontrer. Cette substance est utilisée dans la pharmacopée ou dans le traitement et l’entretien des cheveux. Le karité nourrit, protège, et favorise la pousse des cheveux précise notre interlocutrice. La première recette exposée par notre interlocutrice est faite à base du fruit du borasse. Le fruit du rônier est grillé, moulu et mélangé au beure de karité. La méthode est surtout indiquée pour lutter contre les pellicules ainsi que les crasses dans les cheveux.
La pommade de couleur noirâtre, explique notre spécialiste, doit être appliquée quotidiennement sur les cheveux. « Au bout de deux semaines de traitement le problème sera définitivement résolu », affirme Pinda. Qui ajoute que la recette est très connue et prisée par beaucoup de femmes surtout celles qui désirent avoir des longs et éclatants cheveux. Les feuilles de bananes grillées et moulues associées au beurre de karité et au miel sont préconisées dans le traitement de la teigne des mioches. Cette pommade évite aussi la casse du cheveu.
Hydrate les cheveux. La technique du traitement est très simple. Il s’agit seulement de masser le cuir chevelu surtout les endroits atteints par la teigne une fois par jour. L’utilisation de cette recette, affirme Bintou une autre vieille dame, nourrit et hydrate le cheveu. Le beurre de karité peut être mélangé au jeune d’œuf, ainsi qu’au lait de coco pour faire pousser les cheveux et les rendre surtout lisses. Le mélange est un liquide défrisant. Son usage indique notre interlocutrice est très simple.
Les personnes intéressées par cette recette devront d’abord brosser leurs cheveux avant de les laver pour les démêler et éliminer d’éventuels résidus. Il faudra par la suite mouiller la chevelure avant d’appliquer le liquide défrisant. Une fois le produit appliqué sur les cheveux, il faut ensuite masser doucement le cuir chevelu pour favoriser la pénétration des agents actifs, et les laisser agir pendant 3 à 5 mn. Et le tour est joué. « Pour plus d’efficacité, envelopper les cheveux dans une serviette chaude. Le résultat est impressionnant. Il donne des belles chevelures frisées et éclatantes. En plus le produit nourrit et protège les cheveux » lance fièrement notre interlocutrice. Qui trouve dommage que les femmes de notre génération accordent peu d’importance à ces méthodes traditionnelles pour l’entretien et le soin de leurs cheveux.
Nos soeurs qui veulent colorer leurs cheveux et celles qui souhaitent trouver une solution aux quelques cheveux blancs doivent recourir au henné. Le henné est un produit naturel qui contrairement à ce que pensent plusieurs femmes n’abîme point les cheveux. Au contraire explique Koudédia il les embellit et les fortifie. « Le henné est un produit écologique et économique non dangereux pour la santé. Contrairement aux produits de synthèse son application est sans effets secondaires. En plus le henné ainsi que les autres colorants végétaux sont une alternative saine, naturelle et moins coûteuse » souligne Koudédia.
Le délaissement des méthodes traditionnelles du traitement et d’entretien des cheveux par la nouvelle génération de femme est surtout due à l’ignorance. Une autre recette traditionnelle pour le soin des cheveux nous vient cette fois-ci du Nord de notre pays. Il s’agit de la poudre de « Fakoï ». Mélangé au beurre de vache ou de chèvre ce produit est aussi préconisé dans le traitement et l’entretien des cheveux. « Ce n’est pas pour rien que nous les femmes nordistes avons des cheveux noirs et bien en forme ».
Toutes les femmes du Nord Mali utilisent ce produit pour traiter par exemple les pellicules en particulier grasses. Celles-ci restent collées au cuir chevelu et s’accompagnent souvent de démangeaisons, explique Mme Touré Lala Mint Yéhia. Les méthodes traditionnelles d’entretien et de traitement des cheveux sont bénéfiques à tout point. Il appartient à nos sœurs de les valoriser, les pérenniser comme un patrimoine immatériel de notre société.
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Violences faites aux femmes et aux filles : UN DRAME SILENCIEUX
Une femme sur trois est au moins battue, victime de violence sexuelle ou maltraitée par un partenaire intime au cours de sa vie
La violence à l’égard des femmes est définie par les Nations Unies comme « Tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté que se soit dans la vie publique ou privée ». La violence contre les femmes reste l’une des atteintes aux droits de l’homme les plus courantes, les plus systématiques et les plus odieuses commises dans le monde. Elle menace toutes les femmes et entrave les efforts déployés par toutes les sociétés en faveur du développement, de la paix et de l’égalité des sexes. Ainsi, la violence faite aux femmes est un problème universel.
De nombreux pays comme le nôtre ont fait un travail considérable pour la circonscrire. A cet effet, des lois ont été modifiées, des politiques, des pratiques et des comportements qui par le passé contribuaient à créer une culture d’impunité face à ce crime abject ont été aussi changés. Cependant, il reste beaucoup à faire pour venir à bout de la tolérance dont il bénéficie encore trop souvent. Le phénomène est répandu et commun à tous les pays du monde. Il est avéré qu’au moins une femme sur trois dans le monde a été battue, forcée d’avoir des rapports sexuels ou a subi d’autres formes de sévices au cours de sa vie (rapport du secrétaire général lors de l’assemblée générale des Nations unies en 2006).
Dans le même document on estime qu’entre 100 et 140 millions de filles et de femmes vivant principalement en Afrique et dans certains pays du Moyen-Orient ont subi des mutilations génitales féminines. Cependant, la forme la plus courante de violence subie par les femmes est la violence physique infligée par le partenaire intime. Selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et de paludisme réunis. Plusieurs sondages mondiaux indiquentt que la moitié des femmes victimes d’homicides sont tuées par leur conjoint ou ex-conjoint ou compagnon. En Australie, au Canada, en Israël, en Afrique du Sud et aux États-Uniens, 40 à 70 % des femmes victimes de meurtre ont été tuées par leurs partenaires selon l’OMS.
Aussi, la violence à l’égard des femmes a été signalée pendant ou après des conflits armés dans toutes les zones de guerre nationale ou internationale. Entre 250 et 500 mille femmes ont été violées au cours du génocide du Rwanda de 1994. Entre 20 et 50 mille femmes ont été violées pendant le conflit de Bosnie au début des années 1990. Il est également établi que jusqu’à six femmes sur dix dans le monde sont victimes de violences physiques ou sexuelles au cours de leur existence. Plus de 60 millions de filles sont des enfants mariées, plus de 100 millions de filles ont « disparu » en raison de la sélection prénatale en fonction du sexe du fœtus et de préférence donnée aux garçons.
25 % de femmes battues. Plus de 600 millions de femmes et de filles font l’objet d’une traite transfrontalière chaque année dont une grande majorité à des fins d’exploitation sexuelle. Le Mali n’est pas épargné par ce phénomène. En effet, l’enquête commanditée en 2007 par le département en charge de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille mentionne que 25 % de femmes affirment avoir été battues par leur mari, près de 85 % de femmes sont excisées, 23% entrent en union à l’âge de 15 ans. La spécificité malienne est que les acteurs et les victimes n’ont pas conscience des violences commises ou subies ou les revendiquent au nom de la culture.
Un des premiers obstacles à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles est la perception positive de certaines d’entre elles. La seconde entrave est relative à l’attitude des victimes elles-mêmes : silence, la résignation, l’intériorisation du statut d’infériorité et du droit à la violence reconnu à l’homme etc. Pour efficacement lutter contre le phénomène, le Mali a ratifié tous les traités internationaux, sous-régionaux en matière de promotion des droits de la femme. Cet engagement s’est matérialisé au niveau national par l’adoption de la politique nationale genre en novembre 2010.
Cependant, il convient d’appliquer et de faire appliquer les lois déjà existantes contre les violences et d’inciter le législateur à légiférer là ou il existe des vides juridiques. Mais comme l’a noté l’Union interparlementaire, il ne suffit pas d’abolir ces pratiques ancestrales dans la loi et de sanctionner ceux qui les pratiquent ou les sollicitent, mais il convient de soutenir et d’accompagner la loi par une série de mesures incluant en priorité la sensibilisation et l’éducation. C’est toute la société et singulièrement la société civile, les leaders d’opinion les parlementaires, les chefs coutumiers, religieux ainsi que le personnel socio-sanitaire qui doivent se mobiliser pour défendre la femme contre la violence.