L’oncle à nous tous qui a vécu tous les régimes qui se sont succédé au Mali avait fini par se laver les mains de tout ce qui concerne le pays. Voilà avec l’accession à la démocratie début 1990, il se donne une lueur d’espoir de voir le Mali émerger. Mais un espoir à moitié manifesté. Après les 10 ans du premier président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, voilà un beau matin lors du deuxième quinquennat, du Président Amadou Toumani Touré, il m’appelle dans le vestibule. Habillé en tenue traditionnelle, coiffé d’un chapeau, une pipe figée à la bouche dont la fumée suffocante lui imposait de fermer l’œil gauche comme un borgne.
– Il me dit ceci : « mon neveu, je suis un ancien combattant qui a beaucoup vu dans ce monde ici bas. Aujourd’hui, je me confie à toi. Pas pour autre chose, mais grâce au nom de votre journal ‘’ La Nouvelle Patrie’’ qui justifie jusqu’à présent la croyance de certains patriotes à une démocratie digne de ce nom. »
-« Ne me bourres pas le crâne de tes moqueries. Je sais que tu vas une fois de plus me discréditer. Comme d’habitude tu le fais après avoir lu certains de mes articles qui ne sont pas des pamphlets. »
Mais ce jour, il me fait une grande surprise. Il commença à me raconter les méfaits du pouvoir de l’indépendance à nos jours. Un devin ? Se glorifie-t-il. Car il me confie avoir prédit les plus grandes erreurs qui se sont abattues sur le Mali. Les vraies raisons de la chute du socialisme et l’assassinat du père de l’indépendance, l’élimination de quelques uns de ses anciens dignitaires. Les vraies raisons de la chute du régime dictatorial, du Général Moussa Traoré. Mais que personne ne l’a écouté.
Suite à l’avènement de la démocratie qui a conduit au multipartisme et à l’installation de Alpha Oumar Konaré, il dit les avoir approchés (Alpha et ses compagnons) pour des conseils. « La démocratie, nous venons de la décrocher. Elle est si fragile, il faut savoir l’imposer au gré de la population qui en appelle à un changement radical de mode de vie pour tout le monde. » « Pour cela, faites attention au multipartisme qui est source de division et d’une opposition qui vous observe de prêt. Elle est prête à bondir dès que vous dérapez. » N’oubliez pas de lire avec l’esprit tranquille le fameux livre de Aimé Césaire intitulé ‘’la Tragédie du roi Christophe. ‘’ Un livre qui édicte la sagesse et vous éloigne des actes, sources de révolution.
-« Mais mon neveu, le pouvoir est aveugle et Dieu semble le maudire. Toute personne qui l’acquiert draine le peuple contre elle. La manie de gérer de façon monarchique ou de rester éternellement au pouvoir, exacerbe. »
Ce grand orateur, comme le reconnaissent ses pairs en son temps, a échappé in extrémis, suite aux élections pour son deuxième quinquennat à ce qui pourrait être plus grave pour un nouveau né (pays) en matière démocratique. Il a su gérer, même si c’est beaucoup de sacrifices qui ont été consentis. Il est parti, mais a mis de la patate chaude entre les mains de son successeur. Une arène politique agitée, une rébellion au nord, qui visiblement était prête à rebondir, favorisé en cela par les différentes négociations de 92 et 2006, et l’arrivée d’un indépendant au pouvoir en présence d’une multitude de partis politiques. Ce qui mérite la question de savoir, où est la démocratie ?
ATT vient au pouvoir. Son arrivée est saluée par la majorité de la population. Une récompense, quand l’on se rappelle que c’est lui qui a déposé le Général Moussa Traoré. Et tout le monde disait : « ATT, on va mourir pour ta cause. » Il est bien d’être président d’un pays, mais pour son cas il devrait s’éloigner des politiques, et entretenir le statut immortel qui lui avait été octroyé par le peuple.
Envouté par la politique, il est élu. Même si son premier mandat a été sans embûches considérables, il devait s’attendre à des obstacles vus l’évolution des choses. Il n’écouta personne, malgré que je lui ai recommandé de lire attentivement, le livre d’Adam Bah Konaré, ancienne Première dame du Mali, intitulé ‘’l’Os De la Parole’’. Car la parole est l’arme qui triomphe et déstabilise en même temps. Il me dit oui. Mais l’enfant de ‘’Soudoubaba’’, n’écoute personne.
A son deuxième mandat, les choses commencent à le dépasser, toute parole ou tout acte qu’il pose est source de tension. A cela s’ajoute l’histoire de la rébellion qui le projette du pouvoir.
-Tu vois mon neveu comment en condensé les choses se sont passées.
-Assis les yeux hagards, comme si s’était ma première fois de l’écouter ou de le voir, je me lève, pas pour partir, mais prendre une chaise pour m’asseoir confortablement. « Je lui pose la question sur ce qu’il pense du coup d’Etat et de ce qui pourrait en résulter. »
-Voilà ce que je voulais réveiller en toi, me dit-il. Pour que dorénavant tu écoutes les personnes ressources, t’inspirer de leur sagesse et utiliser ta plume pour le bonheur du peuple. Celui qui fait le mal tu le sabres et lui montre le droit chemin. Celui qui travaille correctement encadre le pour qu’il ne se casse pas le cou dans le ravin.
Tu sais mon neveu, me dit-il l’Afrique est le seul continent où il y a plus de Coups d’Etat. Un acte anticonstitutionnel dans un pays démocratique. Cela est synonyme d’une asphyxie ou d’un arrêt de mort pour un pays. ATT devait partir, mais il fallait que cela se fasse par la voie des élections ou qu’il rende sa démission en temps normal et que l’Etat continue.
Au lendemain du coup d’Etat, il me dit : mon neveu les putschistes son des enfants, ils n’ont pas beaucoup vécu, ils ont le vent à la poupe et vont prétendre se dresser contre le monde entier(les organisations africaines et internationales) avec un seul motif. Nous pouvons nous débrouiller seuls. Notre pays est notre affaire et nous allons faire régner la loi au détriment de l’impunité. Les acteurs des vingt dernières années seront écartés de la gestion du pays. Une idéologie fatale pour le pays. Cela fut avec les sanctions (par exemple).
Il dit ensuite : mon neveu, le Mali fera une année dans cette cacophonie sans solution à la résolution du problème. A cause de la gestion du pouvoir à Bamako et l’intransigeante position de la communauté internationale qui recommande le retour des militaires dans les casernes. Une réalité de nos jours.
Après ce long échange, son carburant est fini. Il s’agit de son tabac. Il me dit mon neveu on arrête pour aujourd’hui. Mais observe les choses, une trahison entre les têtes de la transition ne tardera point. Car la politique ne connait pas le partage des intérêts. Celui qui se sent fort, arrache la part du lion. Et aujourd’hui, le temps lui donne raison. Le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, senti comme obstacle à tout est évincé de son fauteuil.
Il termine ses propos par ceci : « le Mali a d’énormes tempêtes sur son chemin. C’est aux fils du pays de savoir comment les éviter dès maintenant en se donnant la main. S’ils le refusent, tu reviendras toi-même me raconter dans mon vestibule les dégâts collatéraux. »
La seule question que nous nous sommes posés après ce entretien extrêmement enrichissant, est : « Quel avenir pour le Mali et l’Afrique ?
Boubacar Yalkoué
Qu’il ne soit même pas devin,s’il a de bonnes idées pour une sortie de crise,c’est la bienvenue,et cela pas lui seulement,toute bonne idée sera bien accueillie. Que bon Dieu sauve le Mali.
Arrete de mentir sur ton oncle!!! 😈 😆 😛 😀
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