Comme si le sort s’acharnait contre elles, en plus des incommodités imposées par leurs handicaps, elles sont également victimes, abusées par des personnes sans handicaps à des fins malfaisantes.
Si Zeus nous avait consultés, nous serions tous nés Apollons sur cette terre. Et pour reprendre le chanteur, c’est dans la différence que l’on construit les plus beaux édifices. De par notre constitution, de par nos croyances, religions, nous avons appris que tous les hommes naissent égaux et que nous sommes tous enfants d’Adam et d’Eve !
Ces messages, c’est ce que ces milliers de femmes en situation d’handicap voudraient bien inculquer à notre société, réputée pour sa tolérance et son hospitalité légendaire. Seulement, la réalité est tout autre chose pour beaucoup de femmes en situation d’handicap : personnes de petites tailles, personnes infirmes, déficientes mentales, albinos, etc. « J’espère que dans l’au-delà ça serait mieux pour nous, qu’Allah va nous récompenser parce que sur cette terre nous avons assez souffert », tels sont les propos de Y de la fédération locale des personnes en situation handicapée de la commune I. Une phrase émouvante dont le sens lourd donne non seulement la chair de poule mais nous interpelle tous, tout comme les autres témoignages d’autres personnes en situation d’handicap, de parents et responsables en charge de ces personnes. Le quotidien de bon nombre de personnes en situation d’handicap est emprunté de frustrations, d’humiliation et de douleurs. Des douleurs qui peuvent être causées par leur handicap mais également par les préjugés assimilés à leurs infirmités, nous apprend les échanges qui se sont déroulés lors de l’atelier organisé par l’APDF et la fédération des personnes en situation d’handicap. En plus d’être confrontées aux regards condescendants de la société, les femmes en situation d’handicap sont victimes de multiples abus. Elles ont des difficultés à se marier, entre autre, « Il est rare que l’on nous prenne comme première épouse, même si l’homme vous aime, souvent c’est la famille qui lui exige de prendre en première noce une femme sans handicap. D’autre part, certains hommes épousent une femme en situation d’handicap pensant ainsi devenir riche, et si après 3 ans de mariage ou un enfant après il n’a pas sa fortune escomptée, il se débarrasse de la femme… », nous relève Rose Diakité, une personne en situation d’handicap. Outre ce genre de comportement dicté par des croyances exotériques, les femmes dénoncent les pressions extérieures de leurs entourages qui, aux dires, peuvent être source de la dislocation de leurs ménages. « Souvent, si votre mari vous aime, vous allez entendre un de ses amis ou une belle-sœur dire : toi tu n’as pu rien trouver qu’une femme infirme, qu’est-ce qu’elle peut faire comme femme.. », nous indique une autre femme avec une déficience moteur. Personnes vivant avec handicap, tout comme leurs parents ou responsables sont scandalisés par le comportement machiavélique de ceux qui abusent de leur naïveté. En effet, désireux de marier leurs filles, certains parents d’enfants en situation d’handicap, offrent soit un logement ou une grosse bourse à leur gendre dans le seul but de voir leur enfant épanoui. Malheureusement, aux dires de la directrice de l’AMALDEM, de nombreux hommes abusent tant de la confiance de ces parents que des personnes en question, car une fois en possession des biens, ils disparaissent en laissant derrière eux leurs épouses. Les abus à l’endroit des femmes en situation d’handicap sont multiples et nous interpellent tous. Et les autorités doivent pleinement jouer leurs partitions pour mettre ces personnes dans leurs droits citoyens. Il revient à nos décideurs de rendre la table d’accouchement accessible à toutes les femmes, de poser des rampes dans toutes les structures étatiques, de mener des campagnes de sensibilisations auprès des populations pour éviter des comportements anodins pourtant humiliants pour ces personnes. Mais, surtout, nos décideurs doivent prendre des mesures draconiennes pour protéger les déficientes mentales qui sont abusées, violées pour des fins maléfiques, exotériques par des personnes cupides croyant ainsi s’enrichir.
Khadydiatou SANOGO