Société : Ces filles, chefs de famille

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Elles se sont sacrifiées pour leurs frères et sœurs après le décès de leurs parents.

La vie d’un orphelin n’est pas facile. Ceux qui doivent se prendre en charge, sans assistance aucune, sont confrontés à la dure réalité de la vie. Le cas est rare dans notre société dont l’une des valeurs principales est la solidarité. Et pourtant il existe des enfants qui assurent le rôle des parents après leur décès. Ces chefs de famille précoces arrivent bon gré, mal gré à assurer pleinement le rôle des parents défunts. Comme dit Corneille dans le Cid : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Cette citation illustre parfaitement notre histoire d’aujourd’hui. Elle met en relief ces filles courageuses et battantes qui par la force des choses ont été obligées de prendre prématurément leur destin en main. Ces jeunes dames font tout leur possible pour donner un avenir heureux à leurs cadets. Elles aident leurs benjamins à se remettre de la douloureuse perte de leurs parents. Dans cette rubrique nous avons toujours évoqué les cas de filles devenues soutiens de famille à cause de la faillite de leur famille.

Ces pauvres souvent sous l’influence de leurs parents, se prostituent pour venir en aide aux autres. Il existe également des filles qui malgré les difficultés arrivent à s’en sortir sans passer par la prostitution. Elles se battent pour vivre et font vivre honnêtement leurs familles. Ces battantes sont nombreuses au Mali. Nous allons mettre un accent particulier sur celles qui sont orphelines, et qui se sont sacrifiées pour leurs frères et sœurs après le décès de leurs parents. Ces courageuses ont très souvent abandonné l’école pour prendre le relais et gérer la famille.

Mme Cissé Oumou Touré fait partie de cette catégorie de filles. Elle est l’aînée d’une famille de cinq enfants (3 filles et 2 garçons). Oumou et ses frères et sœurs ont perdu très tôt leurs parents. A la mort de leur mère, survenue trois ans après le décès brutal de leur père dans un accident, la vie de Oumou va complètement changer. Elle avait alors 17ans. De future bachelière, elle se retrouve chef de famille. Voici l’histoire de notre héroïne du jour. La brave Oumou était encore traumatisée par le décès de ses parents, quand son oncle paternel lui confia la garde de ses frères et sœurs. Cette nouvelle responsabilité l’oblige à prendre son destin en main. Elle commence modestement par faire du porte à porte pour vendre de la menthe. « J’ai commencé ce petit commerce avec l’argent que notre oncle a bien voulu me donner pour m’aider à prendre en charge mes cadets. Je me souviens encore des propos de mon oncle ce jour-là : « Oumou ! Chacun suit son destin. Le tien est de prendre le relais après le décès de tes parents. Tu dois être forte et jouer le dur rôle de parent et de sœur à la fois. Je te mentirai si je te dis que ta mission sera facile, mais avec la force morale, la conviction et la volonté tu y arriveras ». Oumou reste pensive après ce rappel. Elle était avertie. Elle ne pouvait compter sur l’aide de personne pour nourrir sa désormais petite famille. Les bonnes volontés se manifesteront de temps en temps, mais comme dit le dicton : « avant d’appeler les gens à venir t’aider à tuer un lion agressif, il faut d’abord avoir réussi à coincer la tête dans tes bras ». Très entreprenante, le petit commerce lui réussit très bien. Très vite, le jeune chef de famille était devenu une habituée de presque toutes les foires hebdomadaires des localités voisines de Bamako.

RECOMPENSES. Tout n’a pas été rose pour elle. « J’ai tiré force de la mémoire de mes parents pour en arriver là », dit-elle sur un ton calme qui en dit long sur son parcours. En effet, il fut un moment, où les petits frères et les petites sœurs défiaient l’autorité de celle qui par la force des choses est devenue une mère pour eux. « Je ne leur en voulais pas. Cette crise, tous les parents y passent. J’étais très mal placée, car aux yeux de mes cadets je n’étais que la sœur. Un facteur à ne pas négliger », souligne-t-elle.

Aujourd’hui Oumou a 35 ans. Elle est mère de trois enfants. Le mari fonctionnaire de l’Etat n’imagine même pas le calvaire enduré par sa femme avant son mariage. Avec persévérance, et courage, Oumou a accompli sa mission. Les efforts et les sacrifices de l’aînée Oumou ont été amplement récompensés par le Tout Puissant. Les quatre cadets qu’elle a protégés sont devenus des adultes capables de voler de leurs propres ailes. Les deux garçons ont terminé leurs études supérieures. Les deux filles se sont mariées.

Le témoignage d’Ami, la petite sœur est révélateur. Elle indique que l’engagement de Oumou qu’elle considère comme sa mère a été constant et exemplaire. « Notre grande sœur a posé un acte qui a demandé des sacrifices incroyables de sa part. C’est un défi extraordinaire qu’elle a relevé en suivant nos pas de bout en bout », commente Ami. Elle reconnaît que les cadets de Oumou sont de nos jours les produits de la volonté de leur ainée. Comme Oumou, la vie de Awa a basculé un beau jour. Le destin est implacable. La brave fille s’est retrouvée chef de famille après le décès de ses parents. Elle perdra son père et sa mère à quelques mois d’intervalle. Comme héritage ses ascendants lui ont laissé deux frères et un nouveau né (sa mère est décédée lors d’un accouchement). Finalement la vie ne lui aura rien épargné. Elle avoue qu’elle ne savait rien faire de ces dix doigts. « J’étais loin de m’imaginer dans cette situation.

Le début n’a pas été facile. Je devais renoncer à pas mal de choses pour être à la hauteur de ma nouvelle responsabilité », indique-t-elle. Awa ajoute qu’il fut un moment où elle voulait partir et laisser ses jeunes frères à leur sort. « J’avoue que j’ai été tentée plusieurs fois de partir en exil, mais en fin de compte je me suis résolue à faire face au destin que Dieu a bien voulu me tracer », dit-elle. La conduite qu’Awa a adoptée était simple : être exemplaire, catégorique et très ferme quand il s’agissait de prendre des décisions. En effet, la tâche n’était pas aisée. Elle devait supporter les caprices de deux grands garçons qui n’en faisaient qu’à leur tête. Cependant, tant bien que mal notre interlocutrice réussit à joindre les deux bouts pour permettre à ses protégés de manger et d’aller à l’école. Le capital décès de sa mère sera investi par Awa dans un atelier de couture.

L’occasionnel chef de famille avoue que les affaires ne marchent pas comme elle avait imaginé. Elle est souvent obligée de demander de l’aide pour acheter le lait pour nourrir sa petite sœur. Awa confie qu’elle vit d’espoir. Et elle soupire avant de dire un peu triste : « Je ne sais pas souvent à quel saint me vouer. Chaque jour apporte son lot de problèmes. Mes frères deviennent de plus en plus exigeants. >> Malgré ces pressions, Awa est déterminée à réaliser ses ambitions. Elle tient à voir voler ses jeunes frères et sœurs de leurs propres ailes. Cette jeune femme n’ignore pas que le chemin est long et difficile. Mais en attendant elle doit semer les graines et attendre patiemment qu’elles mûrissent. La croyante Awa est convaincue que « tout ira bien dans le meilleur des mondes possibles ».

**** Journée internationale de la femme rurale : HOMMAGE AUX « YELENI » DE L’OMBRE

L’édition 2011 se tiendra à Gao. Elle va promouvoir la transformation agroalimentaire dans un environnement sécurisé

Les courageuses paysannes maliennes, les « Yeleni » sont à l’honneur. Notre pays commémore demain la 16è édition de la journée internationale de la femme rurale. Cette journée a été décrétée journée internationale des femmes rurales, suite aux recommandations faites par le comité des femmes de la fédération internationale des producteurs agricole (FIPA). La décision a été prise lors de la conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en septembre 1995. L’événement met l ‘accent sur le rôle des femmes rurales dans le développement. Les problèmes auxquels elles sont confrontées en terme d’éducation, de santé, d’économie, d’accès à la terre seront examinés.

La journée internationale est aussi une opportunité pour la population de réfléchir sur la situation des femmes dans les communautés rurales. Elle offre l’occasion aux femmes rurales de s’exprimer, de s’informer et surtout de se former. La journée ambitionne de changer les conditions de vie des femmes rurales en braquant les feux de l’actualité sur elles au moins une fois par an. Cette évaluation collective rappelle à la société le mérite des femmes rurales et le devoir de leur rendre hommage. Partout dans le monde, les femmes rurales jouent un rôle majeur dans la sécurité alimentaire, dans le développement et la stabilité des campagnes. Par conséquent, le droit des femmes à l’accès et au contrôle des terres est un facteur déterminant de leurs conditions de vie globales. Ce droit est essentiel à leur survie quotidienne, leur stabilité économique et leur sécurité.

L’accès des femmes rurales à la terre est très important pour leur autonomisation et leur lutte pour l’égalité des sexes. La sécurité alimentaire dépend de l’égalité d’accès des femmes aux terres et aux ressources naturelles. Quand les femmes, et particulièrement celles vivant dans les milieux ruraux, obtiennent le droit à la propriété foncière et l’accès aux finances, elles ont plus de chances d’assurer leur propre sécurité alimentaire et celles des villes. C’est pour cette raison que le comité des femmes de la FIPA a retenu cette année le thème « Revendiquez votre droit à la terre et à la succession ». Mais notre pays célèbrera la journée sous le thème « Genre, paix et sécurité, socle pour la production et la transformation des produits locaux ». Ce thème se justifie par la volonté politique affichée par le président de la République, Amadou Toumani Touré, de faire de l’agriculture le levier de la croissance de l’économie, à travers la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole (LOA). La journée phare sera organisée à Gao.

Les manifestations commémoratives de la journée se dérouleront sur toute l’étendue du territoire. Un accent particulier sera mis sur les activités d’information, de sensibilisation et de plaidoyer sur les préoccupations spécifiques de la femme rurale au Nord. La résolution 1325 des Nations Unies sera largement commentée. Elle constitue le cadre politique de référence pour intégrer la perspective genre dans la prévention, la gestion, le règlement des conflits armés, la reconstruction post conflit et la consolidation de la paix. Le département en charge de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et ses partenaires poursuivront sa politique de renforcement des capacités économiques des femmes et de regroupement des femmes par l’octroi d’équipements et de diplômes et reconnaissance.

Les femmes rurales sont au niveau de toutes les chaines de productions agricoles, piscicoles et d’élevage. Elles sont indispensables en terme de production, de transformation et de commercialisation. Cependant force est de reconnaître que de nos jours, les femmes rurales produisent plus et mieux grâce aux techniques et aux technologies appropriées. Néanmoins, on constate qu’une quantité importante des produits frais (légumes et fruits) non commercialisés sont détériorés, faute de transformation. Ce handicap diminue considérablement le revenu des femmes. Pour répondre à ce besoin, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille recommande la création d’unités de transformation des produits locaux. Afin de valoriser et mieux commercialiser les produits exportés, il est nécessaire de procéder à leur labellisation et leur certification. Il faut aussi relever qu’aucune production n’est possible en absence d’un climat de paix et de sécurité. C’est pour cette raison qu’il est important d’impliquer les femmes dans le processus de paix et de sécurité, étant entendu qu’elles sont victimes de ces situations.

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