Depuis un certain temps, de nombreux retraités ou ayants droits à la pension se plaignent de l’Institut national de prévoyance sociale. Les griefs sont très nombreux. Afin de faire la lumière sur cette situation, nous avons rencontré les accusés. A la structure, les cadres s’en défendent non pas sans convaincre. Suivez notre enquête de Kayes à Bamako.
Nos compatriotes notamment ceux qui ont travaillé en Europe ou leurs héritiers semblent beaucoup souffrir. Ils ne savent souvent plus à quel saint se vouer. Pour autant, au vu de la prestation et des efforts fournis par l’INPS, le problème semble se trouver ailleurs. La grosse épine de toute cette confusion s’appelle COMMUNICATION. Pour se crédibiliser, l’INPS est alors appelé à davantage communiquer.
De la plainte de 07 nous avions finalement reçu celle de 23 personnes de la région de Kayes. Et, les plaintes semblent presque identiques, la réversion. C’est ainsi que nous sommes rendus à Kayes. Sans détour, le Directeur régional a réuni tout son staff avec aussi ses partenaires de la fédération des émigrés.
Ousmane Touré, Président de la Fédération de l’Association des Émigrés de Retour de la Région de Kayes
L’association regroupe les migrants de retour et les retraités de France à Kayes
“Je suis très ravi de votre présence ici à Kayes. Je dis que votre démarche est très salutaire sachant que l’immigration fait désormais partie de notre existence. Nous ne le regrettons pas car cette immigration a permis à notre région de se développer, d’être plus connue.
Sachez que dans toute activité humaine, il y a des hauts et des bas. Alors, en France, nos ressortissants y travaillent, servent la patrie jusqu’à leur retraite. Ainsi, en vue de pallier à de nombreux problèmes, nous avons créé cette association en 1996-1997. Elle regroup
e tous les ressortissants de Kayes.
Concernant les problèmes auxquels sont assujettis nos compatriotes en retraite, il y a le problème crucial de reversement de leur pension. Sachez que les problèmes sont très nombreux. Mais tout d’abord notre association a été créée pour informer, aider et soutenir tous nos compatriotes afin qu’ils rentrent dans leurs droits après la retraite.
Ceci étant, Convention Franco-malienne sur la Sécurité Sociale. Il y a des problèmes qui n’incombent pas à la France mais à l’INPS. Le premier problème concerne l’établissement des dossiers au niveau de l’INPS. Sachant que c’est à ce seul niveau que sont établis les dossiers. Mais souvent au lieu que ce soit des mois, il faut attendre des années car les travailleurs de l’INPS négligent les dossiers. Ensuite, le manque d’information nécessaire par l’INPS permettant aux retraités d’avoir leurs droits. Ils les font trimbaler entre Kayes et Bamako jusqu’à souvent les décourager.
Après les papiers, la France informe que les papiers ont été reçus et bien diligentés. Bien qu’ayant été informés par la partie française, l’INPS nie ne rien reçu. La notification vient de la France indiquant que tout est réglé mais l’INPS indique qu’il n’a encore rien vu. La notification est envoyée directement à l’intéressé avec une copie pour l’INPS. Malgré le papier, pour que le retraité rentre dans ses droits, c’est la croix et la bannière. Et puis, concernant les rappels, le Mali ne paye pas. L’INPS ne fait pas de rappel de ce qui a été payé par la France. Pour la CRAM, les difficultés sont encore plus énormes car on ne sait pas comment se fait le payement. Souvent, il paye ce mois, il laisse 2 voire 3 mois et paye le 4ème ou 5ème mois. Souvent certains peuvent faire plus d’un an sans rien percevoir. Toutes choses qui découragent nos compatriotes. Sachez que nous travaillons avec l’INPS.
Cependant, depuis l’arrivée de Seydou Diarra à la tête de l’INPS de Kayes, nos problèmes se résolvent petit à petit. Il n’a pas pu tout résoudre, il est en train de faire de son mieux. Il faut savoir que la plupart de nos gens sont des ignorants. A la fin de leurs activités, on parle de retraite personnelle. Après ta mort, ta femme réclame la pension de réversion. Tout n’est pas bon à dire mais il est nécessaire que l’INPS redouble d’ardeurs, d’efforts. Car, contrairement à nos pays limitrophes (Sénégal, Mauritanie, etc.), les problèmes du Mali sont énormes. Sinon ceux-ci (pays limitrophes) ne se plaignent pas autant. Et puis dans ces pays, les pensions sont payées (CRAM caisse régionale d’assurance maladie) au plus tard le 09 de chaque mois sachant que la France règle son compte au plus tard le 05 du mois. C’est au vu de ces difficultés que je me suis rendu en France pour voir clair. Il nous est revenu qu’au plus tard au 09 du mois, tout le monde est payé que l’intéressé soit en France ou ailleurs. Exceptionnellement s’il coïncide à un jour férié. Il est important de savoir que les contrôles se font régulièrement aussi bien par la France que par le Mali.
En outre, il faut signaler que souvent pour nous, nous ne savons pas la raison, l’INPS prévoit ses contrôles à l’hivernage. L’accès de Kayes ville même est un problème alors que dire de ses confins de brousse. Donc pour nous, des démarches du genre ne doivent pas se faire. Heureusement que cette année, l’actuel Directeur régional Seydou Diarra a compris. Il a pu régler cet état de fait par son intelligence et son engagement patriotique. Sinon, depuis quelques années, nos compatriotes fuient le Mali pour aller s’inscrire à Kidira (Sénégal) afin d’avoir tous leurs droits. Parce que là-bas, il n’y a aucune manigance. Cela est une honte pour nous mais que faire ?
Concernant les sous non perçus, je vous donne un exemple. Si quelqu’un t’appelle pour te dire qu’il m’a donné ton argent en t’envoyant une notification. Si tu arrives et que je ne te donne pas ton argent, où est-ce qu’il est donc parti ? La destination est connue, je pense.”
SEYDOU SIAKA DIARRA, DIRECTEUR REGIONAL DE L’INPS DE KAYES
Pour donner sa version des faits et pour plus de transparence selon lui-même, Seydou a fait appel aux membres de l’association et à tout son staff. Tout simplement, les deux structures travaillent désormais en synergie d’actions afin de trouver des solutions idoines à tous les problèmes.
Ce qu’il faut d’abord savoir c’est que ce sont les intermédiaires qui sont en contact direct avec les caisses de France. Notre rôle ne semble en rien que de diligenter les acquis. Puisque ce sont ces intermédiaires qui font les dossiers, les envoient et sont les premiers à recevoir les notifications. Et puis, les intermédiaires indiquent aux ayants droits de se déplacer à Bamako pour leur argent. L’argent traité par l’INPS de la France est envoyé à la Direction des Relations Extérieures à Bamako. Qui servent de liaison entre les différents pays. Ainsi, cette structure fait la part des choses en identifiant et faire le dispatching de l’argent venu de la métropole. Alors, les bordereaux sont envoyés avec la plus grande précision à payer par chèque ou en espèces. De ce fait, nous payons les gens en fonction de la liste reçue de Bamako.
En réalité, le traitement dans le payement se fait en deux phases : la France et Bamako. Mais la remise de l’argent entre les mains des ayants droits se fait à Kayes. Mais, s’ils (les pensionnaires) arrivent et que nous leurs disons que l’argent n’est pas à notre niveau, ils pensent que c’est un refus de notre part.
Alors, à mon arrivée, avec l’association, nous avons réfléchi pour que les ayants droits n’attendent pas trop leurs sous. Ainsi, j’ai pris des mesures particulières. Sachant que je ne peux pas outrepasser mes compétences. Cependant, il y a quelques petites difficultés. Car, souvent, il arrive que la France bloque l’argent pendant un moment (3 ou 4 voire 5 mois) afin d’y voir clair. Ainsi, les français demandent certains documents notamment le certificat d’existence. Puisqu’ils doutent de certaines personnes à cause de leur âge avancé entre autres. Cependant, il faut signaler qu’après vérification, s’il s’avère que tout est normal, les français font le rappel. Et sans ambages, nous reversons la totalité aux ayants droits.
L’autre problème concerne la CRAM. Récemment, l’association est venue me voir qu’il y a certains qui ont 3 mois ou plus sans payement. J’ai dit que ce problème n’incombe pas à Kayes mais à tout le monde. Ainsi, il a été convenu entre l’association et moi de faire une lettre qui me sera adressée et que j’enverrai à Bamako afin que la solution soit cherchée à tous les niveaux. Au-delà, il nous est difficile de vous satisfaire. Sauf si vous nous donnez la liste des personnes concernées.
Cependant, ce qu’il faut savoir c’est que le payement de cette pension CRAM a une autre réalité. C’est-à-dire que lorsque la France envoie le bordereau concernant janvier – février – mars, il arrive à Bamako qui nous l’envoie comme avril et nous le nommons mai. Et sur le sujet, notre hiérarchie en a discuté avec l’association. Et ils ne se sont pas compris. On est en train de voir comment raccorder nos violons afin d’avoir la même appellation avec la France. Et ce qu’il faut savoir il y aura chevauchement mais cela ne veut pas dire que l’argent ne se paye pas.
Aussi, souvent il arrive que le père donne une procuration à l’enfant et qu’au courant de l’année, le père meurt. L’enfant peut passer l’année à prendre l’argent mais l’année suivante, il est obligé de se conformer à la réalité. Soit il déclare la mort du père ou il va truquer une procuration.
Lorsqu’on nous dise que des Maliens vont au Sénégal, il faut savoir qu’il y a beaucoup de Sénégalais qui viennent également au Mali. Aussi, sur ce sujet, j’ai mis à contribution l’association afin de faire un déplacement au Sénégal pour recenser les différences. Et nous sommes là-dessus.
Ce qui est clair, ils ont des problèmes et nous sommes en train de les gérer, de les résoudre. Aujourd’hui, il semble qu’ils sont assez satisfaits maintenant qu’avant. Notre objectif, c’est de les mettre à l’aise. Personne ne peut voler ou faire quoi que ce soit de leur argent. Il faut que cela soit clair. Sinon, je défie quiconque de me prouver le contraire. D’ailleurs, nous fermons les yeux sur beaucoup de choses qui lorsque nous dévoilons pourront être préjudiciables.
Ensuite, prenant la parole, M. Diabira (Association) indique que pourtant certains des retraités bénéficient de tout ce qu’on leur doit. Parce qu’ils ont des bras longs. Tandis que les autres croupissent.
M. Sissoko (INPS) a répliqué qu’ils n’en savent rien de cela. Cependant, soutient-il, les papiers sont tous faits en dehors de l’INPS et ce sont les hommes de l’association qui les font. S’il y a quoi que ce soit, ils n’ont qu’à balayer devant leur porte, a-t-il martelé.
MAHMOUD DJITTEYE, DIRECTEUR DES RELATIONS EXTERIEURES BAMAKO
Je suis chargé de gérer les différentes conventions avec le Burkina, la RCI, la France, le Sénégal, etc. A mon avis, les retraités sont une tranche d’âges qu’il faut gérer avec beaucoup de parcimonie parce que ce n’est pas évident. Mais dans le cas de la gestion conventionnelle de ces retraités, nous sommes des techniciens, une espèce de boite postale. Il faut savoir que nous assurons aussi la garantie et la moralité des payements qui leur arrivent. Surtout cela. Nous payons les français ayant travaillé au Mali en envoyant leur pension et réciproquement avec les maliens ayant travaillé en France. Le seul problème qui existe, je vous donne un exemple. Un retraité français pour le mois de janvier est payé entre le 05 et 09 février en France. Au Mali, il sera difficile pour nous de payer ce retraité le 10 du mois de février parce que nous n’avons pas le bordereau. Or le bordereau est le document comptable nous autorisant à payer. Parce qu’en même temps que le bordereau l’argent est envoyé. Le bordereau français qui arrive est à l’identique de celui du Mali qui est émis. Il faut noter qu’il n’est pas question qu’un centime manque. Donc, à ce niveau, il n’y a vraiment pas de problème.
Cependant, il arrive souvent que le bordereau français de janvier nous arrive en fin février et nous sommes obligés de le payer en mars. Il y a le décalage d’un mois mais nous prenons toujours le soin d’indiquer que c’est le mois de janvier français qui est payé. Même s’il est payé en mars, ainsi de suite. Le payement, c’est toujours selon le bordereau français et il n’y a pas un seul mois qui peut manquer. Le mois peut manquer au retraité s’il n’a pas envoyé son certificat de vie à la partie française, alors il le suspende. Et souvent, nous sommes obligés de les aider car certaines caisses françaises malgré les nombreux envois trouvent toujours un alibi de dire ne pas recevoir le certificat de vie ou celui de non remariage pour les veuves. Ce sont des documents périodiques comme on le dit dans le jargon qui déclenchent le droit. S’ils ne sont pas présents au Mali ou en France, le droit est suspendu. Cela peut amener du retard dans le payement de certains retraités. Mais dans le cas de la convention française, il y a deux cas d’école. Il y a ceux qui sont appelés la CNAV (caisse nationale d’assurance maladie) et puis les CASSAP, CRAM (caisse régionale d’assurance maladie) qui sont dans les provinces.
Le bordereau de ces caisses arrive souvent en retard. Il peut prendre 2 voire 6 mois, alors nous intervenons directement en téléphonant les caisses en leur demandant si elles peuvent nous faxer le bordereau. Mais beaucoup nous répondent en disant de ne pas être autorisées. Nous leur donnons des explications nécessaires. Malgré tout cela, certains retraités pensent que nous sommes les responsables de cette situation. Il faut dire qu’il y a beaucoup de difficultés techniques. Le bordereau de la CNAV arrive régulièrement, il y a le décalage de mois mais ceux de cette caisse sont régulièrement payés. C’est uniquement au niveau de CRAM qu’il y a quelques difficultés. Voilà, nous essayons tant bien que mal à les résoudre avec des coups de fils, des emails, etc.
Cependant, ce qui aurait pu faciliter tout cela, c’est que si la partie française à laquelle nous avons demandé il y a au moins 10 ans de nous faire parvenir les bordereaux sur les supports électroniques. Support électronique veut dire il y a plateforme qui peut accueillir le bordereau français. Si le bordereau est fini en janvier, nous préparons une plateforme technique qui peut recevoir les informations du bordereau français. Donc, ils sont automatiquement sur cette plateforme qui sera traitée alors en ce moment le bordereau français de janvier pourra être payé en février au Mali. Mais en France, il y a un organisme qui n’autorise pas que des informations concernant des individus soient sur autre support que sur le support papier. Saurait été la solution idéale.
Ceux qui pensent que leur argent part ailleurs se trompent. Nous sommes assez bien payés pour ne pas voler. Mais, je pense que c’est normal si on ne maitrise pas une situation de penser ainsi. Il faut savoir que ce sont des personnes âgées qui ont travaillé dure et elles méritent du respect et de la considération. Mais dans le cas de l’instruction et de la liquidation de leur pension, ils ne sont pas des techniciens donc certaines choses peuvent leur échapper. En fait, quand vous envoyez votre dossier pour la liquidation en France on vous envoie un 1er document pour vous dire que le dossier a été reçu et en traitement. A la fin du traitement, le payement se fait par l’INPS. C’est juste pour vous notifier le document mais cela ne veut pas dire que le document est accepté ou rejeté par la partie française. Une seconde étape, si le document étudié atteste que vous avez des droits, une notification est établie. Elle vous est envoyée ou on vous indique le montant mensuel de votre pension. Maintenant tout le traitement effectué est fait en rappel et indiqué sur la notification. On vous envoie une notification en février comme quoi votre pension court à partir d’octobre 2013 et vous la recevez en février. Mais cette notification ne veut pas dire que le bordereau que nous recevons en février ne veut pas dire que vous figurez sur ce bordereau. Vous pouvez figurer sur le bordereau de mars ou même d’avril. Mais toujours est-il que la partie française vous fera le rappel de toutes les périodes c’est-à-dire à partir du moment où court la pension jusque sur le bordereau sur lequel vous êtes payé. Et toutes les périodes sont indiquées. C’est pourquoi souvent les premiers payements sont des gros montants qui varient entre 1 et 10 millions. Quelqu’un qui reçoit sa pension en mars et qu’on lui a dit que sa pension à commencer à courir en octobre 2013, il se dira que j’ai été payé en mars et les autres mois. Il suffit alors de repartir le gros montant entre les autres mois. Car, c’est le rappel qui a fait que la pension a été de ce montant là. Souvent, il arrive qu’ils ne comprennent pas mais lorsqu’ils présentent le bordereau à travers les explications ils comprennent. L’argent sur le bordereau français est égal au montant versé en CFA.
Enfin, je dis aux parents Soninkés de Kayes de comprendre. D’abord, j’ai fait 3 ans comme Directeur régional de l’INPS de Kayes. J’ai sillonné tous les villages pour procéder à des payements ambulants. J’ai vu les efforts menés par les Soninkés vivant à l’extérieur pour leur patrie (eau, électricité, nourritures, centres de santé, habitats, etc.). Avant les payements, c’était dans l’ordre de 100 ou 150 millions, maintenant nous sommes à 500 ou 600 millions par mois et le traitement est sur ordinateur. Tous les retraités sont aux petits soins, nous ne pouvons pas déroger et nous faisons tout ce que l’on peut pour qu’ils aient confiance.
Il faut surtout noter qu’il est difficile pour une caisse en ce bas monde où tout est bien, surtout s’il y a des conventions à gérer. Même la législation interne, souvent il y a quelques petits soucis. Seulement que les retraités sachent que nous sommes à leur disposition afin qu’ils soient entièrement satisfaits.
Quoi qu’il en soit, ces différentes interventions mettent en exergue le problème récurrent de communication dans toutes nos activités. A chacun donc de jouer pleinement sa partition. Bien sûr que l’INPS fournit des efforts mais il y a également beaucoup d’imperfections à corriger. Puisqu’après des années de dur labeur, il est inadmissible de souffrir encore pour l’obtention de son dû. Affaire à suivre !
Boubacar DABO
Il n’ya aucune transparence à l’INPS. C’est une mafia.Il faut faire 15 ans de démarches de vas et vient entre Tominian et Ségou pour être inscrit ou avoir sa carte d’abonné. Cette boiter c’est la pourriture. Votre enquête a été commanditée par l’INPS et je doute de son impartialité.
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