Nul n’ignore que, de nos jours, la situation socio-politique et économique du Mali laisse à désirer. Le coût de la vie est excessif, les voix discordantes réprimées. Face à une telle situation, le peuple observe par compromission ou par résilience.
Conscient de la situation surtout économique chaotique, le président de la transition a, dans toutes ses adresses, salué la résilience du peuple. Pourtant, ce peuple ne voit pas encore le bout du tunnel. Il souffre, souffre et souffre. La crise énergétique que le Mali vit depuis février 2023, a aggravé la détérioration de la situation socio-économique. Sur le plan politique, la situation n’est pas non plus reluisante, surtout s’il s’agit de porter la contradiction aux tenants du pouvoir. Finalement, le peuple perdu dans cette situation reste dubitatif et ne sait plus à quel saint se vouer. S’agit-il d’une compromission ou d’une résilience?
La compromission se réfère souvent à la situation où certaines personnes abandonnent leurs principes ou modifient leurs positions pour obtenir un avantage politique, souvent au détriment de l’éthique ou des intérêts à long terme du peuple. Cela peut impliquer des alliances contre nature, la manipulation des lois, ou même des concessions faites sous pression ou pour des gains personnels. Au Mali, la situation actuelle reflèterait-elle exactement cette situation ? Y-a-t-il une compromission généralisée des élites jusqu’aux simples citoyens ? Ces questions restent ouvertes.
En tout cas, l’on peut constater qu’il y a une catégorie d’élites qui ont fait de la compromission et de l’hypocrisie leur sport favori et s’y accommodent bien sans scrupule aucun. Il s’agit de certains leaders politiques et de la société civile ainsi que d’opérateurs économiques. Viennent s’ajouter à ceux-ci, des influenceurs communément appelés au Mali activistes ou videomen, qui avaient été de grands soutiens du régime passé. Chacun d’entre eux agit par pur opportunisme, très peu étant de bonne foi. Pour ceux-là, l’avenir est sans équivoque,
Toutefois, certains sont restés derrière leurs principes
Cependant, force est de reconnaître qu’il y a une catégorie qui refuse la compromission, qui reste attachée aux valeurs, aux principes de démocratie, de justice, de vérité et de liberté. Ces personnes et ces organisations restent debout, font face avec courage, abnégation et une détermination rare en pareilles circonstances. Ils sont à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Beaucoup d’entre eux qui vivent à l’intérieur du pays ont subi les foudres du régime à travers des arrestations suivies de détention et de condamnation à des peines privatives de liberté.
La majorité entre résilience et peur ?
En dehors de toutes ces catégories, il y a le peuple, le grand muet qui s’en remet à Dieu. Il est composé de ce que l’on peut appeler “les indifférents”. Ceux-ci restent mésusés en attendant une situation meilleure. Ils ne revendiquent rien et pleurnichent au fonds de leurs maisons. Ils n’échappent pas à leur compromission. Ce sont eux qui payent le plus fort prix avec la cherté de la vie, les coupures d’électricité ayant conduit au chômage de plusieurs d’entre eux, la baisse du pouvoir d’achat, l’inflation, l’incertitude, etc. Peut-on qualifier leur comportement de résilient ? En tout cas, ils s’accommodent à la situation. Ils ont toujours été invités par le chef d’État à plus de résilience. C’est pourquoi à chaque occasion, Colonel Assimi Goïta les remercie pour cette posture. Cela va-t-il durer? L’avenir nous en dira.
Arouna Traoré