Situation sécuritaire au Nord-Mali : «Restons dans notre République et prônons la justice entre tous les fils »

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« La première bataille au Mali, c’est la lutte contre l’injustice, la corruption et l’impunité. Restons dans notre République et prônons la justice entre tous les fils et toutes les villes et régions du pays. »
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt dans le n°755 du journal « Le Challengeur » du jeudi 09/02/2012, la lettre ouverte de la ministre Zakiatou Ouallett Halatine au chef de l’Etat sous le titre «  Monsieur le Président, entre Républicains, on doit se dire la vérité ». Selon mes analyses, les attaques contre les populations blanches à Kati et ailleurs ne sont l’œuvre que de la foule car aucun homme sérieux avec un caractère noble et musulman ne s’attaquera jamais à son compatriote à cause de sa couleur. Je pense que c’est le travail de la foule. C’est la même foule qui avait tué le brillant cadre malien en mars 1991, j’ai nommé le professeur, ministre Bakary Traoré (paix à son âme). Il a été tué par la foule. Il ne mérite pas cela. Ceux qui l’ont tué ne sont que de vulgaires individus. En un moment, quand l’état n’existe pas, c’est le travail de la foule qui prévaut. Quand l’homme s’attaque à un autre homme et le tue à cause d’une moto Djakarta, il fera pire dans de telles occasions. Tous ceux qui se sont attaqués à leurs compatriotes à cause de leur peau ont une moralité douteuse.
Pour moi, un Etat, c’est la prévention. Combien de mois, le drapeau du MNLA a flotté au Nord du Mali ?  Qu’est-ce que l’Etat a fait pour prévenir ? Qu’est-ce que les populations du Nord ont proposé ici à Bamako et dans les différentes capitales régionales comme mesures préventives ? Un Etat qui n’a pris aucune mesure préventive par rapport aux mouvements du MNLA, ne va pas prendre des mesures préventives à Kati et ailleurs au Mali. Qui a prévu ces moments douloureux ?
Le ministre Zakiatou n’est pas la seule personne à perdre des parents dans les différentes rébellions des années 90 à nos jours. Presque tous les Maliens ont perdu des parents ou bien des personnes chères. Ce sont les conséquences d’une catastrophe. Elle ne doit pas oublier les premières attaques de la rébellion en 1990 à Ménaka. Le docteur Koné et l’agronome Younoussa Baba (paix à leurs âmes) sont des cadres maliens morts en mission commandée. Ils ont aussi des parents. Elle a oublié aussi le carnage de Bamba contre des populations civiles sans défense. Il y a des actions isolées qui peuvent échapper même à des Etats modernes et bien structurés.
Le vendredi 10/02/2012, à Bazi-Gourma dans la commune rurale d’Ansongo, c’est un chamelier blanc muni d’arme de guerre et accompagnés d’autres à pied qui se sont attaqués à une pauvre femme et ses enfants. La femme et ses enfants notamment une fille de 14 ans en classe de 6ème année, partis ramasser des bouses de vaches pour leur cuisine ont fait l’objet d’une agression. La fille de 14 ans a été étranglée et violée. Par la suite, elle est morte. Voilà les effets collatéraux d’une catastrophe. Il faut nommer  catastrophe, ce qui est arrivé à notre pays. Nous devons militer pour la paix dans notre pays car nous sommes les mêmes. C’est ‘’Cheytane’’ ou encore le Satan qui est en train de nous diviser. Les mêmes voleurs qui  sont capables de tuer quelqu’un pour une moto, sont à la base du pillage des domiciles et des magasins de nos frères. C’est aussi le ras-le bol pour paraphraser un journaliste malien. Il ne faut pas non plus oublier une citation du feu capitaine Thomas Sankara : «Celui qui mange à côté des affamés n’est pas en sécurité ».
Dans de telles situations, ce sont les innocents qui font les frais. Et quand de bonnes volontés veulent s’opposer à ces vandales, ils feront les frais parce que l’Etat n’existe pas. J’appelle ici Etat, la force publique. Quand  cette force publique est faible, elle ne peut pas faire face à la foule. Combien de policiers sont morts lors des événements de mars 1991 ? La première bataille au Mali, c’est la lutte contre l’injustice, la corruption et l’impunité. Restons dans notre République et prônons la justice entre tous les fils et toutes les villes et régions du pays.
Par rapport à la position de la France sur la question du Nord-Mali, elle est claire d’après son ministre des Affaires étrangères, M. Allain Juppé, dans la mesure où il a appelé notre pays à discuter avec le MNLA. On ne considère pas les déclarations de son ministre de la Coopération au Niger, en Mauritanie et au Burkina. La vraie position de la France est qu’elle est derrière le MNLA. C’est son ministre, Allain Juppé qui nous demande de discuter. La position de la France n’a pas varié depuis qu’elle a voulu faire un Etat saharien avant l’indépendance de notre pays. Mais,  elle a échoué devant les patriotes de l’US-RDA. Le Mali a eu le malheur de la gestion catastrophique de la « racaille » après le président Modibo Keita. La couverture d’honneur et de dignité qui couvre le Mali pendant cinquante-et-un ans s’est envolée en un seul jour ou une demi- journée. Le Mali n’avait rien le 22 septembre 1960 mais il était respecté sur l’arène politique internationale. Il était  dirigé par des hommes honnêtes et dignes.
Je réponds à M. Alain Juppé en lui disant d’aller discuter avec les talibans d’Afghanistan qui ont eu du succès en tuant quatre-vingt soldats français, morts pour rien, comme elle a eu à discuter avec le FLN en 1962 avec les accords d’Evian, comme elle a eu à discuter avec les Vietamiens dans leur débâcle de 1954.
M. Alain Juppé nous demande de discuter avec le MNLA en position de force pour humilier notre gouvernement et son ministre des Affaires étrangères. Voilà ce que feu Marcel Péju, ancien journaliste à « Jeune Afrique » écrivait en 2004 dans ce magazine lors du 50ème anniversaire de Dien Bien Phu. «Le bilan est lourd. Du côté français, sur plus de 15 000 hommes de troupes métropolitaines et coloniales, engagées à un moment ou à un autre, on compte 3 000 morts, et 10 000 partiront pour une dure captivité, dont 3 000 seulement reviendront. Du côté du Vietminh, sur 50 000 combattants, il y eut quelque 10000 à 15000 tués, outre les pertes civiles.
Reste, pour la France, à tirer les conséquences de la défaite. Ce que répugne à faire Georges Bidault, son ministre des Affaires étrangères et chef de la délégation à la conférence de Genève, où, multipliant les échappatoires, il n’adresse même pas la parole à un représentant du Vietminh.

La France et le MNLA!

Il faudra attendre le 18 juin et l’arrivée au pouvoir de Pierre Mendès France comme président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, après le renversement du cabinet Laniel, pour que la situation se décante. Résolu à mettre fin au conflit – comme le lui a d’ailleurs demandé le Parlement -, PMF s’est donné un mois pour conclure un accord. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, soutenu par le Britannique Anthony Eden et l’Américain Bedell Smith, avec l’amicale pression du Russe Molotov et du Chinois Chou En-lai, il réussit à convaincre le Vietnamien Pham Van Dong d’accepter un partage « provisoire » du pays à hauteur du 17e parallèle, la réunification ne devait intervenir que deux ans plus tard. Comme on le sait, elle n’aura lieu qu’en 1975, Washington faisant bientôt du Vietnam un « domino » de son combat mondial contre le communisme. Il y connaîtra alors une débâcle dont la gravité n’aura rien à envier à celle de la France. »
M. Alain Juppé a oublié les humiliations de la France pendant les deux guerres mondiales où ce sont des puissances alliées qui ont participé à la libération de la France. Pendant la première guerre mondiale, ce sont les anciens sofas de l’Almamy Samory Touré qui ont tenu aux Dardanelles en France devant les troupes allemandes. C’est le petit-fils de Samory que la France a combattu en Guinée, j’ai nommé feu le Président Ahmed Sékou Touré, l’homme du 28 septembre 1958. Les événements passés au stade du 28 septembre sous le régime de Moussa Dadis Camara sont une provocation de la France préparée par son hypocrite ministre girouette des Affaires étrangères M. Bernard Kouchner qui avait entretenu la rébellion de 1990 à travers son ONG « Médecins sans frontières ». Je l’appelle girouette, parce qu’il est devenu un « cube Maggi », en tant que socialiste et ancien ministre de François Mitterrand, il vient servir le « second Hitler » du monde, M. Nicolas Sarkozy.
Pourquoi, aucun ministre français n’a été en Algérie par rapport au problème du Nord-Mali ? Peut-être que l’Algérie n’est pas un Etat néocolonialiste. Il ne faut pas que la France cherche à déstabiliser le sud algérien à travers le MNLA, s’il arrive à s’installer ?
Nous aussi, au Mali, nous attendons mai 2012 pour la défaite de Sarkozy et partir sur de bonnes bases avec la France. Nous disons non à la France colonialiste et néocolonialiste. Nous espérons que François Hollande ne va pas entreprendre le chemin de leur ancien ami Bernard Kouchner qui a menacé le Mali dans l’affaire « Pierre Kamatte ». Nous espérons qu’il ne fera pas la politique de Sarkozy, car on sait aussi d’avance que les socialistes sont des « va-t-en guerre ».
La France à travers ses dirigeants est une puissance qui ne reçoit pas de leçons car c’est une puissance qui ne vit que de conflits. Elle vit du sang des autres. Elle est aussi une puissance revancharde. Elle n’a jamais oublié le 28 septembre 1958 en Guinée, la politique socialiste du président Modibo Kéita, sa défaite devant le FLN en Algérie. Elle n’a aucune considération pour ses anciens colonisés. Elle n’a pas d’amis mais des intérêts. Ce n’est pas aujourd’hui le même Sarkozy qui est venu personnellement à Bamako pour remercier le président ATT pour la libération de leur agent Pierre Kamatte.
Le Mali doit discuter son problème de sécurité uniquement avec ses voisins immédiats. Dans cette période difficile, nous sommes derrière notre Armée et tous les Maliens épris de paix doivent l’être. L’Armée malienne doit être la fierté de tout le peuple malien comme la France est la fierté de son armée. Rappelez-vous les événements du Kosovo où les français étaient fiers de leur armée qui était la première sur le terrain.
Vive le Mali indivisible  et pluriel.
Vive la paix.
Yacouba  Aliou

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4 COMMENTAIRES

  1. je remercie M.yacouba pour cette reaction. tout les bons citoiyens doivent agir de cette maniere.
    que dieu protege ce beau pays(MALI) Uu peuple-Un but-Une Foi.
    Si l’ennemi découvre son front
    Au dedans ou au dehors
    Debout sur les remparts
    Nous sommes résolus de mourir
    Pour l’Afrique et pour toi Mali
    Notre drapeau sera liberté
    Pour l’Afrique et pour toi Mali
    Notre combat sera unité……………………………….

  2. Ceux qui pensent tout resoudre par la guerre n’ont qu’à aller sur le front. Ou aller demander les turs contre les Kurdes, l’armmée colombienne contre les FARCs, l’armér senegalaise contre les rebels casamancais etc. Il faut se battre contre des agresseurs rebels certes, mais n’oublions pas le prix à payer. Nous devrons vite trouver une solution definitive et nous tourner le vers le developpement de notre pays

  3. Merci, voici quelqu’un qui sait reflechir et trouver ou se trouvent les racines d’un probleme. Tant que les causes causales ne seront pas identifiees et resolues nous allons continuer a nous entretuer.

  4. Tres bonne reaction et analyse de la situation. Monsieur les journalistes prenez l’example de Mr Yacouba et faite des bons articles qui peuvent faire comprendre a l’opunio nationale et internationale les fondements et les realites que nous vivons au lieu d;ecrire des histoires qui ne tiennent pas debout. Les rebelles ont deja la France, RFI et France 24 ains que la Mauritanie a leurs causes. la communication et les medias sont partie integrante de la guerre.

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