Les inégalités entre l’homme et la femme ne sont pas toutes, inhérentes à la gestion humaine de la société. La nature humaine a une grande part dans ces inégalités qui profitent dans plusieurs cas, aux seules femmes. Hélas, cet avantage est carrément détruit par les discriminations de toutes sortes.
Dotées par la nature de la fonction reproductive de l’espèce, les femmes ont un avantage biologique important : celui d’être plus résistantes que les hommes à tous les stades, depuis la vie intra-utérine, jusqu’à la vieillesse. Elles meurent moins à la naissance et leur espérance de vie ne cesse de distancer celle des hommes.
Ainsi, dans les pays développés, l’espérance de vie des femmes est de 88 ans contre 81 pour les hommes et 68 ans contre 61 dans les pays du Sud.
Un avantage de départ que les conditions de vie et les discriminations de toutes sortes (sociétés et économiques) dont les femmes sont victimes tendent à annuler.
Dans certains pays dont le nôtre, la situation des femmes est même alarmante, car beaucoup ne connaissent aucune période de bonne santé dans leur vie. Après l’avoir longtemps ignoré, les pouvoirs publics et les institutions prennent aujourd’hui conscience de l’impact puissant de la santé des femmes sur le reste de la population, notamment sous la pression des mouvements de femmes. Ceux-ci ont permis en particulier de disposer de données spécifiques. Lors des nombreuses rencontres des groupes de femmes au cours des conférences (Caire, Copenhague, Pékin entre autres), elles ont fortement insisté sur le lien entre santé des femmes et développement.
Les femmes pauvres, surchargées de travail et mal nourries, sont plus souvent malades et n’ont quasiment pas accès aux soins, par insuffisance de revenus et manque d’infrastructures. En outre, les femmes souffrent fréquemment d’une surcharge de travail et de stress, donc de fatigue. Enfin, l’analphabétisme est un autre obstacle de taille à la prise en charge de sa propre santé.
MALNUTRITION
La malnutrition affecte beaucoup plus les femmes que les hommes. C’est même le plus grand problème des femmes dans le domaine de la santé. En effet, dans le monde en développement, selon certaines études 44% des femmes et 55% de celles enceintes, souffrent d’anémie. D’autant qu’elles sont souvent victimes de discriminations dans la distribution de nourriture dans la famille et de nombreux tabous alimentaires. Associée aux maladies infectieuses ou parasitaires (paludisme), la malnutrition accroît en outre les taux de morbidité et de mortalité des femmes y compris pendant les grossesses. Elle augmente les risques pour la santé de la mère et de l’enfant, qui naît souvent prématuré et d’un poids insuffisant. Aussi, la maternité est un risque spécifique majeur pour la santé des femmes. Et selon nos sources sur quelques 200 millions de grossesses annuelles dans le monde, 23 millions présentent des complications graves. Conséquences : chaque année, 500.000 femmes en meurent dont 99% dans les pays en développement et 20 millions ne survivent qu’avec des incapacités graves et durables. En outre, entre un quart et un tiers des décès liés à la maternité sont la conséquence d’avortements, essentiellement clandestins. La grande majorité de ces morts seraient évitée si l’avortement était autorisé et surtout, si les femmes avaient facilement accès à la contraception.
Femmes et MST
Les femmes sont plus vulnérables aux maladies sexuellement transmissibles alors que la méthode de prévention la plus efficace, le préservatif, reste soumis au bon vouloir des hommes. Quant au Sida, il est devenu la principale cause de mortalité parmi les femmes de 20 à 40 ans dans les grandes villes notamment africaines. Elles sont aussi des millions à souffrir de maladies tropicales telles le paludisme, la filariose qui entraînent leur rejet par leur famille et leur communauté. Ironique contraste, ces mêmes femmes, constituent la majorité des personnels de santé et des médecins dans plusieurs pays.
Femmes et bâtons
La violence est entrain d’émerger à l’échelle mondiale comme une question sociale et de santé majeure. Elle affecte gravement la santé physique et mentale des femmes. D’un pays à l’autre, 20 à 30% des femmes seon nos sources sont battues au quotidien par leur partenaire. Dans les pays industrialisés, toujours selon les mêmes sources le viol et la violence au foyer font perdre aux femmes âgées de 15 à 44 ans, près d’une année sur cinq de vie en bonne santé.
Les femmes sont aussi victimes de violence en tant que réfugiées, travailleuses migrantes ou en exode rural. Au chapitre des violences, figurent aussi les mutilations sexuelles qui touchent 80 millions de femmes dans le monde. Les troubles mentaux touchent aussi, beaucoup plus les femmes. En général, associés à de situation de frustration, d’impuissance et de pauvreté, ils découlent directement du statut et du rôle social des femmes. Ainsi, la dépression frappe trois fois plus les filles qui ont subi des violences sexuelles et les femmes chefs de familles sont les plus exposées. Et pourtant, en même tant qu’elles souffrent plus d’une mauvaise santé, les femmes apportent paradoxalement une contribution essentielle à la santé de l’humanité.
Boubacar Sankaré