Le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques Sociaux et Culturels (CRADESC) a mené une étude sur la situation des travailleuses domestiques. Avec le soutien de l’Association pour la Défense des Droits des Aides ménagères et Domestiques, il a reçu à déjeuner des journalistes pour partager avec eux les résultats de cette étude.
CRADESC a mené une étude sur la situation des travailleuses domestiques à Bamako. De là découle l’initiative de promouvoir leurs droits économiques, sociaux et culturels pour contribuer à la réduction de leur vulnérabilité.
« L’étude menée en 2021 a permis de constater de graves manquements à l’application des règles du travail et violations des droits et libertés des travailleuses domestiques dont la grande majorité est âgées de 15 à 25 ans (64.5 %), ou 12 à 15 ans (31.37 %). Et aucune de ses femmes et filles interrogées ne dispose de contrat écrit, ni n’est déclarée aux organismes de sécurité sociale ou de contrôle du travail », explique les responsables de l’étude.
Le caractère informel du secteur expose ces travailleuses à des conditions de vie difficiles au sein du domicile de l’employeur : soumission à des longues heures de travail, absence de congés, manque d’hygiène et de sécurité du lieu de travail.
« La situation au Mali est la plus alarmante parmi les autres pays de la sous-région. Nous continuerons à nous battre, pour que le droit des travailleuses domestiques soit respecté », a dit Mme Diallo Sitan Fofana présidente de l’ADDAD.
Malgré d’énormes efforts déployés par les organisations pour la protection et la défense des droits humains, cette situation inquiète, car il a été démontré que 93.5 % des travailleuses domestiques perçoivent moins de 27 000 F CFA par mois. De nombreux cas de violences et de harcèlements sexuels ont été relevés et cette situation est illustrée à travers des différents témoignages des travailleuses domestiques âgées de 12 ans qui logent à l’Association de Défense des Droits des Aides Ménagères et Domestiques.
Malgré les nombreux cas de violences, l’enquête a révélé un faible recours aux instances judiciaires. 77.8 % des victimes préfèrent se confier directement aux parents, et le reste (22.2 %) choisit des confidences. Sur 10 cas ayant connu une issue heureuse, 9 l’ont été à travers un règlement à l’amiable et par mécanisme de la médiation.
Les résultats de cette étude indiquent l’urgence d’appuyer le plaidoyer pour la protection et l’émancipation économique des Travailleuses domestiques au pays.
« Le partage de ses résultats sera une occasion idéale pour inviter les différents acteurs à plus d’engagement au profit des travailleuses domestiques. Et l’Etat doit ainsi veiller à renforcer la protection des aides ménagères par l’adoption de dispositifs spécifiques au secteur et par l’application effective de toutes les règles déjà existantes. Aussi les syndicats et organisations de la société civile doivent davantage utiliser des méthodes efficaces pour accéder aux services des travailleuses domestiques afin de trouver des moyens optimaux pour mieux sensibiliser, former, appuyer et porter le plaidoyer en leur faveur », a conclu Mme Fadima Diallo présidente de CRADESC.
Aïchatou Konaré