Situation des immigrés en Algérie : Séquestrations dans des camps de concentration et expulsions

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  1. Moussa Samaké, président CSDM en Algérie, de passage à Bamako, nous fait un récit poignant sur la situation des immigrés et singulièrement les conditions de vie de nos compatriotes en Algérie, ce pays voisin qui défend mordicus ses intérêts n’en a cure grâce du respect des droits humains puisqu’avec cet accord semble-t-il, signé avec l’UE d’une valeur de sept milliards dont trois seraient déjà empochés. Entretien.

Mali Demain : Qu’est ce qui explique votre présence au pays ? Est-ce un retour définitif ?

  1. Moussa Samaké : Je ne pense pas mais, j’ai accompagné mes compatriotes expulsés d’Algérie à Bamako. Je compte retourner car j’ai laissé ma famille derrière moi. En tant que président CDSM Algérie, je dois défendre mes compatriotes en toute diversité, défendre leurs intérêts dans un pays comme l’Algérie où les employeurs ne paient pas les droits de nos compatriotes. Souvent, je fais des démarches au niveau des Tribunaux pour défendre nos compatriotes. C’est le lieu de rendre un grand hommage à la justice algérienne qui dit le droit, le vrai. C’est ce qui permet à certains employeurs de payer les droits de nos compatriotes abusés.

Mali Demain : Comment vous vivez en Algérie ? Comment se déroulent les expulsions ?

Expulsions manu militari…

  1. Moussa Samaké : La façon dont nos compatriotes sont expulsée est très choquante puisque souvent même nuitamment, des gendarmes débarquent sur les chantiers, dans les domiciles avec les indications de voisins, et les embarquent manu militari. Le gros problème, ce sont les conditions dans lesquelles ces expulsions se déroulent qui est humiliante, révoltante, voire inhumaine. Et pour cause, puisqu’on ne donne pas de temps à nos compatriotes de récupérer leurs biens (matériels, argent, salaires). Après cette expulsion manu militari, ce sont de jeunes qui envahissent les domiciles en pillant tout sur leur passage.

L’ambassade n’est pas associée à des expulsions

Par exemple, lors du rapatriement qui a eu lieu le 10 février dernier, j’ai été choqué d’apprendre par le canal de notre ambassade, qu’ils ne sont pas informés, encore moins, associés à ces expulsions. Je n’ai pas baissé les bras, j’ai aussitôt appelé la Direction nationale de la Police Algérienne puisque le CSDM est en train de recenser nos compatriotes parmi lesquels, certains étaient prêts pour retourner au Mali. J’ai demandé que les autorités algériennes arrêtent ces expulsions intempestives, inhumaines, humiliantes. La Direction Nationale de la Police Nationale a alerté celle de l’Intérieur et de l’extérieur afin qu’elle arrête ces expulsions.

Après mon intervention, les expulsions ont cessé

La Direction Nationale m’a demandé de décliner mon identité. Ce que j’ai fait en les rassurant que je suis le président de CSDM Algérie et que je suis en contact avec notre ambassade d’Alger. C’est là que la Direction Nationale après avoir demandé mon adresse, m’a rassuré qu’elle me rappellera pour dispositions à prendre par rapport à ma requête. Aussitôt, les expulsions ont cessé durant trois jours. J’ai avisé l’ambassade de cet entretien et la promesse que j’ai eue avec la Direction Nationale de la Police algérienne. Le hic est que le président du HCME Algérie, M. Camara,  n’est jamais disponible à chaque fois que je l’interpelle ou l’avise sur la situation de nos compatriotes.

Transfèrements dans des camps de concentrations

Toutes les péripéties vécues, nous ont permises de les matérialiser par des vidéos, des photos.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à chaque fois que les autorités algériennes procèdent  aux arrestations et aux transfèrements dans des camps de concentration de nos compatriotes, j’ai été toujours présent afin d‘intervenir en les recensant pour que nous sachions leur nombre exact.

Plus de deux milliards de nos francs abandonnés au près des employeurs…

A titre d’exemple, le 25 février, lorsque je suis intervenu, j’ai su que 76 de nos compatriotes ont été arrêtés et détenus. C’est là que nous estimons les montants abandonnés par nos compatriotes raflés un peu partout dans les Wilayas d’Algérie, auprès de leurs employeurs s’élèvent à plus de deux milliards de nos francs.

Des compatriotes mécontents étaient prêts à se révolter

C’est là que j’ai exprimé aux autorités algériennes ma douleur sur la forme des expulsions de nos compatriotes mécontents et indignés sur cette manière étaient sur le point de révolter de la méthode. C’est là que les autorités algériennes ont sollicité mon intervention pour calmer mes compatriotes afin d’éviter le pire. C’est là que les autorités algériennes ont expliqué que ces arrestations visent à aider les immigrants étant dans leurs pays respectifs car beaucoup d’entre eux sont de passage en Algérie (pays de transit) pour l’Europe. En réalité, les autorités algériennes veulent dorénavant éviter que certains immigrants ne soient embobinés par des bandits et autres terroristes pour déstabiliser ce pays. Ce qui risque de contaminer des jeunes algériens à intégrer ces groupes terroristes.

Les autorités algériennes par ces expulsions veulent arrêter les enrôlements d’immigrants par des groupes terroristes.

J’ai finalement pu calmer nos compatriotes ainsi que d’autres nationalités africaines à ne pas se révolter. C’est là que j’ai exprimé mon intention d’accompagner mes compatriotes afin de m’imprégner sur les conditions de voyage qui fait beaucoup de victimes.

Accompagnement de nos compatriotes expulsés

C’est ainsi que j’ai pris le chemin avec mes compatriotes où nous avons été conduit par les autorités algériennes jusqu’à la frontière avec le Niger, plus précisément à Inguizam. Durant le trajet, les autorités ont pris soin de nos immigrants en leur donnant à manger trois fois par jour et les distribuant des couvertures. D’Inguiza     m à Assamaka, près de 15 km de marche sans aucune protection, sous un soleil de plomb, nos immigrants et moi avions marché à pied sans eau, ni nourriture.

Des blessés, des malades…

C’est là où, on regarde le désert à perte de vue et où il y a trop de blessés (pieds cassés, enflés et même des morts à cause de la soif, du manque de nourriture). C’est là où j’ai marché à Assamaka en présence des représentants de l’OIM et des autorités nigériennes, qui doivent secourir ces immigrants sur ce trajet, sans avoir intervenu. J’ai pu quand même louer une voiture pour transporter des blessés et des malades jusqu’à Assamaka.

Assamaka, sauve qui peut

Ici, tout se paie : à boire, à manger. Là-bas, j’ai pris contact avec la gendarmerie nigérienne sur des cas de blessés graves afin d’avoir une réquisition pour ceux-ci ainsi que des malades comme ce compatriote devenu fou, qui a disparu. C’est là où j’ai été conduit au  point focal de l’OIM qui doit s’occupé des immigrants. Rien n’a été fait pour nous.

Le lendemain, j’ai demandé à mes compatriotes des volontaires pour aller à Arlit, base de l’OIM afin de signaler notre situation. Nous avons pu embarquer dans deux camions à nos frais. Toute une journée, nous avons roulé dans le désert pour arriver vers 18h à Arlit sous un soleil de plomb.

Arlit, compte-rendu au bureau de l’OIM

Ici, le représentant de l’OIM a déploré le fait que leur point focal n’a pas signalé l’arrivée des expulsés. Nos autres compatriotes sont restés à Assamaka où le bureau de l’OIM à Arlit a mis la pression afin qu’ils soient ramenés puisque parmi eux, il y avait un blessé grave. Et le bureau de l’OIM a signalé le départ d’un représentant de l’ambassade dépêché pour s’occuper de nos compatriotes dont certains broyaient du noir depuis un mois sans assistance. C’est là que j’ai interview mes compatriotes et les a recensé.

Bakchich, tracasseries par voie terrestre

C’est là que j’ai appris le blocage de nos compatriotes à Arlit à cause de pots de vins devenus un vrai Busness qui ne dit pas son nom et  où l’OIM ne peut rien. Ceux qui ont les moyens et qui empruntent la voie terrestre Arlit/Niamey6Ouaga-Bamako, sont dépouillés pour la plupart. C’est là où je suis venu avec huit de nos compatriotes. En tout cas, partout je suis passé en me présentant comme président CSDM Alger, nous avons été bien traité. C’est le lieu ici de remercier toutes les autorités des pays traversés et Algériennes. Aussi, il faut dire que la  façon dont nos compatriotes  sont expulsés dans certaines Wilayas d’Algérie, sont déplorables. J’invite pour ce faire, les autorités algériennes à tenir comptent de ces faits car nos deux peuples sont condamnés à vivre ensemble.

Propos recueillis par BokariDicko

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