Malgré la signature et la ratification par le Mali de l’ensemble des conventions et traités relatifs aux droits de l’homme et, en dépit d’un discours officiel particulièrement porté sur la parité, la femme dans notre pays continue de supporter le poids des traditions et coutumes dégradantes.
Ces traditions, que l’on identifie, tantôt aux valeurs historiques, tantôt à la nécessité de maintenir par le haut, le nivellement de l’ordre social, consacrent l’exclusion de la femme et la confinent dans le rôle séculaire d’auxiliaire aux relents esclavagistes, dont notre régime patriarcal tire, à la fois sa légitimité et sa suprématie canonique.
Il n’est, par ailleurs, un secret pour personne qu’au Mali, le statut de la femme-objet n’a pas évolué d’un iota depuis la nuit des temps et, qu’en dépit de quelques exceptions, qui confirmeraient les règles fondatrices de la phallocratie ambiante, les responsabilités qu’on lui confie parfois ne la mettent pas à l’abri des travaux ménagers et de leurs lots de brimades quotidiennes.
L’on sait également que les mariages forcés des mineures, qui traduisent une tendance à la hausse de la pédophilie, se nouent avec la bénédiction, voire la complicité, des officiers d’État civil et des juridictions dont relève pourtant le devoir de protéger les enfants et de veiller à l’application, par le pays, des lois internationales auxquelles il adhère. L’on sait aussi que les femmes qui deviennent chefs de ménages par le fait des divorces et qui représentent le taux le plus important au sein des groupes éligibles à l’attention et à la solidarité internationales, supportent à elles seules l’ensemble des conséquences découlant de l’attitude des forces réfractaires à toute évolution de l’ordre établit.
Il ressort de ce constat, non exhaustif, que les réformes consenties par le Mali, souvent sous la pression de ses partenaires étrangers, ne peuvent pas porter et qu’il est, par conséquent, urgent que la communauté internationale prenne ses responsabilités pour aider à démanteler l’un des derniers bastions africains où les droits de la femme continuent d’être foulés aux pieds.
Mariam Konaré