Situation économique et social au Mali : Impasse politique ou mal Gouvernance ?

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Si notre Pays n’est pas en crise ouverte, il est aujourd’hui dans une impasse réelle,  résultats  d’hésitations politiques, d’absence de volonté politique de  résoudre les problèmes de fonds.  En effet la frénésie soudaine autour des élections cache une impréparation réelle et le flop au niveau de l’Université n’est pas sans rappeler 1982, année de triste renom pour les maliens sans oublier que AQMI campe au nord après s’être approvisionné à souhait en Libye et on se demande si elle ne serait pas tentée de se rappeler au bon souvenir des gens pendant cette année électorale. L’image du Pays a pris un coup malgré le dynamisme de notre ministre des affaires étrangères.

 Le 29  juillet dernier le Président Barak Obama recevait dans son Palais de la Maison Blanche les Présidents Boni Yayi du Bénin, Alpha Condé de Guinée, Alassane Dramane Outtara de Côte  d’Ivoire et Mahamadou Youssoufou du Niger. Le message avait l’avantage d’être très clair : rassurer les démocraties francophones d’Afrique de l’Ouest du soutien de la Maison blanche à travers des présidents fraîchement portés au pouvoir par leurs peuples.

 

Cela n’a pas empêché certains observateurs de se poser la question de savoir pourquoi leurs dirigeants à eux n’ont pas eu droit aux mêmes attentions et aux mêmes honneurs car conférer avec le Président de la première Puissance mondiale et en même temps chef de file des puissances occidentales c’est sans doute un des vœux les plus chers à tout dirigeant africain en particulier. Les relations avec Washington sont aussi une indication du baromètre diplomatique d’un Pays. En ce qui concerne notre Pays, nous ne sommes pas à l’agenda pour diverses raisons, les autres beaucoup moins.  Le 29 Juillet il s’agissait de conforter des  pays qui venaient d’organiser avec succès leurs élections ce n’est pas encore le cas du Mali. Il n’en demeure pas moins que notre pays est considéré comme en sérieuses difficultés d’où la désaffection quasi générale des pays occidentaux à notre endroit et ce malgré le dynamisme de notre ministre des Affaires étrangères M. Soumeylou Boubeye Maiga.  

 

 

Avec Washington

 Le Mali a eu c’est vrai ses heures de gloire et même une lune de miel pourrait-on dire, inaugurée par l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita au milieu des années 90 après un voyage historique où il fit si bonne impression que les américains furent tentés de le prendre comme Secrétaire Général des Nations Unies en lieu et place de Boutros Boutros Ghali. Après le flop qui s’en était suivi face aux intrigues de Palais qui firent avorté cette belle initiative, le Président ATT a lui inauguré une ère nouvelle au point que les GI peuvent aujourd’hui patrouiller au nord ou même faire des  escales remarquées dans notre Pays en partance ou retour des fronts de l’Afghanistan et d’Irak. Mais tout cela semble aujourd’hui relever du Passé et notre Pays est aujourd’hui dans une phase d’impasse Politique et sociale dont les conséquences rejaillissent sur son image internationale. Les assurances et réponses attendues n’ont pas été données aux Partenaires inquiets et méfiants face à une situation qui à leurs yeux peut déraper à tout moment. En clair les clignotants sont à l’orange voire parfois au rouge. Et pour diverses causes.

 

Un front intérieur incertain

A tort ou à raison beaucoup d’observateurs pensent que la fin de mandat du Président Amadou Toumani Touré se passe dans une certaine confusion qui ne garantit rien d’un avenir certain. Une vision trop pessimiste certes mais sentiment malheureusement mieux partagé face aux hésitations du pouvoir en place et en l’absence de gouvernance réelle du Pays. Un élément de preuve parmi tant d’autres, la perte de  50 milliards de francs CFA affichée par le secteur du Tourisme en deux ans. Bamako ne peut plus en effet accueillir de grands évènements de portée mondiale, le pays étant jugé peu  sûr au plan sécuritaire.

A cela s’ajoute l’impression d’impréparation des élections à venir tel que l’inquiétude justifiée de la classe politique qui demande à voir le fichier électoral, le scepticisme de certains leaders politiques et de simples citoyens qui se demandent si les délais de tous ces rendez vous électoraux pourront être tenus. Il s’agit du Referendum, de la Présidentielle, et des législatives de 2012, un calendrier à l’évidence serré. Et si on ajoute à ces défis l’inconnue relative aux intentions d’AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) pendant les prochains mois AQMI qui campe à Kidal et à Tombouctou mais qui peut à tout moment descendre vers Nampala ou même près de Kwoula dans la région de Koulikoro, on se dit que décidément on est loin de sortir de l’auberge. Vu de l’extérieur donc le Mali renvoie l’impression d’un pays en crise où les choses peuvent à tout moment prendre la mauvaise direction. Le dernier coup dur qui assombrit davantage une situation socio politique morose, c’est la fermeture sine die de l’Université.  Le sentiment d’un pays où les choses sont  sens dessus  dessous. Ce n’est pas un hasard si le taux de croissance positif certes mais est seulement de 5, 04% pour un taux espéré de 7% seuil nécessaire pour un réel développement. Normal donc que tout le monde attende non sans impatience que l’on sorte vraiment d’une transition politique dont on ne voit pas très bien les contours.

Le régime est-il à bout de souffle ?

Oui vous répondront beaucoup de gens ; puisque les lignes ne bougent plus sur aucun front sinon négativement. La stratégie de défense au nord a montré ses limites ; la crise scolaire a atteint un niveau jamais imaginé jusqu’ici, à savoir l’année blanche que les maliens n’avaient plus connue depuis 1994. Année électorale oblige le consensus politique n’est que de la façade, tous les grands leaders politiques craignant désormais la manipulation et manœuvres politiques qui caractérisent notre système démocratique et personne ne lit avec certitude l’avenir  du Pays, le jeu de l’ombre décidant en dernière analyse et du sort des partis politiques et de celui des leaders. On peut cependant se rassurer que le régime n’est pas à bout de souffle au sens premier du terme mais sûrement à bout d’imagination et de volonté à prendre les bonnes décisions courageuses. C’est cela la mal gouvernance, les résultats de calculs politiques trop compliqués et l’absence de volonté politique à mettre le pays en marche. Cela fait qu’au terme de deux mandats consécutifs du général, on est en passe de perdre le crédit ce que l’on a engrangé pendant dix ans en termes d’estime internationale et de crédibilité auprès des autres.

 

Piyahara Diamouténè


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