L’Administration Pénitentiaire et de l’Education Surveillée tient depuis ce lundi à Sikasso sa quatrième conférence annuelle sur le thème de ‘’l’Administration Pénitentiaire face à la pandémie de la COVID-19’’. Si ce service a réalisé des performances satisfaisantes dans la lutte contre cette pandémie, il demeure confronté à des milliers de cas de détenus non jugés.
« Les prisons maliennes ont enregistré zéro cas d’infection de coronavirus. C’est l’un des rares cas au monde.» C’est en termes que le directeur national de l’Administration Pénitentiaire et de l’Education Surveillée, Ibrahima Tounkara, a fait le point du plan de la lutte contre la COVID-19 dans le milieu carcéral malien. Ce plan, a-t-il dit, a permis la signature de 4 décrets présidentiels libérant plus 1 000 prisonniers, transférant 400 dans la nouvelle prison de Kéniéroba pour désengorger la maison centrale d’arrêt de Bamako et de distribuer des masques à tous les détenus. Celle-ci abrite environ 2500 prisonniers.
Ces résultats positifs, s’ajoutent à la signature d’un partenariat avec la pharmacie populaire du Mali pour la fourniture des médicaments de qualité et en quantité et une enveloppe d’un milliard FCFA débloquée pour la prise en charge de la nourriture des détenus.
Par ailleurs, le chef de l’administration pénitentiaire malienne a loué les retombées du Programme d’appui à la justice au Mali II (PAJM II) et le projet GFB Nelson Mandela, financé par l’UE et le Royaume des Pays-Bas. Lesquels contribuent non seulement à améliorer la situation carcérale, mais à garantir une justice digne des personnes et des droits humains. Pour l’Ambassadeur de l’UE, Bart Ouvry, ce projets a permis de rénover plusieurs prisons et de construire des nouvelles à travers le pays, des détenus bénéficiant d’activités professionnelles visant à favoriser leur réinsertion, de former des surveillants de prisons, d’informatiser le fichier carcéral dans le but de prévenir les cas de dépassement de délai de détention ou provisoire etc. Ce financement s’élève près de 4 milliards FCFA, selon ce diplomate.
« Brigade d’intervention rapide »
Malgré ces avancées notoires en termes de respect des standards internationaux, les prisons maliennes font face à une surpopulation, une insuffisance de personnel surveillant et la menace des attaques terroristes. La DNAPES annonce environ 7 000 détenus pour 60 maisons d’arrêt sur l’ensemble du territoire pour seulement 700 surveillants de prisons. « Seulement près de 25% parmi ces 7000 prisonniers sont condamnés », précise la DNAPES. Pour pallier à cette situation, explique Ibrahima Tounkara, l’Etat a réalisé à Kinieroba, situé à une trentaine de Km de Bamako, une prison d’une capacité d’accueil de 2500 prisonniers, le recrutement de nouveaux gardiens de prison et la mise en place progressive d’une brigade d’intervention rapide contre les éventuelles attaques des lieux de détentions. Le chef de cabinet du ministre de la justice et des droits de l’Homme, Bakary Sogoba, présidant les travaux de cette conférence annuelle, a réaffirmé l’engagement du gouvernement à maintenir le cap les détenus à l’abri de la COVID-19, en améliorant les conditions de détention et de travail des surveillants de prisons.
Siaka DIAMOUTENE, envoyé spécial à Sikasso pour Maliweb.net