La misère des unes fait le bonheur, plutôt la richesse des autres. Ainsi pourrait-on résumer le phénomène. Il s’agit du proxénétisme. En effet, le phénomène n’est pas nouveau au Mali, mais il a rarement atteint de telle proportion. Pour cause, si autrefois les villes étaient les destinations favorites des proxénètes et leurs victimes, ces derniers temps, ils ont trouvé d’autres destinations non moins lucratives. Ce sont les sites d’orpaillage. Lesquels ont connu un développement fulgurant ces dernières années. Pour arriver à leur faim, les trafiquants ne manquent pas de méthode pour convaincre leurs victimes.
Organisés en réseaux, les proxénètes et leurs complices recrutent, selon nos investigations, en grande partie dans les pays de la sous région, comme, la Guinée, le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, entre autres. Leurs cibles favorites sont les femmes et filles désœuvrées à la recherche d’emploi et candidates à l’immigration. Certains trafiquants usent de la bouche-a-oreille et leurs relations personnelles pour attirer leurs cibles, mais pas seulement. Car il existe d’autres méthodes plus complexes et bien ficelées. Selon nos investigations, pour échapper à tout soupçon les trafiquants font souvent recours à des publicités dans les journaux et sur les réseaux sociaux en vue de se faire passer pour des bureaux ou salon de mariage. Et à en croire certaines victimes que nous avons rencontré, au cours de leur périple, elles sont prises en charge (frais de transport, nourriture) par les proxénètes, de leur pays de départ jusqu’à leurs destinations finales. Triées par catégorie, les meilleures d’entre elles, celles là même que d’aucuns appellent filles de joie ou prostituées sont ensuite placées dans les bars et hôtels de Bamako et des capitales régionales. Et d’autres sont destinées aux différents sites d’orpaillage.
En retour, pour chaque fille placée, les proxénètes perçoivent des commissions de la part des promoteurs de bars, mais aussi de leurs victimes (les prostituées). Toute chose qui est illégale aux yeux de la loi. Bien que réprimé par la loi au Mali tout comme dans d’autres pays du monde, le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur d’année en année au grand dam de la brigade des mœurs, qui visiblement semble avoir d’autres chats à fouetter qu’à s’occuper de telle mission.
Pire, à en croire des sources bien introduites, certains des trafiquants auraient des complices dans l’administration publique. Opérant ainsi en bande bien organisée et structurée, des individus sans vergogne, profitent des difficiles conditions de vie de leurs victimes pour s’enrichir indûment. Or, c’est un secret de polichinelle, que ce phénomène est à l’origine de plusieurs maux dans la société malienne. Parmi, lesquels : la prolifération des maladies sexuellement transmissibles, l’alcoolisme, le trafic de stupéfiants, la violence, entre autres. Surtout que le phénomène échappe à tout contrôle, sur les sites d’orpaillage. Du coup, ces zones sont devenues par la force des choses, et au grand regret des populations locales, le nid de toute sorte de maladies, mais aussi de banditisme et trafics de stupéfiants. Les derniers événements de Kobada nous en disent long sur le degré de porosité de la situation. Même si quelque part, les gendarmes supposés être les forces de sécurité se sont plutôt comportés, dans une certaine mesure en force de répressions.
L’Etat doit agir pendant qu’il est temps !
Lassina NIANGALY