Sekou Zana Traoré, juge de paix de Kangaba : Ce jeune magistrat qui mérite une attention particulière des autorités

1

A Kangaba où il sert il y a seulement quelques mois, «ce monstre à trois têtes» force le respect de par son sens élevé de la recherche de la paix sociale. Lors de la cérémonie de signature du protocole d’entente entre les populations de Samaya, ce lundi, tous (autorités judiciaires nationales, autorités locales et résidents de la localité) ont unanimement loué la clairvoyance de ce juge de paix, âgé de 40 ans à peine.

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, dit le poète. Cette assertion sied  au parcours de Sékou Zana Traoré, juge de paix de Kangaba, dans le Mandé. Lui qui, à 38 ans seulement et en 12 ans d’expérience professionnelle, fait la fierté des populations qui l’accueillent, et même des autorités judiciaires du Mali. A preuve, lors de la cérémonie de signature d’un protocole d’entente entre les populations de Samaya, Niaouléni et Kobada (dans le cercle de Kangaba) ce 30 mai 2016, celles-ci ont, dans un élan commun, exprimé leur reconnaissance au juge conciliateur. Sékou Zana Traoré, si l’on en croit les protagonistes, est l’un des rares juges, sinon le seul, à s’être véritablement impliqué pour le règlement de ce conflit qui durait depuis quatre ans. De mémoire des autorités judiciaires présentes à la cérémonie, en l’occurrence le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Mohamed Lamine Coulibaly, et le représentant du ministre de la Justice, Sékou Traoré (à ne pas confondre avec le juge de Kangaba), c’est l’une des rares fois que les responsables de la justice au plan national sont invités à témoigner les hauts faits d’un magistrat. «Le plus souvent, nous sommes contactés lorsque le juge se reproche tel ou tel acte», souligne M. Traoré, chef de Cabinet du ministre de la Justice. Il a ainsi souhaité que le comportement du juge de Kangaba inspire d’autres magistrats de notre pays. Ce, pour la consolidation de la paix sociale.

D’un air très jeune mais sage, Sékou Zana Traoré a humblement mis son exploit sur le compte de l’aide divine. Tout en priant que ce protocole soit celui d’un accord définitif, le jeune homme de droit s’est montré conscient d’une chose. C’est que le juge de paix n’a pas pour mission que de trancher les litiges par la voie du droit. Il doit, autant que faire se peut, chercher à concilier les protagonistes à l’amiable qui, poursuit-il, reste l’une des meilleures voies de consolidation de la paix sociale. Et l’homme s’engage déjà à ne ménager aucun effort pour que de tels protocoles d’accord voient le jour partout où cela est nécessaire dans le ressort de sa juridiction. C’est ainsi dire qu’autant notre magistrature compte des brebis galeuses en son sein, autant elle regorge des magistrats, comme Sékou Zana Traoré, qui sont conscients de leurs missions et les accomplissent avec responsabilité et conviction.

Sékou est né en 1978 à Karangana, dans la région de Sikasso. Il fit ses études primaires dans le même village. Après l’obtention du Certificat d’études primaires (CEP) en 1991, il est admis à l’école fondamentale de Yorosso, où il décroche le DEF avec 17 de moyenne (l’un des premiers nationaux). Il entre ainsi au Lycée Danzié Koné de Koutiala, où il est brillamment admis au baccalauréat en 1998. Bénéficiaire d’une bourse pour Bordeaux, Sékou n’ira pourtant pas en France pour des «rasions politiques». On lui propose une bourse pour le Maroc, où il devrait poursuivre des études commerciales. Mais, il préférera s’inscrire à l’Université de Bamako (Mali), d’où il sort, en 2002, avec une Maîtrise en droit des affaires. Après un passage à la Bceao et dans différents cabinets d’avocat en qualité de stagiaire, Sékou est admis au concours des auditeurs de justice en 2004. Une fois le diplôme de l’Institut national de formation judiciaire en poche, il est affecté au Tribunal de Koulikoro comme juge au siège et vice-président du tribunal. Bénéficiant de la confiance des autorités, il est promu, en 2011, juge d’instruction du pôle économique et financier, chargé des régions de Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal. Cumulativement, il est nommé juge des enfants de Mopti, juge d’instruction du tribunal de grande instance de Mopti et juge d’instruction  du tribunal militaire de Mopti. Depuis décembre 2015, Sékou Zana Traoré est le juge de paix à compétence étendue de Kangaba.

Bakary SOGODOGO

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.