Seizième Edition du forum de Bamako : Les défis de l’émergence balisés pour éviter le chaos

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Le PM Modibo Keita

Près de 300 participants (des décideurs politiques, des chercheurs et universitaires, des représentants du monde de la finance et du secteur privé, des étudiants…) venus de tous les continents ont participé à la 16ème  édition du Forum de Bamako. Durant trois jours (du 18 au 20 février 2016), ils ont débattu à travers 9 panels de diverses thématiques liées au thème central de cette édition, «l’Afrique entre chaos et émergence».    

«L’Afrique, entre chaos et émergence» était le thème central de la 16ème édition du Forum de Bamako (18 au 20 février 2016) qui a pris fin le week-end dans notre capitale par une soirée-gala.

Les trois jours de travaux ont été consacrés aux problèmes auxquels le continent africain est confronté au quotidien dans sa quête d’émergence.

Les débats ont ainsi porté sur la migration et ses enjeux sécuritaires et économiques, le radicalisme religieux, le chômage, le développement de l’entrepreneuriat jeune, la qualité des services publics et la gouvernance, les avancées de l’intégration régionale, le genre, la refondation des systèmes éducatifs en Afrique, les TIC…

Spécialistes, décideurs, chercheurs, chefs d’entreprises et médias étaient ainsi invités à baliser la voie de l’émergence de l’Afrique à l’horizon 2035 à travers les contraintes, les défis et les opportunités.

«L’Afrique est un continent de paradoxe» avait déclaré M. Abdullah Coulibaly, président du Forum de Bamako à l’ouverture de cette édition.

«Certains voient l’Afrique comme un continent sans avenir, affecté par les guerres, le narcotrafic, la famine, la pauvreté, la corruption… D’autres la considèrent comme le continent de l’avenir avec ses ressources minières et sa croissance économique. D’autres encore pensent que l’Afrique, c’est à la fois le chaos et l’émergence», avait-il précisé pour camper les débats qui ont été souvent très houleux.

Mais, de façon générale, les participants pensent que la «rareté et le gaspillage» des richesses  est l’une des raisons essentielles de son sous-développement.

«Quand vous regardez le PIB, on s’aperçoit que ce qui prend la plus grande partie des investissements en Afrique c’est la construction de routes…Souvent, 20 milliards F CFA sont attribués pour la construction de quelques kilomètres des routes qui d’ailleurs, ne tiennent pas plus de 5 ans…», a déploré Mme Reckya Madougou, ex-ministre de la Justice du Bénin.

«Les perspectives de long terme que nous identifions pour nos pays, émanent la plus part du temps des différents programme d’ajustement aux réformes économiques dans lesquelles on les engage sans tenir compte de nos réalités», a diagnostiqué Mme Madougou.

«Ce sont les Africains eux-mêmes qui retardent le développement de l’Afrique», s’offusque-t-elle finalement. Et cela parce que les dirigeants africains donnent la priorité aux secteurs pouvant leur permettent de bien profiter des efforts des contribuables (corruption et délinquance financière).

Le développement progressif se programme pour faire avancer un Etat. En investissant par exemple «10 milliards de F CFA sur les jeunes de votre pays, vous pouvez rendre autonome durablement plus de 50 millions d’Africains. Il faut donc mettre en place des projets pour financer les projets, notamment pour les femmes et les jeunes», recommande Mme Reckya Madougou.

 

Une contribution indispensable à l’émergence

Pour le Premier ministre Modibo Kéita, «l’émergence de l’Afrique passe par la lutte implacable contre l’insécurité, l’impunité et l’illégalité. C’est la rupture de la légalité qui conduit à l’instabilité».

D’où la nécessité, préconise M. Kéita, pour les dirigeants africains d’améliorer les méthodes de gestion en faisant «des choix courageux pour faire un démenti cinglant au paradoxe africain». Cela d’autant plus qu’entre «le chaos et l’émergence, il faut toujours choisir le second».

«L’émergence du continent africain passe aussi par la formation, la valorisation des ressources humaines, le développement des infrastructures, la maîtrise des enjeux démographiques», a indiqué le Pr Alioune Sall, un brillant intellectuel sénégalais.

«La gouvernance est également une approche importante dans les liens entre les pays et également entre les Etats et les citoyens», ajoute-t-il.

Considérée par des experts comme la 6e région de l’Afrique, la diaspora doit être plus que jamais impliquée dans les stratégies de l’émergence économique du continent.

«Chaque année, la diaspora offre environ 40 milliards de dollars à l’Afrique», a assuré M. Liévin Feliho, président du Cercle Humaniste d’Engagement et de Réflexion pour l’Avenir de l’Afrique (CHERPAA).

L’impact de cette contribution financière est substantiel dans l’économie locale et elle est indispensable à l’émergence de nos Etats, donc du continent.

Constatant que la diaspora est un acteur de développement, cet expert souhaite que soit optimisé son potentiel financier au profit de l’Afrique pour lui permettre de faire face aux grands défis du développement, notamment dans les secteurs environnemental, sécuritaire, industriel…

L’émergence de l’Afrique, ont également défendu certains intervenants, passe par le développement des nouvelles technologies. Un domaine dans lequel le continent doit éviter d’être largué car «l’essor de la sphère digitale peut impulser son développement économique et social».

Mission accomplie pour les participants

Il est déjà réconfortant de constater que les nouvelles technologies touchent en Afrique tous les secteurs d’activités, notamment l’industrie, la finance, l’agriculture, la santé, les énergies renouvelables, l’éducation…

«Grâce aux NTIC des perspectives incroyables se dessinent et plus particulièrement en Afrique… La croissance africaine s’est réveillée avec l’émergence des réseaux de télécommunication», a démontré M. Gilles Babinet, Digital champion de la France auprès de la Commission européenne.

L’accès à l’information et les services qu’offre aujourd’hui le mobile sont les deux leviers qui expliquent cet apport qui est d’une importance capitale.

L’objectif général du Forum de Bamako, avait indiqué M. Abdullah Coulibaly à l’ouverture, était de trouver «une issue en vue de sortir définitivement le continent africain du chaos pour le mettre sur les rails de l’émergence».

Pour le Pr Alioune Sall, l’événement a répondu à «toutes les attentes». Ainsi, en dépit des divergences, les participants ont pu s’accorder sur certaines approches de développement du continent, notamment de la transformation structurelle, du développement macro-économique, la mise en place de politiques monétaire et fiscale favorables à l’émergence du secteur privé.

Abdallah Coulibaly a remercié ses invités pour la qualité des débats. En sa qualité de président du comité d’organisation du sommet Afrique-France prévu en janvier prochain dans notre pays, il a rappelé que le présent Forum lui a permis de jauger les capacités d’accueil des infrastructures de notre capitale.

Au finish, ils sont nombreux les participants qui pensent que c’était un «indispensable aiguillage» avec «des débats pertinents et des propositions concrètes» pouvant aider l’Afrique à «éviter le chaos».

Moussa Bolly

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