La campagne « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre » est une campagne internationale qui a été lancée en 1991 lors du 1erinstitut international pour le leadership des femmes. Ces 16 jours d’activisme ont commencé le 25 novembre dernier et ont pris fin le 10 décembre, Journée Internationale des Droits de la Personne.
Cette campagne est l’occasion de susciter une prise de conscience sur les violences basées sur le genre et d’agir pour les éliminer. Pour cette année, le thème international retenu était : « ne laisser personne pour compte : mettre fin à la violence contre les femmes et les filles » et le thème nationalétait : « ensemble, engageons-nous pour mettre fin aux violences faites aux femmes et filles migrantes et déplacées ».
Organisés par le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et ses partenaires, ces journées ont pour objectif de susciter une plus grande prise de conscience des participant(e)s, du gouvernement, des autorités politiques, administratives, des responsables des collectivités territoriales, des organisations internationales et nationales, des services techniques, de la société civile et des ONG sur les violences faites aux femmes et aux filles migrantes et déplacées.
En effet, l’origine de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes remonte à 1960, lorsqu’en République dominicaine, les sœurs Mirabal furent brutalement assassinées parce qu’elles avaient milité pour leurs droits. Elles devinrent alors les symboles du combat pour éradiquer ce fléau qu’est la violence à l’égard des femmes.
Proclamée en 1999 par l’Assemblée Générale des Nations, la Journée du 25 novembre, Journée Internationale pour l’Elimination de la Violence à l’Egard des Femmes est célébrée chaque année à cette date. Elle invite le monde entier à dénoncer la violence basée sur le genre, notamment en direction des filles et des femmes. Les gouvernements, les organismes internationaux et les ONG sont invités à tenir des activités pour sensibiliser le public au problème.
Définie en 1993 par la déclaration des Nations Unies pour l’élimination des violences à l’égard des femmes comme « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée », la violence basée sur le genre est un phénomène universel qui touche aussi bien les hommes que les femmes.
Les violences faites aux femmes et aux filles persistent dans tous les pays du monde et se perpétuent dans tous les milieux (famille, école, service etc.). Dans le monde, une femme sur trois est au moins victime de violences physique, sexuelle ou psychologique.
Au Mali, on note une prévalence accrue des différentes formes de violences qui font l’objet de peu d’attention (viols, violences domestique, physique, psychologique, rejet, stigmatisation, etc.).
Selon la dernière Enquête Démographique et de Santé au Mali de 2013 (EDSM V), le taux de prévalence de l’excision est de 91% chez les femmes de 15 à 49 ans et de 69 %) chez les filles de 0 à 14 ans. Une proportion élevée de femmes (71%) et d’hommes (66%) de 15 à 49 ans pensent que l’excision est une pratique exigée par la religion et que par conséquent, il faut la perpétuer. Dans le domaine du mariage, selon EDSM V, au Mali, les femmes entrent en union à un âge très précoce. Depuis l’âge de 15 ans, près de quatre femmes sur dix (38 %) ont subi des violences physiques, principalement exercées par des conjoints, partenaires ou parents proches. Plus d’une femme de 15 à 49 ans sur dix (13 %) ont déclaré avoir été victimes d’actes de violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie. Parmi les femmes qui ont déjà été en union, 44 % ont subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leurs conjoints. Selon l’EDSMV, un quart de femmes ont été physiquement blessées à la suite de violences conjugales.
D’après les enquêtes du Ministère de la Promotion de le Femme, de l’Enfant et de la Famille, entre 2012 et le premier trimestre 2017, dans le cadre du système de gestion des informations sur les VBG (GBVIMS) qui récence les cas déclarés, 10.733 cas ont été recensées dont 31% de violences sexuelles (y compris des viols),28% de violences psychologiques, 21% d’agressions physiques et 5% de mariages forcés. Au premier trimestre 2017, sur un total de 790 cas de VBG rapportés, 51% constituentdes cas de violences sexuelles, 89% sont des abus sexuels sur les enfants qui comprennent des cas de viols et de mutilations génitales féminines. Ces cas incluent également 19 cas d’exploitation et d’esclavage sexuels. Ces chiffres ne reflètent pas la prévalence car seulement 20% des localités sont couvertes par les services.
A noter que la campagne des 16 jours d’activisme constitue l’occasion d’attirer davantage l’attention de l’opinion publique sur les violences perpétrées quotidiennement à l’encontre des femmes.
Fily Sissoko