Aujourd’hui la situation de prolifération de motos-taxi est devenue très inquiétante pour la population bamakoise. Devant le constat de laisser aller qui caractérise ce secteur, de nombreux ‘’prétentieux’’ évoluent et tirent profit de ce domaine sans l’autorisation des autorités compétentes et au grand dam des professionnels du secteur des transports. Lesquels constatent leur part du marché se réduire comme une peau de chagrin. S’y ajoutent les risques d’insécurité pour les personnes et leurs biens devant le développement de ce phénomène ambiant et roulant.
Les adeptes du système ‘’D’’ (débrouillardise) ont des beaux jours devant eux à Bamako. Au moment où l’on s’interroge sur la prolifération des tricycles dans tous les domaines de la vie (transports des personnes et des bagages de tout genre), c’est le développement du phénomène de motos-taxi qui crève l’écran dans la circulation de la capitale.
Pour nous édifier sur cette situation, toutes nos démarches auprès du Directeur National des Transports, ont été soldées d’échec. Il n’a aucunement voulu se prononcer sur ce sujet.
Peut-on dire que le Directeur National des Transports, M. Mamadou Sow est incompétent pour régulariser le marché de moto taxi ou qu’il est en complicité avec ceux-là mêmes qui prospèrent dans l’informel ?
Un gagne-pain à deux roues !
Le Mali est un pays pauvre, qui vit une crise multidimensionnelle accentuant du coup le chômage et le sous employabilité des jeunes. C’est pourquoi des initiatives, telles la création des motos taxi ont été développées par des startups, dont certaines ont reçu l’accompagnement des partenaires techniques et financiers. Toute chose qui a permis de résoudre de nombreuses difficultés en termes de transports et de livraison des plats par exemple. Surtout entre des quartiers et zones non couvertes par les transports en commun. Au début, cela se faisait dans un cadre normatif apparent, avec des applications smartphones, la désignation des points de stationnement des motos taxi et leurs identifications par des contacts téléphoniques enregistrés au niveau des opérateurs de téléphonie publique. Mais par la force des choses, pour ne pas dire, le laxisme des autorités compétentes c’est un véritable capharnaüm qui s’est installé dans ce secteur innovant. De ce fait, la plupart des individus qui exercent ce métier sont aujourd’hui dans l’informel. Ce sont généralement des ruraux venus à Bamako ou des jeunes diplômés sans emploi. Lesquels ont transformé leurs propres engins à deux roues en taxis afin d’évoluer, sinon inonder le terrain des entreprises formelles de moto taxi.
Selon un jeune chauffeur diplômé sans emploi, il a embrassé ce métier pour subvenir aux besoins de sa famille. Même s’il reconnaît qu‘être un chauffeur informel de moto taxi est très risqué pour la vie des clients et celle de soi-même.
« Nous n’avons pas le choix, pour réduire ce fléau dans la circulation, l’Etat doit créer d’emplois pour les jeunes diplômés » affirme-t-il. Pourtant en cas d’accident de la circulation, ils n’ont pas de moyen pour la prise en charge des soins.
Le guidon dans les mains des ‘’Popo-man’’ et des aventuriers
En clair, pour vouloir exercer de tels métiers, les protagonistes doivent faire preuve d’une responsabilité, allant de la maîtrise de soi, de la respectabilité envers la clientèle et du code de la route. Ce qui n’est pas encore le cas, estime F. Cissé, une assistante de direction dans un service public de la place.
« J’ai eu la malchance d’emprunter un jour une moto taxi devant la cité administrative pour m’amener à mon domicile à Kalaban Coro. Avant d’arriver à destination, j’ai plusieurs fois demandé en vain à mon conducteur de me laisser descendre. Il conduisait comme un fou en se faufilant entre les véhicules, sans casque et avec de la cigarette dans sa bouche » a témoigné cette dame, avant d’affirmer que ce chauffeur voulait même changer de chemin avec elle, n’eut-été son intelligence à faire semblant de communiquer avec un officier de police au téléphone. « C’est à partir de là que j’ai eu la vie sauve » raconte-t-elle avec beaucoup d’amertume. Comme elle de nombreuses clientes ont peut-être été victimes des abus de ces nouveaux chauffeurs de taxi-moto évoluant dans l’informel.
Cependant, il faut reconnaître que d’autres respectent les préalables et les obligations d’un tel métier. C’est le cas pour de nombreuses entreprises légalement créées.
Un manque à gagner pour les professionnels !
Le responsable de l’entreprise moto taxi ‘’Ziqqigo’’, M. Ibrahim Traoré a fait savoir que leur société est internationale. « Elle est présente aux Etats-Unis, en Somalie au Rwanda et à Dubaï » a-t-il indiqué. Il a rappelé que Ziqqigo a été ouverte au Mali le 4 octobre 2019 avec l’autorisation de l’Etat malien.
Une entreprise créée, dira-t-il, dans le souci de réduire le chômage au Mali. Selon lui au sein de l’entreprise, ils ont recruté 120 chauffeurs et 8 autres agents au compte de l’administration. « Notre entreprise a d’abord fait une étude de terrain afin de mettre une application sur le net, dans laquelle les clients prennent contact avec les chauffeurs. Elle permet d’identifier les mototaxi pour pouvoir contacter ceux qui sont plus proches de soi » a souligné M. Traoré.
Evoquant le cas des jeunes chauffeurs qui sont dans l’informel, M. Traoré n’épargne pas l’hypothèse pour son entreprise de porter plainte contre eux dans les jours à venir. Pour lui, là où nous sommes, notre pays traverse une période de crise, c’est ce qui freine son entreprise dans sa logique de prendre des mesures concrètes pour le moment.
« La moto taxi c’est un développement pour un pays, ça réduit aussi le chômage. Certains jeunes se profitent en ce moment pour cambrioler les gens soit disant qu’ils sont moto taxi. Au Mali quand tu amènes un projet certains préfèrent t’imiter sans faire d’efforts. Personne ne veut faire de l’innovation » déplore-t-il.
Dans la même lancée, M. Traoré expliquera que, ceux qui sont dans l’informel n’ont pas de prix fixe. « Quelqu’un qui est obligé de payer la recette journalière ne peut pas prendre les clients à certains prix »dit-il. Vue la situation de notre pays, la police ne fait plus de vérification vis-à-vis de ces individus qui évoluent illégalement dans ce secteur, regrette-il, avant d’inviter les clients à utiliser uniquement les services des entreprises légalement constituées et reconnues dans ce secteur. Au nombre desquelles on peut citer entre autres, Ziqqigo, TELIMAN, EXPRESS GATIE.
Dans cette situation, la communication doit être de vigueur. Ce qui n’est pas encore le cas avec l’actuel Directeur national des Transports, qui se mue dans un silence de cimetière face à ce phénomène. Cela doit être accepté dans le Mali Koura ?
Par Fatoumata Coulibaly