Utilisés pour stimuler le désir, les aphrodisiaques se cachaient sous le pagne et il n’était pas donné à tout le monde de le fabriquer ou le commercialiser. Mais de nos jours, ces produits autrefois mystère sont exhibés à la vue de tous.
L’usage des aphrodisiaques s’apparente à la culture. En effet, son usage est dans toutes les sociétés qui en détiennent bien sûr une particularité. Ils permettent de stimuler le désir sexuel autant chez l’homme que chez la femme et les effets recherchés sont multiples, notamment une érection facile, une sensation de légèreté.
Les produits sont fabriqués à base de plantes, d’épice ou encore à base de miel. De nos jours, le marché local dispose de deux genres : les traditionnels et les modernes. Ceux modernes proviennent de tous les horizons, particulièrement du Niger, même s’il n’en est le pays de fabrication. Il y en a d’origine chinoise ou indienne.
Au Mali, la fabrication et la vente de ces produits étaient réservées à un nombre restreint de femmes. Et personne ne pouvait en percer le mystère. Il s’agissait en outre de vieilles dames, considérées comme des consultantes, de la trempe de la célèbre Baïni Kébé. Ils se vendaient sous le voile et avec des noms codés comme « Djakoumakoun » littéralement ‘’tête de chat’’. Les informations se donnaient de bouche à oreilles et dans la plus grande discrétion.
« C’était un domaine réservé au seul cercle des femmes initiées, qui exigeaient aux utilisatrices de jalousement garder le secret pour que les hommes n’en sachent rien. Ces produits servaient non seulement à satisfaire mais aussi à garder son homme », dévoile Alimatou une vieille vendeuse depuis 20 ans. Qu’ils faisaient partie du trousseau de la jeune mariée, ou c’est la « magnon-maga » qui s’en occupe pendant la semaine des noces.
Mais actuellement, ce qui était un véritable secret ne l’est plus.
Les aphrodisiaques, autrefois attachés au bout des pagnes se vendent aujourd’hui comme des petits pains ; du petit marché aux foires d’expositions nationales et internationales. Signalons par là le fameux « casser le lit », terme utilisé par une nigérienne récemment présente à la FEBAK 2011. De plus, si auparavant, ils étaient vendus aux femmes par des femmes, aujourd’hui c’est tout le contraire. Les hommes aussi s’y retrouvent notamment les vendeurs de « baby » qui ne manque de les proposer à leurs clientes ; se transformant ainsi en véritable « conseillers sexuels ». Ou alors c’est l’homme lui-même qui exige l’utilisation par sa femme. Par ailleurs, si l’achat de ces produits était réservé aux femmes mariées, il n’en est actuellement plus pareil. Selon Mariam, vendeuse au grand marché de Bamako, ses clientes sont en majorité les jeunes filles qui ne se gênent point. « Elles me demandent même les produits qui sont les meilleurs ou qui peuvent donner la sensation d’être vierge, à rétrécir le vagin », nous explique Mariam. De plus ce commerce rapporte beaucoup. Alimatou estime y avoir gagné sa vie et dit léguer plus tard son savoir à ses filles.
Ainsi, ce qui était autrefois un véritable secret, est à présent un secret de polichinelle.
Saly KANE