Ces derniers temps, un phénomène lié à la polygamie fait de plus en plus débat dans notre société ainsi que sur les différents réseaux sociaux. Il s’agit de la tradition qui consiste à amener la nouvelle mariée à saluer la première femme au domicile conjugal. Cette pratique est cause de plusieurs problèmes dans les foyers et crée de vraies tensions entre les épouses.
La polygamie une tradition dans notre pays, fait partie des pratiques les plus encrées dans la religion musulmane. Tenant compte qu’il s’agit du fait pour les hommes d’épouser jusqu’à quatre femmes, elle n’est pas sans conséquences et crée des tensions dans les foyers.
Cette tension est encore plus vive lorsque la nouvelle mariée et ses convives veulent aller présenter leur « respect » à la première. Pour certaines, il s’agit ni plus ni moins que de provocation. Ce qui fait que certaines femmes n’hésitent pas du tout à transformer ces moments de symbiose en disputes.
Récemment, certaines vidéos témoignant de cette affirmation sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Ces vidéos montrent des scènes où des femmes font du mariage de leur coépouse un véritable scandale. Au lieu de se limiter aux salutations et à l’accueil de leur coépouse, certaines d’entre elles vont jusqu’à se maquiller et s’habiller en mariée et couper des gâteaux pour le mari.
Pour certains, celles qui transforment le remariage de leur mari en scandale sont dans leur bon droit. D’autres par contre, trouvent que les actions de ce genre sont synonymes d’incompréhension et de discourtoisie. « Du moment où on signe la polygamie, la femme doit s’attendre à tout moment à recevoir ‘une petite sœur’ comme on le dit dans notre société ».
La vie de deuxième
A chaque fois que des situations de ce genre arrivent, l’on entend inévitablement cette même affirmation : «personne n’a demandé à la deuxième femme de venir s’immiscer dans la vie d’un couple préalablement heureux. C’est donc bienfait pour elle». Est-ce à penser qu’être deuxième d’un homme est un crime ou un péché ? A cette question, de nombreuses personnes plus précisément les femmes répondent par l’affirmative. Selon Adjara Sanogo, une femme consciencieuse n’accepterait jamais d’être la deuxième femme d’un homme.
Pour elle, la polygamie est une valeur que le Malien doit laisser de côté. « La polygamie n’a pas sa place chez nous. C’est ce que les hommes doivent comprendre. Tant qu’ils n’arrêteront pas d’épouser d’autres femmes, nous allons toujours profiter de leurs salutations pour leur infliger toute notre amertume. Je suis sûre que beaucoup seront découragées de cette manière», s’exclame-t-elle.
Aminata Diarra une femme mariée, appuie Adjara Sanogo. De son avis, les salutations chez la première sont juste une provocation. « Dans la vie quand on te provoque, tu ne dois pas rater l’occasion de répondre aux provocations. Celles qui acceptent cette pratique et qui se font par la suite humilier méritent bien leur sort. Ça va servir de leçon à toutes celles qui pensent à se marier avec un homme déjà marié», affirme-t-elle. «Je félicite beaucoup celles qui affrontent leur coépouse depuis le jour du mariage. On fait de leur plus beau jour un cauchemar pour leur souhaiter la bienvenue», ajoute Djènè Mariko.
Par contre, certaines pensent que le concept de la polygamie n’est pas bien compris au Mali. Et pour ce qui est de la salutation chez la première, elles soutiennent que c’est un signe de respect. « La première femme est la Première dame. On doit la respecter et les salutations qu’on lui adresse le jour du mariage sont des preuves de ce respect », de l’avis de Dramane Dembélé, un polygame. Il renchérit : « Les femmes doivent comprendre qu’épouser une autre femme ne veut pas forcément dire qu’elles ne sont plus aimées. Loin de là ! C’est justement pour cela qu’on essaie d’instaurer le respect entre elles depuis le jour des secondes noces pour les amener à s’entendre ».
De l’avis de Dramane Dembélé, ces salutations sont malheureusement mal interprétées par beaucoup de femmes. Pour cette raison, il soutient que les hommes aussi bien que les femmes doivent revoir leurs manières de comprendre cette pratique qui a longtemps existé et continue d’exister dans notre société.
En gros, notre interlocuteur soutient que ce régime matrimonial n’est pas une mauvaise chose en soi, mais c’est la compréhension qui fait défaut.
Siguéta Salimata Dembélé
(Stagiaire)