Décidément, les dieux semblent tombés sur le crâne du maire de la Commune Rurale de Zantiébougou dans le cercle de Bougouni. Pendant que M. le Maire Seydou Koné, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se défait du nœud gordien des populations qui le chargent d’avoir réalisé un morcellement illicite, des membres du Conseil municipal viennent de mettre au goût du jour la supercherie dont le maire Seydou s’est rendu coupable à la municipalité de la Commune rurale de Zantièbougou. D’où une nouvelle plainte du bureau local de l’AMLCDF (Association Malienne de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière) de Bougouni, le 5 Octobre dernier, auprès des structures de contrôle de l’État pour ‘’mauvaise gestion et détournements de fonds’’.
Les populations de Zantiébougou sont sur le pied de guerre contre le maire Seydou Koné. Si bien que certains d’entre eux n’hésitent pas à faire entendre aujourd’hui leurs regrets d’avoir voté pour cet homme qui, à leurs yeux, incarnait le changement. Mais à la longue, ils ont fini par découvrir son vrai visage et exigent, aujourd’hui, que sa gestion à la tête de municipalité soit auditée. Depuis, il y a une plainte en veilleuse des notabilités de Zantiébougou et de la jeunesse contre le Maire Seydou Koné pour « concussion et détournement du domaine foncier du village ».
Rappel des faits
Tout débute en 2017. Les populations du village de Zantiébougou ont été surprises de constater que le Maire Seydou Koné, a procédé à un morcellement illicite et à la vente des 4 hectares envoisinant la gare routière du Chef-lieu de la commune et le domaine du service de l’élevage.
Face à cette situation, le Préfet du cercle de Bougouni, à l’aide d’un communiqué (N°2019-001/P-CB) en date du 28 février 2019, a dénoncé l’attitude du maire Seydou Koné en rappelant aux uns et aux autres que les actes délivrés par ce dernier, en violation des textes et de procédure de lotissement restent nuls et de nul effet. Par la même occasion, le Préfet a invité les détenteurs de ces lots à s’enregistrer au niveau du Sous-préfet de Zantièbougou, en vu de prétendre à un éventuel dédommagement.
Pour plus de détails sur le dossier, le Préfet a mené une inspection sur la gestion domaniale du maire Seydou Koné. Du coup, les enquêtes ont révélé, entres autres, l’absence d’une autorisation définitive de lotissement et le nombre inconnu des lots vendus. Mieux, les résultats de l’inspection ont mis à nu une concussion s’élevant à 36,8 millions FCFA (36 825 000F) au titre de la vente de 491 lots en raison de 75 000F par parcelle. Et comble de la supercherie, c’est que les enquêteurs ont décelé que le maire Seydou Koné, aurait vendu plus cher en mai 2017, la première tranche desdits lots (200 000F à 250 000F) avant même la délibération du Conseil communal en juillet 2017 qui fixa le prix d’une parcelle à 75 000F. Plus grave encore, sur les 36 millions issus de la deuxième vague de la vente des lots, le maire Seydou Koné n’a versé que la somme de 1,5 million (1 525 000FCFA) au Trésor public. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Même pour satisfaire sa cupidité financière, le Maire Koné n’a pas lésiné sur les moyens de vendre, encore, 46 lots en mai 2017, sans aucune quittance à un certain Bouréhima Cissé, commerçant résident dans la Commune de Koumantou.
Le Maire dans la tourmente
Face à ces séries de vente illicite de lots, la majorité des conseillers de la Mairie de Zantiébougou ont rejeté le compte administratif-2018 du Maire Seydou Koné.
Pour ces conseillers municipaux, la situation du lotissement est floue au motif que la somme de 1,5 million de nos francs ne reflète pas la réalité par rapport aux 491 lots vendus par le maire Koné. Mieux, ils trouvent que la dépense de 4,8 millions FCFA (4 814 640F) effectuée pour le carburant est trop élevée. En même temps, ils trouvent que le montant de l’entretien courant des écoles qui se chiffrent à 3,3 millions de nos francs (3 316 220 FCFA) n’est pas clair.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’AMLCDF de Bougouni, a saisi le Pôle économique et financier, le 5 Octobre 2021, sur la gestion du maire de la Commune rurale de Zantiébougou, M. Seydou Koné.
Avant la plainte de l’AMLCDF de Bougouni, des habitants de Zantièbougou avait également saisi en Février 2020 le Pôle économique et financier de Bamako sur la même affaire. Mais toujours était-il que le dossier traînait.
D’où le lieu pour les limiers de la Cour des Comptes de débarquer, le vendredi 15 octobre dernier, à la Mairie de Zantiébougou. En bloc, ils passeront au crible, la gestion des 10 mairies du cercle de Bougouni et du Conseil de Cercle.
Face à cette situation, le Maire Seydou se défend et clame son innocence. « C’est faux et archi-faux. Je suis victime d’une guerre politique. Tous ceux qui sont en train de faire du tapage, des bruits sont des adverses politiques. Ils cherchent à avoir raison sur moi. Ce n’est pas un combat contre la mauvaise gouvernance», déclare-t-il.
Sur les plaintes évoquées, l’élu communal soutient avoir fait du raccordement et non du morcellement. « L’ancienne équipe de la mairie a morcelé des parcelles et laissé çà et là des petits espaces. Ce sont ces domaines que nous avons cédés à 75 000 FCFA par lot. J’ai les pièces à conviction de toutes les opérations effectuées dans cette affaire », explique M. Koné tout en insistant qu’il ne se reproche rien.
Sur les 46 lots cédés, sans quittance, le maire répond : « C’est vrai que Bourama Cissé a en sa position les documents de 46 lots. Mais ce n’est pas le maire qui vend directement. Si M. Cissé arrive à acheter ces terrains avec des propriétaires, cela n’est pas la faute au maire ».
Ces propos du maire Koné sont démentis par M. Cissé, lui-même : « C’est le maire qui m’a vendu presque tous les lots. Il m’appelle et m’envoie quelqu’un à qui je donne l’argent », explique le commerçant. Redoutant cette situation, son souhait est de rentrer en possession de son argent, à défaut d’avoir les terrains.
Depuis l’arrivée des enquêteurs de la Cour des Comptes à la Mairie de Zantiébougou, plusieurs personnalités ont la peur au ventre. Selon nos sources, le maire Seydou Koné se fait rare à son bureau sous prétexte qu’il est en mission à Bamako. De quoi a-t-il peur s’il ne se reproche rien?
Pour le maire Seydou Koné, indiquent nos sources, il s’agit de saper les apparences et effacer la preuve des épreuves. Mais les enquêteurs de la Cour des Comptes sont sereins. Ils ne jurent que par la transparence dans la gestion du dénier public. Leur objectif est d’assurer le bien-être des maliens en réduisant les principales sources de détresse et d’instabilité sociale pour un développement humain durable.
Déjà pris de panique, M. le maire Seydou Koné de Zantiébougou, ne cesse de multiplier les démarches nocturnes. Surtout, auprès de certains responsables politiques de Bougouni, pour se garer des mouches. Refus catégorique de ces derniers.
Pour eux, de deux choses, l’une : ou le maire retourne à la commune de Zantiébougou les 4 hectares vendus ou il restitue, les fonds générés par cette vente, pour le moins, illicite. D’où la situation inconfortable du maire Seydou Koné.
En attendant, c’est le sauve-qui-peut, général, à la Mairie de Zantiébougou. Est-ce à dire que le maire Seydou Koné, va-t-il faire les frais de son imprudence ? De même, les autres élus du cercle de Bougouni vont-ils répondre de leur gestion ? Seul le temps nous en dira de plus.
Arouna Traoré