Faire des interventions sans savoir ce qui les attend. Protéger les biens de personnes qu’ils ne connaissent pas. Porter secours à autrui. Aimer se rendre utile. Etre disponible pour les autres, tout le temps et sans rechigner. Etre en forme en permanence, physiquement et moralement. C’est de toute évidence un métier dangereux où l’on peut laisser sa vie en voulant sauver celle des autres. A quelques jours de la fête de l’indépendance, nous rendons une fière chandelle au corps de sapeurs-pompiers.
Un constat : pour secourir, les sapeurs-pompiers sont portés par cette poussée d’adrénaline à chaque fois que le son de la sirène retentit. Ici notre article a pour trame les questions de la reconnaissance et du mérite.
Ainsi, qu’il prend forcément la forme d’un hommage appuyé au corps des sapeurs-pompiers, cette “entreprise citoyenne” d’exception, qui évolue en marge des flashs et des caméras jusque-là occupés à mettre en vedettes ceux qui nous promettent monts et merveilles tout en se tirant dans les “pattes” pour consolider leurs positions à côté de la “mangeoire”.
Ils éclipsent de la sorte tous ceux qui travaillent en silence pour l’intérêt général. C’est dans cette catégorie, qu’évolue ce corps respectable, cet oublié des médias, toutes presses confondues. Il est vrai aussi qu’il n’est pas le seul à l’être. Malheureusement.
Dans notre ingratitude collective, nous avons pris pour habitude de négliger la mise en exergue de l’effort d’autrui, et de désacraliser le travail, comme si notre société pouvait vivre sans référence à des valeurs, au demeurant universelles. C’est là un leurre, dans la mesure où dans le fonctionnement de toute société basée sur l’équité, c’est à chacun son dû.
C’est là une règle en vigueur dans les sociétés dites développées qu’il convient de rétablir au plus vite, si nous souhaitons accomplir quelques progrès. Nous sommes dans ce cas, face à l’un des défis majeurs, des plus déterminants pour la traçabilité identitaire de notre société.
Pour mieux comprendre la nature de ce défi, voyons d’abord, à quoi tient l’exception des sapeurs-pompiers, dans notre société d’aujourd’hui. Qu’il pleuve ou qu’il vente, en service commandé, ce corps solidaire est toujours à la tâche, telle cette fourmi qui s’active par instinct en se rendant utile à sa colonie. Par devoir vis-à-vis de ses camarades, le sapeur-pompier évite tout ce qui peut-être cause de désunion.
C’est dire que l’exercice de cette profession semble exclure l’esprit d’individualisme. Ce métier d’équipe par excellence impose une solide cohésion entre les membres d’une même section qui vivent ensemble, d’un même engin pompe qui part combattre souvent l’inconnu, d’un même binôme d’attaque qui pénètre dans cet appartement embrasé, cette usine envahie par le feu, où la sécurité de celui qui descend dans un puits pour porter secours à une personne, dépend de cet autre pompier qui lui tient la corde.
Constante motivation
Parmi les nombreuses raisons qui font durer la motivation, il y a bien sûr les interventions et leur diversité (feu, secours à personnes, accidents, inondations…), c’est-à-dire, tellement de choses à connaître, ce qui suppose bien évidemment un perfectionnement continu par des stages fréquents afin d’être à la pointe du progrès.
Combien sont-elles ces autres institutions à avoir ce souci permanent de la performance dans notre pays ? Alors oui, le corps des sapeurs-pompiers est à mettre dans le carré très restreint des gens d’exception. Il est certainement ce bel exemple de réussite et cette source d’inspiration pour tous ceux soucieux de se rendre utiles à la collectivité. Il est bien évident, que cela n’est pas le fruit d’un quelconque hasard. C’est plutôt le résultat d’une parfaite interprétation de la prédisposition de ce corps constitué à se mettre au service du public.
Sa mission de préserver la vie des hommes et de leurs biens lui impose aussi un certain esprit de sacrifice. L’acceptation du risque renvoie également à une éthique de vie guidée par le courage et le dévouement. De ce fait, le lien qui s’établit entre le chef et le subordonné est des plus complexes. Dans ce cas, le commandement suscite l’adhésion dès lors que c’est à l’exemple qu’il recourt.
C’est l’exemplarité qui est le point de départ dans la bonne manière de diriger, chez ce corps, constamment pénétré de la mission qu’il a acceptée de remplir et de par sa culture “militaro-civile”. De ce fait, il assure l’exécution de ses tâches avec abnégation, courage et opiniâtreté. Alors comment ne pas dire qu’il forge ainsi le respect et l’admiration ?
Satisfactions
Bien sûr que les sapeurs-pompiers sont animés par cette satisfaction d’avoir aidé à soulager quelqu’un, de l’avoir sauvé ou de préserver ses biens. Chez ces gens-là, il y a un esprit d’équipe. On apprend à vivre en société avec des caractères différents et à force de s’impliquer dans la vie des autres, on finit par voir le quotidien différemment. Pour nous secourir, ils sont portés par cette poussée d’adrénaline à chaque fois que le son de la sirène retentit.
C’est pour tout cela qu’il est bien injuste que l’apport appréciable de cette entité citoyenne ne puisse pas être apprécié à sa juste valeur, même si généralement on s’accorde à dire que les gens en bleu sont dévoués et forts sympathiques. Mais cela ne saurait suffire ! N’ont-ils pas besoin de plus de reconnaissance, ces gens admirables, imprégnés de cette philosophie du mieux servir, en poussant à chaque fois les limites du défi ?
Pourquoi pas une journée de reconnaissance du mérite dédiée aux soldats du feu ? C’est juste une question de justice.
Alpha Mahamane Cissé