Deux semaines après le coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keita, le Mali se cherche toujours un chemin. Si le Comité militaire pour le salut du peuple (CNSP) a entamé des concertations avec les acteurs politiques comme ceux de la société civile, rien de concret ne se dégage pour le moment : pas de gouvernement, pas de président de la transition, même si chacun des acteurs qu’il soit de la classe politique, de la société civile ou même du CNSP semble avoir son idée. Le plus difficile reste à concilier ces intérêts divergents, pardon ces idées avec les intérêts d’une patrie malade et même menacée dans existence.
Alors que la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO, dont le Mali est membre, a fixé ses lignes rouges, la semaine dernière, en accord avec plusieurs partenaires techniques et financiers (une transition dirigée par un civil, dont la durée ne peut excéder un an), les responsables de la junte militaire de Kati multiplient les rencontres avec les acteurs maliens, la classe politique et la société civile autour du contour de la transition de l’après IBK. Si la page de l’ex-président est tournée avec la dernière rencontre vendredi dernier des chefs d’État de la CEDEAO, l’avenir de notre pays reste toujours sombre. Et pour cause, la démission d’un président en cours de mandat a aiguisé des appétits de plusieurs acteurs : les militaires qui ont parachevé l’œuvre des opposants du président IBK, d’un côté, les contestataires regroupés au sein du M5-RFP et de l’autre côté, les désormais ex-collaborateur du régime tombé. C’est en tout cas, un conflit entre l’ensemble des intérêts de ces acteurs qui est à la base du flottement persistant après le putsch du 18 août 2020.
Si pour le M5-RFP et les militaires, la démission de l’ancien président, qui a aussi prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement entraîne l’avènement d’un nouveau régime avec des acteurs nouveaux, il n’en est pas ainsi pour des ex-dignitaires. En tout cas, si le Mali opte pour une transition «l’Assemblée doit demeurer pendant la transition », confie Brahima Dianessy, député du Mouvement pour le Mali (MPM), à nos confrères de RFI, qui souhaite une transition d’un an à dix-huit mois.
Aux yeux des responsables du M5-RFP, tous ceux qui ont accompagné l’ex-président jusqu’à sa chute doivent être mis dans la poubelle, à défaut de les mettre à l’écart. Mais ces derniers et même la plupart des acteurs politiques ayant participé à la contestation contre IBK pensent que le pouvoir revient toujours aux partis politiques et non à une organisation hétéroclite. C’est un débat très houleux qui se mène depuis quelques jours. Ce qui a semblé guider le CNSP à convoquer unilatéralement une concertation nationale sur la transition qui sera d’ailleurs annulée, sous la pression du M5-RFP qui l’avait boudé.
Pour le moment, la machine de la transition est grippée, même si le CNSP arrive à se satisfaire de quelques succès précaires sur le front social, notamment la levée du mot d’ordre de grève des administrateurs civils et les rencontres qui se mènent depuis hier avec différents acteurs. En effet, c’est seulement hier lundi que les responsables du CNSP ont organisé des rencontres avec une partie des forces vives de la nation en vue de la préparation prochaine des assises qui vont déterminer le format de la transition. Les urgences du moment, notamment la situation sécuritaire du pays nécessite que chaque acteur fasse violence sur lui afin de sortir le pays la crise qui la ronge, depuis des années.
Par Sidi DAO