Sanogo, « Kamalé djama la ! »
« Kamalé koun djama la ! (le jeune homme avait du culot) ». C’était l’expression utilisée par le capitaine Amadou Aya Sanogo, homme fort la junte de 2012, pour désigner l’ancien Premier ministre de Pleins pouvoirs, Cheick Modibo Diarra, qu’il avait contraint à la démission quelques heures plus tôt, dans cette nuit du 11 décembre 2012.
-maliweb.net- Accusé avec ses ex-compagnons d’avoir tué, pendant leur moment de gloire, 21 jeunes bérets rouges, les mains attachées dans le dos et froidement exécutés d’une balle dans la tête, revoilà le même Amadou Aya Sanogo, entre-temps « bombardé Général », passez-moi l’expression, se poser en défenseur des valeurs militaires, quelques jours seulement après avoir été « pardonné » en vertu de la Loi d’entente nationale.
« Ils auraient voulu que je ne sois pas là », lance l’ancien détenu, au meeting organisé en son honneur à Ségou, ce samedi 27 mars 2021. Tout de blanc vêtu, avec un boubou élégamment brodé, entouré par ses gardes lourdement armés, Amadou Aya Sanogo revendique son titre du plus haut gradé de l’armée malienne. « Je suis un Général 4 étoiles, fils du Mali sans reproche, je fais ce que je veux ! », se vante-t-il, sans vergogne. Oubliant que le « tigre ne clame pas sa tigritude ».
On aurait pu comprendre Sanogo, profitant de sa liberté, pour remercier ses partisans où qu’ils soient, et prendre la fathia sur tous les morts exécutés ou non. Que non ! au contraire, dans un discours éminemment politique, le Général se pose en défenseur de l’armée contre les hommes politiques, les agriculteurs, les éleveurs... « qui ne pourront rien faire sans l’armée ».
Mon Général, vous qui dites tout savoir de la chose militaire fort de vos 34 ans de service, vous devez savoir que sans ces personnes, il n’y a pas aussi d’armée. Non, le peuple malien, du Nord au Sud, n’a pas de problème avec son armée. Il dénonce juste les travers de quelques officiers supérieurs qui rongent l’armée de l’intérieur. Quid de l’affaire des primes détournées. D’ailleurs, ce peuple se demande encore où est passé le fonds de soutien à l’armée qu’il a alimenté en 2013.
« Comment un Général peut être autorisé à tenir un meeting politique ?» A cette interrogation de Me Cheick Oumar Konaré, son avocat dans l’affaire des Bérets rouges, il faut ajouter celle-ci : « Y-a-t-il encore un Chef suprême des armées au Mali ? ». Sinon comment un militaire, fut-il un Général, peut se taper la poitrine publiquement en disant : « je suis un balikou (adulte), et je fais ce que je veux ». Kamalé i djama la !
Mamadou TOGOLA/maliweb.net
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