De potentiels médiateurs entre le Mali et la CEDEAO, comme l’Algérie, propose une prolongation raisonnable de 18 mois au plus pour la transition malienne. Ce qui va impliquer un délestage dans le programme de refondation du pays.
Avec les pressions et les sanctions de la CEDEAO et d’une partie de la communauté internationale, le pouvoir de transition n’a plus une marge de manœuvre suffisante pour entreprendre la refondation du Mali. Malgré le soutien populaire dont il peut se prévaloir à la suite de la gigantesque manifestation du vendredi dernier Place de l’indépendance à Bamako, dans diverses localités du pays et au sein de la diaspora malienne.
En effet, à moins de se mettre à dos une bonne partie de la communauté internationale qui le soutient et effriter la dose de sympathie qui s’exprime en faveur du peuple malien meurtri, l’Etat du Mali va devoir revoir ses ambitions refondatrices à la baisse. Ceci, eu égard au temps de rallonge limité qui sera accordé à la transition malienne pour un retour à l’ordre constitutionnel. Etant entendu qu’au niveau des dirigeants de la CEDEAO et de l’Etat malien, l’on assure que la porte du dialogue reste ouverte, l’on comprend que la concession majeure attendue de part et d’autre est de réduire la durée de prolongation de cette transition laborieuse. Elle doit passer de 5 à 1 an, ou dix-huit mois. Et ce temps ne peut plus permettre d’accomplir les différentes tâches définies par les récentes assises de la refondation.
En clair, les autorités de la Transition seront obligées d’arbitrer dans le chronogramme issu de ces assises populaires pour ne retenir que les missions prioritaires. A ce niveau, l’on se demande du reste si les innovations concernant la création de l’organe unique de gestion des élections, la révision constitutionnelle et d’autres mesures phares auront le temps suffisant pour être opérées, avant d’aller aux élections. Surtout que ces tâches doivent nécessiter aussi d’importants moyens financiers qui peuvent poser problème, l’aide budgétaire ayant été suspendue, même si c’est pour un temps. Sans compter que les efforts colossaux pour atténuer l’effet de l’embargo du moment pourraient laisser des préjudices et séquelles sur une certaine période.
En outre, plusieurs observateurs proposent un réaménagement de l’attelage gouvernemental, pour rassembler davantage au chevet du président de la Transition. Si cette mesure venait mise en œuvre, le nouveau gouvernement va encore passer un petit temps pour se mettre dans le bain de cette « transition de rupture ». Surtout que des voix s’élèvent aussi pour appeler à un élargissement du Conseil national de Transition, le parlement provisoire.
Toutes ces mesures de réadaptation à la situation nouvelle et les efforts pour améliorer le contexte sécuritaire vont prendre du temps au détriment des réformes politiques et institutionnelles à opérer. N’est-ce pas dans ce sens que l’ancien Premier ministre, Moussa Mara vient de déclarer que « la refondation du Mali sera difficile » ? Certainement. Les contraintes de sortie de la crise avec la CEDEAO, la France et l’UE incitent à avoir des ambitions revues à la baisse, à rechercher un nécessaire modus vivendi avec les forces vives du pays pour « aller à l’essentiel », et dans un délai assez court. La survie de la Nation en dépend.
Pour cela, il faut que le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta, actionne rapidement les canaux diplomatiques appropriés, la cas échéant vers l’Algérie pour créer un nouveau cadre de dialogue avec les dirigeants de la CEDEAO. Cela évitera au pays d’injecter le peu de ressources de réserves dans les efforts de contournement de l’embargo qui le frappe.
Boubou SIDIBE/maliweb.net