Après la France, l’odeur d’une autre crise diplomatique plane sur l’axe Bamako-Washington. En effet, depuis la publication du fameux rapport de l’ONU en manque de crédibilité sur les événements de Moura, le gouvernement américain a décidé de se dresser contre les autorités de la transition et son armée. Une prise de position qui cache mal l’incohérence des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Ce qui traduit sans détour le soutien de Washington à l’acharnement de Paris contre le pouvoir militaire de Bamako.
Dans un communiqué du gouvernement de la transition en date du 27 mai 2023, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga, a dressé le tableau sombre de la prise de position des Etats-Unis sur la base du rapport de l’ONU sur les événements de Moura pour incriminer le Mali. Cette sortie du ministre Maïga est la suite logique de la convocation de l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique au Mali, Rachna Korhonen, par le ministère malien des Affaires étrangères pour lui signifier « les vives protestations du gouvernement et l’extrême gravité des fausses accusations portées contre le Mali ».
Selon les termes du communiqué, le gouvernement de la transition se dit grandement surpris par la décision unilatérale du Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, le 25 mai 2023, d’imposer des restrictions de visa à l’encontre de deux vaillants officiers de l’Armée malienne pour des actes présumés sur l’unique fondement du Rapport des Nations-Unies sur « les événements de Moura » sans attendre la conclusion des enquêtes judiciaires menées par les autorités maliennes.
En plus de la précipitation du gouvernement américain contre le Mali, Washington ignore le communiqué n°052 du 13 mai 2023, du gouvernement de la transition qui a contesté le rapport biaisé de l’ONU tant sur l’approche que son contenu.
Pour le pouvoir militaire de Bamako, la posture américaine jette le discrédit sur l’ensemble de l’institution militaire du Mali avec cette mesure sans fondement et injuste. Toute chose qui porte atteinte à la présomption d’innocence des intéressés.
Cette mesure de « restrictions de visa » à l’encontre de deux officiers de l’armée malienne s’ajoute à celle créée le 22 mai 2023, par l’accusation formulée par le Porte-parole du Département d’Etat américain, lors d’un point-presse, et relative à un prétendu rôle que le Mali aurait joué pour faciliter la fourniture d’armes, dans le cadre d’une crise pour laquelle le Mali a observé la stricte neutralité lorsque les aspects substantiels étaient examinés. Ce qui d’ailleurs a conduit le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, a convoqué l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique au Mali, pour lui signifier, entre autres, l’extrême gravité de fausses accusations portées contre le Mali.
Face à ces accusations sans fondement, le gouvernement de la transition hausse le ton et dénonce la légèreté de Washington à travers le Porte-parole du Département d’Etat américain qui a lui-même indiqué que : « à date, nous n’avons aucune indication que ces acquisitions aient été finalisées ou réalisées ».
Ainsi, le Mali rejette l’instrumentalisation et la politisation des droits de l’Homme pour des visées géopolitiques et dénonce la politique des « deux poids deux mesures ». Cette démarche des deux poids deux mesures se traduit sans nul doute par le silence du gouvernement américain suite au bombardement par la France, le 3 janvier 2021, des civils à Bounti.
Pour le pouvoir militaire de Bamako, le Mali ne saurait être l’élève de qui que ce soit pour apprendre les notions du respect des droit de l’Homme. Ce qui montre clairement que l’engagement du Mali pour la promotion et la protection des droits de l’Homme ne souffre d’aucune ambiguïté. Conscient de cette réalité historique, Bamako invite le gouvernement des Etats-Unis d’arrêter la campagne de désinformation contre le Mali et d’inscrire ses actions dans le respect des trois principes définis par le Président de la Transition qui guident l’action publique au Mali.
Nouhoum DICKO
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