Dans un passé très récent, les Bamakois menaient à l’approche des fêtes et des grands évènements une vaste opération de nettoyage de la ville. Des devantures des maisons à la rue, tous les endroits insalubres étaient investies par l’habitant afin de donner un éclat particulier à l’évènement à fêter. Les festivités se déroulaient dans un cadre propre et agréable.
Depuis quelques années, l’on constate que cette tradition n’est plus de cours. Le visage de Bamako, jadis la coquette est devenue invariable : toujours sale avec des tas d’ordures trônant aux cotés des caniveaux obstrués dans une indifférence quasi générale. Au regard des déchets produits et l’état d’insalubrité de la ville à l’approche des fêtes, on peut sans exagération aucune dire que le Bamakois profite des grands évènements pour détériorer davantage son cadre de vie. Aux emballages, déchets de mèches pour cheveux et ordures ménagers, s’ajoutent les entrailles des animaux abattus que l’on vide dans les caniveaux ou à même le sol dans un coin à proximité du lieu d’abattage et les flaques de sang coagulé sans parler des peaux d’animaux abandonnées. Depuis plusieurs décennies, le bamakois vit ses grands évènements et fêtes dans un cadre insalubre et accompagné assez souvent d’odeur de sang coagulé et des peaux en décomposition. L’insalubrité chronique de nos grandes villes est à n’en pas douter l’expression d’une démission collective que nul ne veut assumer. Autorités et populations se rejetant mutuellement la responsabilité. Le cadre de vie dans nos grandes villes se détériore à vue d’œil. Malgré les multiples conséquences de l’insalubrité (inondation, maladies et risque d’épidémie) la question reste au cœur d’une polémique sans fin.
Les actions de salubrité collectives ou individuelles sont des actes citoyens que chaque habitant peut entreprendre périodiquement ou l’approche des grands évènements pour assainir son cadre de vie et offrir aux visiteurs l’image du citoyen soucieux de son environnement. Cependant, cet acte citoyen ne doit et ne peut se substituer aux travaux d’assainissement que les autorités (traditionnelles et étatiques) doivent assurer de façon permanente et rigoureuse. L’assainissement est une préoccupation majeure des grandes villes qui ne saurait se régler avec des polémiques et des accusations mutuelles. Elle interpelle en tout premier lieu les décideurs qui doivent élaborer une véritable politique en la matière et fixer les règles d’hygiène dont le respect sera imposé à la population. Dans un passé récent, le service d’hygiène veillait à la proprété de la ville et sanctionnait d’une amende tous les contrevenants. Pourquoi ne pas remettre au goût du jour ces anciennes structures qui veillaient sur notre cadre de vie ?
Bouba Sankaré