Depuis plus de deux mois, la scène politique malienne est en ébullition autour de la révision de la constitution. Toutes les couches sociopolitiques prennent part aux débats qui ne sont pas souvent tendres. Dans ce match entre le camp du oui et celui du non, les leaders religieux ont été soupçonnés de complicité avec le pouvoir, par le camp du non. Ce qui leur a valu des critiques souvent acerbes de la part des jeunes leaders de la société civile. L’imam Dicko et le guide spirituel d’Ansardine Ousmane Cherif Haidara semblent se repentir pour redevenir ce qu’ils furent sous ATT, pour le premier, et sous Moussa Traoré, pour le second.
C’est sous le coup de la colère, parce que irrités par certains propos des jeunes sur les réseaux sociaux et sur certaines antennes de radio, que Dicko et Haidara ont répliqué, l’un et l’autre lors de l’Assemblée Générale tenue à la Grande mosquée de Bamako et au cours de la ziara de Tamani. Les propos tenus étaient durs surtout venant des leaders religieux. Mais, aujourd’hui avec le recul, ils semblent regretter d’avoir parlé sous le coup de la passion en proférant des propos qui s’apparentent à des menaces. Ils redeviennent ceux qu’ils ont été, à savoir les derniers remparts du Peuple. L’imam Dicko, lors du point de presse dont il était l’animateur, a été on ne plus clair, en faisant allusion aux propos tenus lors de leur Assemblée Générale à la Grande Mosquée de Bamako : « La parole nous a échappés et ce n’est pas le rôle d’un leader religieux d’inciter les gens à la violence. Nous aimons le bien de ce pays et nous voulons la stabilité et la cohésion. Nous demandons pardon à tout le monde au nom de la paix et de la stabilité nationale. » Quant à Cherif Ousmane Madani Haidara, il n’a cessé de multiplier les actes d’apaisement comme sa rencontre avec Ras Bath et les propos d’atténuation.
Pour rappel, les deux leaders religieux ont bâti leur réputation sur leurs prises de position en faveur du peuple quand les hommes politiques se ralliaient à la position du prince du jour. Le Guide d’Ansardine, Cherif Ousmane Madani Haidara, sous Moussa Traoré, avait toujours eu à dénoncer les tares du régime, ce qui lui a valu souvent la prison et même l’exil. Il ne s’est jamais mêlé de la politique et est resté à équidistance des acteurs, contrairement à d’autres leaders. Pour ses détracteurs, ce sont les propos qu’il a tenus lors du premier coup de pioche de la route de Tamani, son village natal, et sa supposée prise de position pour le camp du Oui qui ont provoqué l’ire des partisans du non.
Quant à l’Imam Dicko, connu pour ses vérités tenues face à ATT quand les autres lui faisaient croire que tout allait bien et surtout ses différentes interventions pour apaiser le climat politico social. Il a trébuché en prenant publiquement fait et cause pour le candidat IBK en 2013. Les critiques à son endroit sont surtout les conséquences de la mal gouvernance de son candidat devenu Président de la République. Beaucoup de ceux qui prenaient ses mots d’ordre pour des versets du Coran, sont déçus de la gouvernance d’IBK et ne comprennent pas pourquoi Dicko le soutient toujours.
En somme, la repentance est un acte de foi. On dit dans notre culture que commettre une erreur n’est pas grave, mais y persister c’est ce qui est impardonnable. Que les deux têtes de proue de la ummah Islamique redeviennent les derniers remparts du Peuple Malien.
Youssouf Sissoko