S”étendant de l’Atlantique à la mer Rouge et englobant des pays tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, le Sahel est souvent perçu à travers le prisme de l’instabilité politique, de la pauvreté et des défis climatiques et sécuritaires. Cependant, cette région possède une richesse historique, culturelle et écologique qui mérite d’être mise en lumière.
Contrairement aux images stéréotypées de terres arides, le Sahel abrite une biodiversité remarquable. Des espèces végétales et animales uniques se sont adaptées aux conditions semi-arides, contribuant à un écosystème diversifié. Des initiatives telles que la Grande Muraille Verte visent à restaurer et préserver cette richesse naturelle, en luttant contre la désertification et en favorisant le développement durable.
Historiquement, le Sahel a été le berceau de royaumes et d’empires influents, tels que l’empire du Mali et celui du Ghana, qui ont joué un rôle central dans les échanges transsahariens. Ces entités politiques ont favorisé le commerce, la culture et l’innovation, laissant un héritage durable dans la région.
Défis contemporains et instabilité politique
Depuis 2020, le Sahel a connu une série de coups d’État, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, perturbant les gouvernements civils et modifiant les alliances internationales.
En janvier 2024, le retrait de ces pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a accentué l’isolement diplomatique. Les relations avec les États-Unis se sont également détériorées, l’administration Biden suspendant l’accès libre-échange de ces pays aux marchés américains.
Une jeunesse dynamique et porteuse d’espoir
Avec 65% de sa population âgée de moins de 25 ans, le Sahel est l’une des régions les plus jeunes au monde. Cette jeunesse représente une ressource humaine abondante pour le développement régional et mondial.
Cependant, les défis sécuritaires et économiques rendent les jeunes vulnérables à l’extrémisme violent et aux recrutements armés. Selon le Haut-commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR), environ 4,2 millions de personnes sont déplacées dans la région, et plus de 4 000 écoles ainsi que 150 centres de santé ont été fermés.
Nécessité de changer la perception du Sahel
Pour contrer ces défis, le Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) a lancé la campagne #IAMSahel, visant à redéfinir l’image de la région en mettant en avant sa résilience et son potentiel.
Ahunna Eziakonwa, administratrice adjointe du PNUD, souligne la nécessité de se concentrer sur les forces du Sahel plutôt que sur ses faiblesses. La campagne s’appuie sur des récits locaux, des partenariats communautaires et une couverture médiatique stratégique pour mettre en lumière la beauté, la force et le talent du Sahel.
Des ambassadeurs de bonne volonté, tels que les musiciens Alif Naaba et Patoranking, participent activement à cette initiative. Ils mettent en avant l’importance de la culture et de l’art saheliens, piliers du secteur du divertissement en Afrique, pour redéfinir la perception de la région. Patoranking souligne également le potentiel du Sahel, notamment à travers des projets ambitieux comme la Grande Muraille Verte.
La campagne #IAMSahel vise à toucher jusqu’à 300 millions de jeunes, en créant des opportunités d’emploi, en encourageant l’entrepreneuriat et en impliquant la jeunesse dans la gouvernance et la consolidation de la paix. Cette initiative offre une occasion de redécouvrir les qualités du Sahel, longtemps occultées par les récits de crise.
En somme, au-delà des narratifs de crise, le Sahel est une région de résilience, de diversité culturelle et de potentiel immense, prête à écrire un nouveau chapitre de son histoire.
Cheick B. CISSE