Activité très rependue ces dernières années dans notre pays, la vente des eaux en sachet inquiète. Les conditions d’hygiènes ne sont pas des meilleures, à en croire des spécialistes. Il n’empêche, ni les associations de défense des consommateurs, ni les services techniques de l’Etat ne font rien pour veiller à la normalisation du secteur.
Commerce florissant à ciel ouvert, la vente d’eaux en sachets rapporte de nos jours gros à ceux qui se sont lancés dans cette activité. Et les refrains coté marketing ne manquent pas : “Djissouma ! Djissoumani ! Djissoumalemba !” Ils sont audacieux, ces enfants, filles et garçons qui, dans les marchés et les gares routières, sur les terrains de sport, ainsi que dans les lieux de mariages, se promènent avec des cuvettes, des seaux ou des glacières, pour proposer de l’eau fraîche, de l’eau très fraîche ! Ils exhibent des paquets d’eau supposée potable, qu’ils vendent à 25 ou 50 F CFA.
“Je me ravitaille chaque matin chez un grossiste. Je sers des garages et d’autres endroits où il ya du monde”, témoigné Hadiaratou, une revendeuse d’eau en sachets. Parfois, c’est par centaines que des douzaines de ces sachets sont commandés pour ravitailler des participants d’un atelier ou d’une manifestation populaire.
Ces contenants plastiques bien fabriqués avec des noms et des adresses soigneusement imprimés, sont très attirants et donnent l’impression d’avoir effectivement affaire à une eau bien traitée, différente de celle vendue dans des sachets simples à 10 F CFA. Et pourtant, de nombreux témoignages font état de ce que cette “eau potable” est d’origine douteuse et même parfois plus dangereuse que celle vendue à 10 F CFA.
“Les conditions dans lesquelles est traitée l’eau laissent à désirer. Donc, c’est difficile de dire qu’il n’y a pas de doute sur sa qualité. Il arrive que ses fabricants montent des faux dossiers pour masquer leurs insuffisances. Normalement, il doit y avoir la date de fabrication et de péremption sur le sachet. Mais, c’est le contraire qu’on constate”, relève un cadre d’un laboratoire des eaux, sous le sceau de l’anonymat.
Le patent constat, c’est que de grands malins à la recherche d’argent facile ont trouvé un moyen de berner les naïfs en conditionnant dans ces emballages trompe-l’œil, de l’eau de puits ou sortie directement du robinet sans la moindre précaution. Au grand dam de l’hygiène et de la santé.
Il est important, voire urgent, que les services d’hygiène se penchent sur cette question et organisent un contrôle strict de ces sachets d’eau que beaucoup confondent même avec de l’eau minérale. Une campagne d’information et de sensibilisation s’avère nécessaire pour éviter aux populations fragiles d’acheter à 25 F CFA ou à 50 F CFA une maladie qui leur coûtera finalement mille fois plus en ordonnances médicales à payer.
Face au drame collectif que peuvent provoquer les eaux en sachets, le silence des associations de consommateurs est incompréhensible, car ce sont elles qui doivent prendre les devants de la lutte pour arrêter cette activité qui présente des risques graves pour la santé publique.
Alpha Mahamane Cissé