Mardi 20 octobre, les responsables de l’association femmes leadership et développement durable (AFLED) ont, dans l’enceinte de la Maison de la femme, de l’enfant et de la famille, sise à la rive droite de Bamako, tenu un atelier de formation à l’endroit des leaders religieux sur les violences basées sur le genre (VBG).Financé par Wildaf/Mali, cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet ENOUGH (ça suffit) pour les violences de l’AFLED.
Tenu en présence de Touré Rachida Ousmane, chargée du projet AFLED, cet atelier a enregistré la participation de Drissa Niankilé, coordinateur du projet AFLED…Via l’atelier, il s’agit de renforcer les capacités des leaders religieux sur les violences faites aux femmes et filles. Ce, afin qu’ils apportent leurs concours dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
L’objectif général de l’atelier vise, entre autres : à expliquer aux leaders religieux les concepts et le genre des violences (VBG), les instruments juridiques favorisant la protection des femmes et des filles, édifier les participants sur leurs rôles et responsabilités dans la lutte contre les VBG, obtenant leur engagement.
Ainsi,pour prévenir et répondre aux violations des droits humains et aux VBG,AFLED et son partenaire Wildaf/Mali mettent, selon les organisateurs, en œuvre dans la région de Gao et dans le district le projet ENOUGH (ça suffit).Un projet visant à « donner aux femmes, aux filles, garçons et hommes le pouvoir d’agir concrètement pour mettre fin à la violence sexuelle et sexiste au Ghana, au Liberia, ainsi qu’au Mali ».
Pour mener à bien ses actions,AFLED a ainsi voulu s’appesantir sur la formation d’une vingtaine des leaders religieux venus des six communes de Bamako. Ce, afin qu’ils puissent jouer leur partition non seulement dans l’éradication des pratiques néfastes dans notre société, mais aussi surtout pour l’adoption de la loi contre les VBG au Mali. En dépit des efforts déployés par l’Etat et les partenaires, les responsables de l’AFLED confiaient, pour l’occasion, l’absence d’une loi traitant spécifiquement les VBG dans l’ordonnancement juridique du pays. Chose qui, selon eux, constitue un obstacle majeur pour l’accès effectif des survivantes à la justice.
Se focalisant sur l’enquête démographique et de santé (EDSM-VI 2018), ils soutiennent que les violences basées sur le genre au Mali sont alarmantes. « Selon l’enquête d’EDSM-VI 2018,49% des femmes âgées de 15 à 49 ans qui se trouvent en union ou en rupture ont subi à n’importe quel moment de leur vie des actes de violence émotionnelle, psychologique, physique et sexuelle »,ont-ils expliqué, poursuivant en ces termes : « Parmi celles qui ont subi des violences physiques ou sexuelles,68% n’ont jamais cherché d’aide et n’en ont jamais parlé à personne. Cette enquête démontre un taux de mariage précoce préoccupant, soit 18% des femmes de 25 à 49 ans se retrouvent en union avant l’âge de 15 ans.53% sont en union avant l’âge de 18 ans ».Et de préciser que ladite enquête montre aussi que 89% des femmes âgées de 15 à 49 ans, voire 73% des filles de 0-14 ans sont excisées.
De janvier à mars 2020, expliquent les organisateurs, 715 cas de VBG ont été répertoriés au Mali par les acteurs de GBVIMS.Pour le mois de mars, enchainent-ils, 304 cas de VBG ont été enregistrés avec une forte proportion de violences sexuelles (25%), dont 15% de viol et 10% d’agressions sexuelles.
Pour le coordinateur de l’AFLED, la formation s’inscrit dans le cadre du ENOUGH ‘’ça suffit’’ aux violences basées sur le genre. Chaque jour, dit-il, le taux des VBG va en crescendo. D’après lui, ces leaders sont des acteurs inéluctables pour juguler le fléau de ces violences. « Les leaders religieux ont non seulement un rôle important à jouer dans la société, mais ils sont aussi écoutés, donc peuvent nous aider à sensibiliser les populations via les prêches dans les mosquées et dans les églises », précise Drissa Niankilé, convaincu que leur implication peut aussi contribuer à l’adoption d’une loi contre lesdites violences.
Quant au participant Cissé, des initiatives pareilles doivent être multipliées pour aider les religieux à comprendre l’importance du sujet. « Les femmes doivent être respectées comme recommande le coran, elles ne méritent pas de violences », a-t-il dit.
Mamadou Diarra