Sensibiliser et informer sur le journalisme d’investigation ; susciter le goût de l’investigation chez les jeunes journalistes ; pousser les journalistes à mettre en avant les règles professionnelles en menant un travail de recherche ; faire en sorte que l’opinion malienne puisse mieux connaître l’importance du journalisme d’investigation ; encourager les lanceurs d’alerte à collaborer avec les journalistes d’investigation ; faire de l’investigation un vecteur de promotion de la bonne gouvernance et enfin amener les organes de presse à accorder une grande importance à l’investigation, tels sont les objectifs fixés par le Réseau Malien des Journalistes d’Investigation (RMJI). Il les a fait savoir au public lors d’une conférence de presse à la Maison de la Presse de Bamako, le 17 août 2021, sur le thème «Rôle du journaliste d’investigation dans la promotion de la bonne gouvernance». Vu l’intérêt capital du sujet, plusieurs personnalités ont pris part à la conférence. L’on note le vice-président du comité de pilotage de la Maison de la Presse, Mamadou Dabo ; l’Ambassadeur de Belgique au Mali ; les représentants du Ministre de la communication, de l’économie numérique et de la modernisation de l’administration ; le Ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Garde des sceaux ; le Ministre de la Refondation, chargé des relations avec les institutions ; le vérificateur général ; le président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), Moumouni Guindo ; les missions diplomatiques et consulaires ; les organismes des Nations Unies ; le président de l’Union nationale des journalistes du Mali, Fakara Faïnké ; le Président d’Appel Mali, Modibo Fofana ; le président de Cri 2002, Dr. Abdoulaye Sall ; la présidente de l’Ascoma et les journalistes venus nombreux.
A l’entame de son intervention, le secrétaire exécutif du RMJI, Chiaka Doumbia, a invité l’assistance à observer une minute de silence en la mémoire de tous les journalistes et professionnels des médias ayant perdu la vie ou assassinés dans l’exercice de leur fonction. Créé le 14 juin 2016, souligne Chiaka Doumbia, le RMJI est une association professionnelle de Journalistes à but non lucratif. Selon lui, il ambitionne de promouvoir le journalisme d’investigation au Mali, en particulier sur des questions liées à la corruption, la délinquance financière, la mauvaise gouvernance, la criminalité organisée, les violations des droits de l’Homme.
De l’avis de Chiaka Doumbia, le RMJI est né du constat du faible ancrage du journalisme d’investigation en République du Mali. En Afrique en général et au Mali en particulier, indique le secrétaire exécutif du RMJI, l’émergence d’un véritable journalisme d’investigation se heurte à de nombreux obstacles comme les manques de formation, d’encouragement, les conditions précaires des organes de presse et des Hommes de médias. C’est pour toutes ces raisons, souligne Chiaka Doumbia, que le RMJI s’engage à assurer l’indépendance des journalistes, mais aussi les protéger contre toutes formes de menaces. « Il s’engage à améliorer l’accès à l’information et aux sources d’information des journalistes. Il s’engage à favoriser l’accès des journalistes aux formations et aux opportunités de développement professionnel», précise-t-il.
Le RMJI a enregistré des résultats depuis sa mise sur les fonts baptismaux. Depuis sa création, appuie Chiaka Doumbia, l’organe exécutif du RMJI s’est mis à la tâche. «Après prise de contact avec plusieurs services publics, les organisations de la société civile, les ambassades et organismes de coopération pour mieux faire connaitre le réseau, les enquêtes réalisées par les membres du RMJI se chiffrent à une vingtaine d’articles. De 2018 à mars 2021, le RMJI a mené trois campagnes de production et de diffusion d’articles à travers certains de ses membres sur les tracasseries routières et la corruption au niveau des corridors. Il a animé fin 2019 début 2020, une émission radiophonique au niveau de la Radio Joliba FM pour évoquer de façon hebdomadaire les problématiques de la mauvaise gouvernance. “Malikônôko’’ (Ce qui se passe au Mali). Le RMJI a été sollicité en 2020 par l’ONG Accountability Lab- Mali pour participer au Jury de son Programme Integrity ICON Mali qui désigne chaque année le/la fonctionnaire le /la plus honnête et intègre du pays », a fait savoir Chiaka Doumbia.
Selon Chiaka Doumbia, le RMJI est membre de la Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Lutte Contre la Corruption et la Pauvreté (COSCLCCP); il est en relation avec la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest et le Consortium international des journalistes d’investigation. Dès les premières heures de sa création, rappelle Chiaka Doumbia, le RMJI s’est doté d’un plan d’actions avec une série d’activités au programme. «L’organisation de cette conférence publique sur le thème « le rôle du journalisme d’investigation dans la promotion de la bonne gouvernance » s’inscrit dans ce cadre. Il s’agit à travers cette conférence de sensibiliser et informer sur le journalisme d’investigation ; susciter le goût de l’investigation chez les jeunes journalistes ; pousser les journalistes à mettre en avant les règles professionnelles en menant un travail de recherche ; faire en sorte que l’opinion malienne puisse mieux connaître l’importance du journalisme d’investigation ; encourager les lanceurs d’alerte à collaborer avec les journalistes d’investigation ; faire de l’investigation un vecteur de promotion de la bonne gouvernance et enfin amener les organes de presse à accorder une grande importance à l’investigation», a souligné le secrétaire exécutif du RMJI. Le RMJI, souhaite Doumbia, entend faire de cette conférence publique un rendez-vous incontournable dans la promotion de la bonne gouvernance et de la liberté d’expression. « Le Journaliste d’investigation est l’un des garants du bon fonctionnement de la démocratie », selon Chiaka Doumbia. « C’est pour vous dire combien le journaliste d’investigation a un rôle crucial à jouer dans la promotion de la bonne gouvernance. Il constitue un maillon essentiel de la démocratie et d’un Etat de droit. Il est une nécessité fondamentale pour contraindre ceux qui sont au pouvoir ou qui détiennent une parcelle de pouvoir ou d’influence sur la vie publique de rendre des comptes », a appuyé Doumbia. Au-delà de la corruption, appuie Chiaka Doumbia, les journalistes d’investigation doivent couvrir un large éventail de problèmes de société comme les inégalités sociales ; la qualité des soins de santé dans les structures sanitaires ; la promotion de la primauté du droit et celle de la transparence des procédures judiciaires et de passation de marchés publics ; la faiblesse du système éducatif ; le salaire du personnel de certaines entreprises ; la gestion des ressources environnementales du pays ; les industries extractives ; la question migratoire etc. Pour faciliter le travail des journalistes d’investigation, Chiaka Doumbia a rappelé au gouvernement le rôle clé qu’ils ont à jouer dans la protection de l’indépendance et du pluralisme des médias. « Le RMJI invite le gouvernement de la République du Mali à accélérer le processus d’adoption d’une loi d’accès à l’information et d’une disposition législative portant protection des lanceurs d’alerte. Le Réseau lance un appel pressant à la Maison de la Presse, aux associations de presse et aux organisations de la Société civile à faire du plaidoyer auprès des pouvoirs publics allant dans ce sens afin de garantir un accès à l’information et aux documents publics», dit-il. Pour finir, Chiaka Doumbia a remercié tous ceux qui les accompagnent jour et nuit.
Fidèle Guindo, spécialiste de la communication de « Mali justice project » financé par l’USAID Contractor depuis 2016, a salué le travail abattu par le RMJI dans les investigations. Mais il a déploré le manque de sanction ou de justice au niveau de l’Etat suite à ses articles d’investigations.
Selon Moumouni Guindo, la presse est partie prenante immédiate et directe de l’OCLEI. C’est extrêmement important, dit-il, que nous fondions de l’espoir sur les actions de la presse dans le cadre des actions et activités de prévention qui demandent une bonne dose d’information et de sensibilisation, pour que l’éducation soit à la hauteur. C’est au vu de l’importance de la presse, notamment le journalisme d’investigation qu’un montant de 150 millions de Fcfa est alloué à ce volet par l’OCLEI. « Cela dénote tout l’intérêt que nous accordons à la presse, tout l’intérêt que nous accordons à l’activité de la presse pour faire avancer la lutte contre la corruption au Mali », a fait savoir Moumouni Guindo.
Hadama B. Fofana