Risques de la migration irrégulière : Une campagne tous azimuts contre le phénomène en première région

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Sur l’initiative du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Amadou Diakité (chef de bureau des statistiques et prospectives des migrations) et Drissa Diouara ont, dans la journée du 16 février, dans la commune de Ambidedi, animé la campagne d’information et de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière. C’était en présence du représentant du gouverneur de Kayes, Adama Kansaye.

La migration irrégulière, est un phénomène qui préoccupe au plus haut point les populations de la première région. Aussi la mobilisation était-elle à l’ordre du jour, lors du passage de la mission des Maliens de l’extérieur à Ambidedi, dans la région de Kayes, dans le cadre de la campagne d’information et de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière. On y notait surtout, la présence de toutes les autorités politiques et administratives du cercle et aussi celle des chefs traditionnels et religieux de la place.

Dans son allocution, le maire d’Ambidedi a souhaité la bienvenue à tout ce beau monde. Avant de se réjouir du choix porté sur sa commune pour débattre du sujet aussi important que les risques de la migration irrégulière. Il a enfin donné l’assurance que toutes les activités prévues pour la journée de campagne allaient être suivies avec intérêt par les populations.

Pour sa part, le représentant du gouverneur de Kayes, a soutenu que la campagne avait pour objectifs de protéger la jeunesse contre le risque de la migration irrégulière et de faire de la migration régulière un réel facteur de développement. Il a alors exhorté les populations de Kayes à se mobiliser contre la migration irrégulière afin que leur région amorce enfin une véritable stratégie de développement basée sur une mobilité consciente et régulière.

Après ces deux allocutions, la campagne s’est, ensuite, ouverte sur la conférence débat sur les risques de la migration irrégulière. Le premier conférencier, Amadou Diakité, a tout d’abord fait savoir que le Mali, de par sa position géographique particulière et l’histoire de son peuplement, a de tout temps été un espace de mobilité, de brassage et d’intégration de population d’origines diverses. Cette situation, selon lui, fait du Mali un pays de forte tradition migratoire. Les raisons de l’émigration des Maliens, a-t-il soutenu, se résument à l’insécurité environnementale et alimentaire, la pauvreté des populations, l’enclavement du pays, l’insuffisance d’opportunité d’emploi rémunérateur et le contexte international défavorable.

 

14 703 refoulés pour la seule année de 2011

Amadou Diakité a ensuite souligné que depuis 2005 le Mali est confronté aux conséquences désastreuses des migrations irrégulières. Celles-ci se traduisent par un très grand nombre de refoulés et d’expulsés, des disparitions et même des morts avérés dans des océans ou à travers le sahara.La Délégation Généraledes Maliens de l’Extérieur (DGME) estime le nombre d’expulsés maliens à 1410, 936, et 14 703 respectivement au titre des années 2008, 2010 et 2011.

Le conférencier a cité les principaux pays de provenance des expulsés. Il s’agit dela France, l’Espagne,la Côted’Ivoire etla Libye.«Chaque fois que des cas d’expulsion ou de refoulement se présentent, le gouvernement à travers le ministère des Maliens de l’extérieur ainsi que les autres départements concernés viennent au secours des compatriotes en détresse» a noté M. Diakité. En plus des actions d’urgence, le ministère a mis en place un programme triennal de réinsertion socio économique  en faveur des membres des associations de migrants à traversla DGMEet le CIGEM.

 

Une kyrielle d’actions du gouvernement et des PTF

Le deuxième conférencier Drissa Diouara a présenté une longue liste des actions menées par le gouvernement à travers le ministère Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine. Il s’agit, entre autres, de la prévention des jeunes contre les risque et dangers de la migration irrégulière à travers des campagnes, la multiplication des actions tendant à améliorer les possibilités de la migration régulière dans le cadre du programme de travail négocié avec les partenaires. A l’exemple du cas de 29 travailleurs saisonniers maliens en Espagne et les rencontres avec les autorités saoudiennes. L’octroi de 50 bourses de formation professionnelles par le CIGEM dans trois pays de la sous-région et en Tunisie, le financement des associations pour améliorer l’accueil des expulsés et des refoulés par le CIGEM et l’organisation de 3 fora par le ministère (forum de la diaspora malienne, forum des investisseurs de la diaspora, forum de la diaspora intellectuelle, scientifique et technique).

Les campagnes, jusque-là, menées par le ministère des Maliens de l’Extérieur ont certainement eu un écho favorable. A Ambidedi,  cela s’est confirmé par la très grande mobilisation des populations, la qualité des débats autour des risques sur la migration et surtout les interventions des femmes, des religieux et des enseignants. Il faut noter surtout l’intervention de Mme Kandé Coulibaly, ressortissante de la localité, qui a demandé aux femmes de ne plus pousser leurs enfants et leurs maris à l’émigration. Plus significatif fut le cri de cœur lancé par un enseignant : «Nos écoles se vident de leurs élèves, un phénomène tout à fait nouveau». Aussi a-t-il demandé aux parents de cesser de retirer leurs enfants des écoles pour les contraindre à l’émigration.

Les différents sketches contre la migration irrégulière, présentés par les jeunes du cercle, au cours de la soirée qui a bouclé les manifestations de la journée, témoignent, à suffisance, de la prise de conscience effective du phénomène.

Pierre Fo’o Medjo, envoyé spécial    

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