104 communes du Mali sont menacées d’insécurité alimentaire. L’alerte a été donnée hier 22 novembre lors de la réunion extraordinaire du Comité de coordination et de suivi des programmes de sécurité alimentaire (CCSPSA) par le Commissaire à la sécurité alimentaire, Yaya Nouhoum Tamboura qui a expliqué à l’occasion que pour faire face à la menace d’une crise bien réelle, il faut mobiliser 45.886 tonnes de céréales pour des distributions alimentaires gratuites au profit d’un million set cent mille personnes.
La salle de conférence du gouvernorat du district de Bamako a abrité hier mardi 22 novembre la réunion extraordinaire du Comité de coordination et de suivi des programmes de sécurité alimentaire (CCSPSA). Cette réunion, jugée d’une importance capitale par les participants, a essentiellement porté sur les résultats provisoires de l’évaluation de la situation alimentaire faite par le Système d’alerte précoce (SAP) à l’issue de la campagne agricole 2011-2012. Cette 6ème rencontre statutaire du CCSPSA a permis aux acteurs de la chaine de sécurité alimentaire dans notre pays, d’examiner la situation alimentaire très alarmante et de formuler des recommandations pour une réponse d’urgence.
D’entrée de jeu, le Commissaire à la sécurité alimentaire a présenté la situation bien préoccupante dans 104 communes de notre pays. Selon M. Yaya Nouhoum Tamboura, cette situation est consécutive à des « faits majeurs » ayant marqué la campagne agricole 2011-2012. Il s’agit, explique-t-il, de la crue trop faible du fleuve Niger, l’installation tardive des pluies, une longue période de sécheresse intervenue au cours de l’hivernage et un arrêt précoce des pluies.
Agir et tout de suite !
Malgré « l’appui de l’Etat à travers la mise en place d’importants moyens de production (notamment les intrants, les équipements, les pluies provoquées avec plus de 190 opérations) », l’issue de la campagne agricole n’est pas reluisante dans de nombreuses communes. Pour faire face à la menace, recommande le Commissaire à la sécurité alimentaire, il faut mobiliser d’urgence plus de 45.000 millions de tonnes de céréales. Lesquelles seront distribuées gratuitement à 1.700.000 personnes menacées d’insécurité alimentaire. Le plan proposé par le Système d’alerte précoce préconise d’ores et déjà le renforcement du Fonds de sécurité alimentaire estimé à 1 milliard contre son niveau optimum de 5 milliards. De même, le Fonds commun de contrepartie dont le solde est de l’ordre 180 millions de francs CFA ne peut plus assurer trois mois de fonctionnement au dispositif. Aussi, selon M. Yaya Nouhoum Tamboura, l’urgence est au renforcement du Stock national de sécurité alimentaire, estimé à 20.000 tonnes contre 35.000 tonnes nécessaires. Quant au Stock d’intervention de l’Etat, constitué essentiellement de riz, il renferme 15.000 tonnes contre un niveau de 25.000 tonnes.
Bref, si l’on en croit au Commissaire à la sécurité alimentaire, la situation doit mobiliser la bagatelle de 15 milliards de francs CFA. Et, lance-t-il, « il faut agir ».
Au Programme alimentaire mondiale (PAM), on mesure toute l’ampleur de la menace et la nécessité d’une intervention. Sa représentante à la cérémonie d’ouverture travaux a assuré de la disponibilité de son institution à accompagner le Mali à surmonter cette épreuve. Mme Nancy Walters, qui a souscrit aux recommandations du Système d’alerte précoce, a insisté sur la nécessité de coordination des actions d’intervention des différents partenaires.
Les conclusions de la rencontre de ce mardi devront donc constituer la feuille de route du plan d’intervention du Commissariat à la sécurité alimentaire et de ses partenaires pour faire face à la menace.
Issa Fakaba SISSOKO