Les épouses des chefs d’Etat de 10 pays sont depuis hier dans nos murs dans le cadre de la revue finale de la vision 2010 sur la réduction de la mortalité maternelle et néo-natale en Afrique de l’Ouest et du Centre. Bamako devra permettre à notre première dame Touré Lobbo Traoré et ses hôtes de marque de tirer le bilan des 10 années de l’initiative et de dégager de nouvelles perspectives.
Les premières dames de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la Mauritanie, du Congo Brazzaville, du Burkina Faso, de la Guinée Bissau, de la Guinée Conakry, du Mozambique, du Tchad, du Niger sont chez nous. Elles sont en conclave depuis hier en présence de la femme du premier ministre du Sao Tomé, de la représentante de la première dame de l’Algérie, de l’épouse du président de la commission de l’Union africaine et de leur hôte Touré Lobbo Traoré, première dame du Mali, dans le cadre de la revue finale de la vision 2010 sur la réduction de la mortalité maternelle et néo-natale en Afrique de l’Ouest et du Centre. La présente rencontre qui est l’ultime d’une initiative qui a pris naissance en terre malienne en 2001, devra permettre à Mme Touré Lobbo Traoré et ses hôtes de marque de tirer le bilan des 10 années de l’initiative et de dégager des perspectives. Il s’agit de voir si l’engagement pris ici à Bamako par ces premières dames il y a 10 ans visant à contribuer à la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelle et infantile comme leur contribution à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), a été réalisé. Cette initiative appelée depuis lors Vison 2010, faut-il le rappeler, vise à réduire la mortalité maternelle et néonatale de 50% d’une part et la morbidité maternelle et néonatale de 30% d’autre part.
La cérémonie d’ouverture de ce conclave prévu pour deux jours, était placée sous la présidence du chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré hier jeudi 6 octobre 2011 au Centre international de conférences de Bamako (CICB) .
ATT qui a solennellement ouvert les travaux et son épouse Mme Touré Lobbo Traoré, étaient fièrement assis parmi leurs hôtes pour suivre les différentes allocutions prononcées. C’est le maire de Bamako, Adama Sangaré qui a d’abord accueilli Lobbo et ses paires dans une allocution entièrement dédiée à nos enfants. Il dira à cet effet que ceux-ci doivent bénéficier de notre énorme solidarité et que l’acte des premières dames est le témoignage de la nécessité d’une action commune : celle de sauver l’avenir de nos enfants. Adama Sangaré sera par la suite appuyé par le représentant résident de l’Unicef au Mali (chef de file des partenaires techniques et financiers), Marcel K. Rudasingwa. Ce dernier a d’abord expliqué que cette rencontre est une occasion opportune pour examiner l’évolution des progrès accomplis en matière de promotion de la santé maternelle et néo-natale, analyser des défis qu’il faut encore relever et prendre des mesures appropriées pour s’assumer que la promesse d’un monde meilleur deviendra une réalité pour toutes les femmes et tous les enfants.
Bilan mitigé ?
Avant même d’attendre les conclusions des travaux, monsieur Rudasingwa a tiré son bilan depuis l’ouverture des travaux. Il affirme que selon les estimations des Nations unies, de 1990 à nos jours, aucun pays africain n’est parmi les dix pays les plus avancés en matière de progrès dans l’atteinte des OMD 5 (programme visant l’amélioration de la santé maternelle) et OMD 4 (programme visant la réduction de la mortalité infantile). « Seul le Cap-Vert est cité parmi les pays en bonne voie par rapport à l’OMD 4 », a précisé le représentant-résident de l’Unicef au Mali, il a ajouté également qu’au moment où les premières dames s’apprêtent à faire le point des acquis de l’initiative 2010, elles doivent être confrontées à au moins trois évidences : la part du budget santé croit beaucoup plus lentement que les charges récurrentes de l’Etat ; les ressources humaines qualifiées restent largement insuffisantes, notamment en ce qui concerne les sages-femmes ; les procédures d’exécution des dépenses publiques dans le cadre de l’appui budgétaire demeurent lourdes, voire très lourdes. Il a rappelé qu’au-delà du secteur de la santé, certains grands défis entravent l’atteinte des OMD 4 et surtout 5, notamment la persistance des trois retards que subissent les femmes en cas d’urgences obstétricales ; le faible taux de scolarisation des filles ; les pratiques traditionnelles néfastes ; la pauvreté et le faible statut de la femme. En ce qui concerne notre pays, le chef de file des partenaires techniques et financiers s’est réjoui de quelques avancées significatives dans l’atteinte des OMD 4 et 5. Il s’agit entre autres de la gratuité de la césarienne, de la prise en charge du paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, des anti-retro viraux et de la prise en charge de la malnutrition- le développement et la mise en œuvre de la stratégie des soins essentiels dans la communauté- l’institutionnalisation des audits de décès maternels et néonataux- le passage à l’échelle des paquets de base et complets des soins obstétricaux néonataux d’urgence, ainsi que le renforcement des compétences des prestataires etc…..
Mme Touré Lobbo Traoré, a d’abord rendu hommage à son ainée, Mme Adam Ba Konaré pour le rôle majeur qu’elle a joué dans l’organisation de cette initiative. Elle a ensuite tiré un bilan selon lequel les objectifs visés, conformément à ceux du millénaire pour le développement n’ont pas été totalement atteints. De quoi donc s’interroger si la vision 2010 n’est pas trop ambitieuse ? Non, rassure notre première dame car, il faut de l’ambition pour faire reculer le fléau de la mortalité maternelle et néonatale que les prouesses de la médecine rendent chaque jour inacceptable. L’hôte du jour a cependant encouragé le leadership de ses homologues qui ne ménagent pas leurs efforts dans cet énorme combat. Un leadership qui a permis le maintien de la mortalité maternelle et néonatale au cœur de l’agenda national de santé.
Abdoulaye Diakité