Dans les colonnes qui vont suivre, l’auteur de cet écrit, réfute l’idée reçue selon laquelle, l’irruption (des journalistes, écrivains, cinéastes, scientifiques ou économistes) dans la sphère politique compromettrait la qualité de l’œuvre intellectuelle visant le changement des mentalités pour un nouvel ordre mondial.
Certains critiques pensent que l’engagement politique des journalistes, écrivains, cinéastes, scientifiques ou économistes met en danger la qualité de l’œuvre intellectuelle. Cela est absolument faux et lâche. Tout le monde sait, aujourd’hui, que certaines des meilleures œuvres dont nous tirons le plus grand orgueil ont été inspirées par la passion politique de certains hommes. Les exemples sont nombreux, de Dante à Beaumarchais, de Victor Hugo à Zola, de Cheick Anta Diop à Wolé Soyinka via Seydou Gologo etc…
De nombreux intellectuels ont exercé dans l’histoire leur «métier de citoyen». Ce fut le cas de Thomas More qui a été Lord Chancelier d’Angleterre ce qui ne l’empêcha pas d’écrire l’utopie et de maintenir ses critères de manière intransigeante. François Bacon tout en étant Chancelier put concevoir la nouvelle Atlantide quand Nicolas Machiavel ambassadeur et plus tard secrétaire de la chancellerie du conseil des dix suscita le trouble par son œuvre d’historien et de politologue.
John Milton que beaucoup de gens imaginaient être absorbé par ses méditations célestes, fut secrétaire du conseil d’état d’Olivier Cromwell. Il en a profité pour écrire d’innombrables pamphlets politiques où il défendit la cause puritaine révolutionnaire de l’époque tout en demeurant un éminent théoricien de la science du gouvernement. Francisco de Queva do a été ministre du trésor du royaume de Naples.
Courber participa activement à la commune de Paris où il fut président de la fédération des artistes et organisa la démolition de la colonne de Vendôme qui glorifiait le militarisme. Zola dirigea l’une des plus grandes croisades morales de tous les temps celle qui démontra l’innocence de l’officier Dreyfus injustement accusé d’espionnage. Il mit à nu la corruption sévissant dans l’armée française de l’époque et dans l’oligarchie qu’elle servait. Son pamphlet ‘’j’accuse’’ est devenu de nos jours une pièce classique de la littérature politique.
L’engagement intellectuel a toujours œuvré en faveur des transformations sociales
La révolution Russe d’octobre reçut l’appui et la participation de Gorki, de Lunacharski, de Mariakovky, de Bloch, d’Eisenstein, de Tolstoï, de Shostakoitch etc. l’Amérique Latine a eu, depuis le début du siècle dernier, ses héros et martyrs comme le médecin Ernesto Che Guevara de la Cerna qui demeure dans les souvenirs de tous. En Afrique, les véritables intellectuels se sont toujours manifestés dans le sens du progrès. On pourrait citer entre autres : Cheick Anta Diop, Tiemogo Garan Kouyaté, Yambo Ouelegueme, Bakary Traoré, Wole Soyinka, Chikaya Outamsi et beaucoup d’autres qui vivent dans l’anonymat. Anti colonialistes, anti néocolonialistes, indépendantistes, anti impérialistes, révolutionnaires hier aujourd’hui démocrates, les principaux intellectuels se sont exprimés en faveur des combats de libération nationale.
À Cuba, Fidel et tous les cubains sont orgueilleux d’un exemple extraordinaire d’intellectuel totalement à côté de son peuple, il s’agit de leur héros national, José Marti. C’est lui qui dit : «Si la raison veut être un guide, elle doit monter à cheval». Instigateur principal de la dernière étape du long processus révolutionnaire, Fidel Castro Ruz, affirma cette vérité incontestable : «Il ne peut y avoir de valeur esthétique sans contenu humain. Il ne peut y avoir de valeur esthétique contre l’homme. Il ne peut y avoir de valeur économique sans justice, il ne peut y avoir de valeur journalistique contre le bien être ni de valeur scientifique contre la libération, contre le bonheur de l’homme. C’est impossible».
Pour moi, parmi nos intellectuels africains le plus honnête est et a été incontestablement Cheick Anta Diop qui n’a jamais triché dans ses œuvres. Il figure parmi les premiers à faire des apports substantiels quant à l’identité Africaine, à définir la notion «de la scientificité» Africaine et à démontrer de façon irréfutable la non existence d’hiérarchie intellectuelle selon que l’on soit Ouolof, Bambara, Noumou, Malinké, Sonrhaï, Griot, Bobo, Mianka, Peulh ou Egyptien. Aussi, nous sommes d’accord quand Mariategui disait que : «l’intellectuel est un être réticent à la discipline bourgeoise possédant une psychologie individualiste chinoise européenne ou américaine».
Les intellectuels se prononcent-ils contre le militantisme politique ?
Dans tous les cas, pour nous, l’intellectuel est un homme doté et obligé de faire de la politique, sans compromission ni alliance avec les pouvoirs rétrogrades qui font du holdup financier dans nos pays. La politique est un travail effectif de la pensée sociale, la politique c’est la vie. Peuple intellectuel Africain du Mali, ne vous leurrez pas.
La révolution cubaine malgré ses erreurs a été menée avec dignité et vision avant-gardiste qui ont permis à son peuple de lutter contre la désertification mentale et d’être pleinement conscient que la vertu morale est plus haute que les avoirs matériels. il ne saurait y avoir de changement judicieux à la dimension de l’attente de nos peuples, si certains continuent à soutenir des dirigeants médiocres jusqu’à la moelle épinière. Je ne pourrais terminer sans citer cet autre de l’intelligentsia africaine qui disait : «La politique est trop noble pour la laisser entre les mains des imbéciles».
À suivre
S. Ousmane M
La presse intellectuelle ne laisse aucun aspect de la vie au hasard sans le faire passer et repasser au crible de la critique socio-politique.
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